Dès la fin des années 1950, les services secrets français préparent leur politique africaine en vue des indépendances. Mais, même eux ne peuvent pas tout se permettre et c'est là que les « barbouzes » entrent en scène, pour assumer cet illégalisme d’État. Leur passé importe peu, seules leurs compétences anticommunistes constituent le critère de sélection. Cependant leur liberté d’action et leur pouvoir ont un revers : la République française niera officiellement avoir eu connaissance de leurs agissements. Et pour cause, ils représentent la face cachée de l’histoire de France depuis la Libération : ce sont d’anciens épurés, des employés des officines clandestines de la IVe République, des activistes des complots du putsch d’Alger, des collaborateurs de Foccart ou des agents clandestins.
La décolonisation de l’Afrique a été synonyme, pour la France gaullienne, de lutte anticommuniste et de défense de son domaine réservé. En 1960, le Congo devient le point de fixation de la guerre froide. Face aux Américains, aux Soviétiques et à la Tricontinentale (organisation regroupant les forces anti-impérialistes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine), la France entend mener sa politique depuis Brazzaville.
Cet ouvrage est une partie remaniée de la thèse de doctorat de Jean-Pierre Bat, responsable du fonds Foccart aux Archives nationales, portant sur les sur les sécurités d'État en Afrique centrale à l'heure de la décolonisation. ( L'historien Jean-Marc Berlière dans la Lettre des amis de la police - mai 2015 ).
La réputation de mystère qui a entouré Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » des présidents de Gaulle et Pompidou, a longtemps laissé croire qu’il ne laisserait d’autres traces de son action que les longs entretiens accordés sur la fin de sa vie. Mais Jacques Foccart a été de 1960 à 74 à la tête d’une administration, le secrétariat général pour les Affaires africaines et malgaches, qui a conservé de nombreuses traces de ses activités, de ses contacts… Des archives qui jettent une lumière nouvelle sur cet homme de l’ombre. A l’occasion de la publication de l’inventaire du « fonds Foccart », les Archives nationales organisent deux journées d’études ces 26 et 27 mars...
Jacques Foccart, l'homme de l'ombre, à la lumière de ses ...