Portrait de femme
Q: Pilote et médecin, c'était une vocation ?
R: Valérie André: Oui. Toute petite déjà, je voulais être pilote et médecin. Dès l'adolescence, j'ai suivi des cours de pilotage.
Habitant Strasbourg, j'ai fui l'occupation allemande et rejoint la faculté de médecine de Strasbourg qui s'était repliée à Clermont-Ferrand. Après l'invasion de la zone libre, j'ai dû partir pour
Paris car les Allemands recherchaient les étudiants alsaciens. Après la guerre, j'ai obtenu mon diplôme de docteur en médecine. J'ai également effectué mes premiers sauts en parachute alors que
j'assurais la surveillance médicale au cours des séances de sauts organisées pour la préparation militaire des jeunes appelés. J'aurais aimé apprendre à piloter dans l'armée mais les femmes
n'étaient pas autorisées à devenir pilotes militaires.
Q: Et l'Indochine ?
R: Valérie André: L'armée manquait de médecins en Indochine. Le doyen de la faculté de médecine de Paris a lancé un appel auprès de
ses étudiants pour trouver des volontaires. Comme j'avais eu d'excellents contacts avec l'armée, je me suis engagée. Je suis arrivée en Indochine en tant que médecin capitaine le 9 janvier 1949.
Après un rapide passage à l'hôpital de Mytho, je me suis retrouvée à Saïgon comme assistante en neuro-chirurgie à l'hôpital Coste...
Quand mes supérieurs se sont aperçus que j'étais parachutiste, ils m'ont fait suivre un stage de chirurgie de guerre pour pouvoir aller en mission dans les postes isolés. J'ai été parachutée pour
la première fois sur le Haut-Laos. Peu après, j'ai assisté à une démonstration d'hélicoptère. J'ai eu un coup de foudre pour ces appareils. Grâce à eux, il n'était plus nécessaire de sauter en
parachute pour rejoindre les blessés...
Avec un hélicoptère, ils étaient tout de suite pris en charge et amenés directement au centre médical le plus proche ou à l'hôpital. Mais ces engins étaient peu puissants car sous-motorisés au
point que le pilote accomplissait sa mission seul à bord et devait s'occuper de tout, en vol et au sol. Comme j'étais très motivée, j'ai obtenu de suivre des cours de pilotage d'hélicoptère en
France à partir de juin 1950. Puis je suis retournée en Indochine en octobre de la même année.
Q: Comment se passait l'évacuation des blessés ?
R: Valérie André: Aucune mission ne se ressemblait. Quand c'était particulièrement dangereux, j'étais protégée par des avions de
chasse, le temps de me poser et de repartir. Il fallait faire très vite, surtout quand il y avait des tirs ennemis. On pouvait installer deux blessés au maximum dans les "paniers" placés de
chaque côté de l'appareil. Après quoi, je décollais. Parfois, il fallait faire plusieurs rotations. Selon le cas, j'allais au poste médical le plus proche ou à l'hôpital.
Q: Qu'avez-vous fait après la guerre d'Indochine ?
R: Valérie André: J'ai quitté l'Indochine en avril 1953. Je suis restée dans l'armée. J'ai été affectée en tant que médecin au centre
d'essais en vol de Brétigny. Puis j'ai été médecin chef d'escadre et pilote à part entière en Algérie. Après avoir occupé différents postes, j'ai été nommée officier général en 1976 et à ce
titre, j'ai commandé le service de santé successivement dans deux régions aériennes. Mon dernier poste a consisté à présider la commission d'étude-prospective de la femme militaire, afin de faire
des propositions au ministre de la défense pour ouvrir les armées aux femmes.
Valérie André: Médecin-général inspecteur, Médecin-parachutiste et pilote d'hélicoptère
Jeudi 16 octobre 2008
Les Chemins de la Mémoire / 137
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Geneviève de Galard, une femme dans l’enfer de Dien Bien Phu
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Nicole Freyermuth : elle est la seule générale de l'armée de terre
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Quand les femmes deviennent soldats. A l'origine de nouveaux rapports de genre dans l'armée française (1938-1976)
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Les femmes au combat. L’arme féminine de la France pendant la Seconde Guerre mondiale
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Les femmes engagées dans les Forces Françaises Libres
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L’histoire des femmes dans les transmissions : les Merlinettes
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Lieutenante : Etre femme dans l’armée française de Marine Baron
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La Garde Républicaine au féminin
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Les petites élèves sous-officiers de Saint-Maixent
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Une pionnière dans la gendarmerie : Isabelle Guion de Meritens
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Femmes en uniforme
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Christine Vicente, première femme motocycliste des Douanes françaises
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De la sergote à la femme flic
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Des sapeurs-pompiers féminins
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