De la soie au béton ... profession : gardienne de prison

Les présentations des éditeurs : 19/11/2007 - La féminité et l'élégance ont influencé la petite fille d'alors et j'obtiendrai un CFC de coiffure. Ce premier choix, un métier avant tout artistique à mes yeux, me mènera dès l'âge de 16 ans à faire des défilés comme modèle sur les podiums de toute l'Europe avec Carlo, passionné de coiffure.

De la soie, je passe au béton ou de la coiffure à la prison.

Dix ans plus tard, je franchis les portes de Saint-Antoine, cette prison vétusté mais si vivante en plein cœur de Genève, et je commence une nouvelle profession comme surveillante. Après quinze mois, nous déménageons et prenons possession de nouveaux murs « au vert ». Champ-Dollon évoluera et s'améliorera, la profession de gardienne également, je passerai trente ans comme surveillante dans les unités cellulaires dont vingt-quatre chez les femmes. J'ai profondément aimé ce métier, en particulier le contact avec ces hommes et ces femmes, momentanément exclus de notre société, dont certains ont commis des crimes très médiatisés au cours de ces trois décennies. Avec ses tristesses, ses violences et ses désespoirs quotidiens, la prison est un autre monde : un concentré d'émotions exacerbées par la privation de liberté. La liberté n'a pas de prix...

• Les courts extraits de livres : 19/11/2007

De l'épicerie au supermarché - Ouvrir une nouvelle prison plus grande est un mal nécessaire, cela est indispensable au bon fonctionnement de notre société car la vie en communauté est complexe et nous apporte son lot de malheurs, de délinquance et de crimes.

Depuis le début des années 1960, avec la véritable explosion du nombre de prisonniers due à l'accroissement du chiffre de la population, la prison de Saint-Antoine est surchargée et a déjà fonctionné au double de sa capacité. Le canton de Genève est donc obligé de prendre la décision de construire une nouvelle prison avec un nombre de places suffisant, répondant aux exigences modernes de sécurité et d'hygiène.

L'adhésion de Genève au concordat intercantonal romand en 1967 accélère cette solution et oblige le canton à construire de nouveaux bâtiments carcéraux. Ceux-ci seront bâtis à cheval sur les territoires des communes de Puplinge et de Choulex, à environ 7 kilomètres de Genève, au lieu dit Champ-Dollon. Le chantier commence en 1972 et la mise en service de la prison est prévue pour juin 1977.

L'ampleur de l'effort de l'État de Genève pour moderniser son équipement pénitentiaire est importante et le coût prévu est de 41 millions pour un nombre de places initial de 270. Cette capacité pourra être augmentée ultérieurement par des aménagements.

Le relogement des femmes est prévu ailleurs, dans un autre lieu, au sein d'un bâtiment déjà existant, servant à accueillir des détenues en semi-liberté, loin des hommes. Pendant des décennies, la mixité des détenus à Saint-Antoine a été la cause de différents problèmes ayant créé toutes sortes de complications pouvant être facilement éliminées. Il suffirait que les deux sexes ne cohabitent pas dans le même immeuble. Les administrations carcérales et judiciaires sont entièrement d'accord sur cet état de fait. Mais, le coût des transformations de cette maison afin de la rendre sécuritaire pour les femmes en détention préventive dépasse de loin le budget prévu. Par conséquent, la situation se complique et, pour faire simple et moins coûteux, six mois avant le déménagement, notre future adresse change et devient définiti­ve : ce sera Champ-Dollon.

Une unité médicale modèle fera aussi partie de l'enceinte de notre nouvelle maison. Elle permettra d'éviter les transferts de détenus ne nécessitant pas de soins intensifs, vers le quartier sécuritaire de l'Hôpital cantonal.

Auteur : Monique Gevisier

Préface : Patrick Delachaux

Date de saisie : 31/10/2007

Genre : Biographies, mémoires, correspondances...

Éditeur : Slatkine, Genève, Suisse

Collection : Genève événements, n° 19