Actualisation portrait du jour "Culture et Justice" - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de la douce et belle Annabel des éditions Gaelis.
« Et parce que l’on a un peu d’imagination, on dessine un monde d’inconnus qui deviennent petit à petit des intimes, des personnages que l’on aime autant que sa famille et que l’on ne peut pas quitter. Ils assouvissent quelques fantasmes comme celui d’être policier, ou d’être une personne qui n’a que des bonheurs simples… Ils deviennent une obsession qui vous fait lever la nuit, oublier de manger le jour et ne plus partir en vacances. Et les tomes s’enchaînent les uns après les autres sans que l’on s’en aperçoive. »
« Belle de jour … Belle de nuit » … Ainsi va la douce Annabel, auteur des Enquêtes de Simon inspirées du milieu de la nuit qu’elle connaît bien et affectionne particulièrement. Le lecteur du carnet criminocorpus « retrouvera ainsi au fil des pages des fleurs de pavé, des meneuses de revue, des travestis, des musiciens, des concierges, des tenanciers et matrones, des policiers et des mariniers. Une flopée de personnages authentiques et populaires, qui raviront le lecteur par leurs dialogues ciselés et agrémentés d’argot et de « gaga » stéphanois, qui vous séduiront tant par leur originalité que par leur humanité. » Pour le quatorzième Portrait du jour – Criminocorpus j’accueille mon amie Annabel, directrice des Éditions Gaelis.
Merci encore Annabel pour ta gentillesse et ta disponibilité. Amitiés Ph. P
« Annabel pour "Culture et Justice" .
Si quelqu’un m’avait dit un jour que je serais auteur et éditeur, je pense que je me serais moquée de lui. Mes professeurs me destinaient à des études en Arts plastiques (et ils avaient raison). Tous m’expliquèrent qu’il fallait oublier les mathématiques et les sciences (et ils avaient raison). J’aurais aimé entrer dans la police mais mon professeur de gymnastique me fit très vite comprendre que lorsqu’on mesure un mètre cinquante-six, on ne fait peur à personne. Devant ce fait indiscutable, on doit se poser de vraies questions quant à son utilité au sein des forces de l’ordre. Et il avait raison ! Je n’ai pas pris un centimètre depuis cette époque !
Mais aucun de mes professeurs ne m’a parlé d’une orientation dans la littérature. Et ils ont eu raison ! Car, déjà, je n’obéissais plus. Peut-être ont-ils usé de psychologie en me laissant seule, découvrir cette aptitude pour qu’elle puisse devenir une passion ? Toujours est-il qu’après avoir renoncé à la police, je n’avais que deux idées en tête : dessiner et faire de la musique. Évidemment, j’ai, comme toutes les jeunes filles, commencé à tenir un journal intime. Ce qui dura au bas mot… trois semaines. L’idée de ne parler que de moi et exclusivement de moi, qui n’avait pas l’histoire d’Anne Franck ni les mémoires d’un grand voyageur, me parut non seulement optimiste mais surtout beaucoup trop égotique (et ce portrait reste un exercice douloureux !)
Puis, prise par le tourbillon de l’adolescence et ses turpitudes, mortifiée devant le talent de Brel, Brassens et Aragon, avalée par le folk de Graeme Allwright, Joan Baez et Bob Dylan, j’ai commencé à écrire des chansons. On n’est toujours bien mieux servi par soi-même, mais l’idée, bien que bonne, a ses limites. Ces chansons, tristes et mélancoliques, revendicatrices voire révolutionnaires me dépassèrent si vite que je me suis retrouvée bêtement à défendre des idées que ma petite condition d’adolescente ne me permettait pas toujours de comprendre ni de dominer ! Alors j’ai arrêté d’écrire.
Mais un professeur de français (la banale affaire !) a mis quelques auteurs sur mon chemin et a réussi pour quelques pages, à détourner mes yeux et mes oreilles de la musique. Ainsi Louis-Ferdinand Céline m’enfonça dans une triste réalité au demeurant très utile, Zola me fit rencontrer les Grandes Familles mais aussi quelques cocottes, Victor Hugo me fit pleurer autant que Pagnol, et Frédéric Dard sauva mes nuits dépressives en ajoutant du verbe et de la légèreté au monde noir et en colère dans lequel j’avais choisi de vivre. Boris Vian me chanta quelques chansons, Agatha Christie me fit manger du pudding à la place de mon panettone préféré et Georges Simenon me fit tomber amoureuse d’un commissaire de police beaucoup trop vieux pour moi !
La littérature vous fait faire des choses inconsidérées !
C’est avec ces livres et quelques autres, quand même, que je suis partie en tournée pendant vingt-cinq ans. C’est seulement sur cette route interminable qui me menait de concert en concert que je trouvais le temps de lire. Mais pas d’écrire.
Mais au fil des saisons, on se fatigue et on a envie d’autre chose. De parler plus que de chanter… Alors tout doucement, les chansons s’allongent et deviennent des nouvelles, puis de petits livres que l’on garde dans un tiroir pour ne jamais les ressortir par peur de la médiocrité. Et puis un jour on ne prend plus la route, on a toujours envie de parler, alors, on écrit, vraiment.
Et parce que l’on a un peu d’imagination, on dessine un monde d’inconnus qui deviennent petit à petit des intimes, des personnages que l’on aime autant que sa famille et que l’on ne peut pas quitter. Ils assouvissent quelques fantasmes comme celui d’être policier, ou d’être une personne qui n’a que des bonheurs simples… Ils deviennent une obsession qui vous fait lever la nuit, oublier de manger le jour et ne plus partir en vacances. Et les tomes s’enchaînent les uns après les autres sans que l’on s’en aperçoive.
Et voilà comment l’on devient à quarante-six ans auteur des Enquêtes de Simon ! Et la petite Annabel, à qui l’on prédisait tout sauf une carrière littéraire, se retrouve auteur ! Et qu’est-ce qu’elle en est fière !
Et puis, au bout d’un certain nombre de frustrations et de passages malheureux entre les mains de soi-disant d’éditeurs qui ne sont au final que des maisons d’édition à compte d’auteur déguisées, et puisque j’étais seule chargée de faire ma propre promotion, qu’aucun correcteur ne passait en revue mes manuscrits, qu’aucun attaché de presse ne défendait mes livres (qui n’étaient de toute façon jamais en rayon), que je faisais moi-même mes dessins de couvertures, je me suis demandé pourquoi je ne ferais pas tout cela pour moi.
C’est comme cela que Gaelis Éditions est née.
Gaelis Editions… C’est une belle aventure et un aboutissement dont je suis fière. Je me bats pour mes livres mais je me bats aussi pour les auteurs qui m’ont rejoint comme Irène Chauvy, Christian Séguret et ce cher Marc Renneville. Voir leurs ouvrages et noms présents sous les couleurs de Gaelis est un vrai plaisir pour ne pas dire un honneur.
Pour l’instant, Gaelis Editions édite des ouvrages sur la musique, des romans policiers historiques, des guides pratiques et des auteurs dont je sais les qualités et que je défends la tête haute puisque certaine de leur talent et de leur succès. Gaelis est accompagnée par des diffuseurs et distributeurs compétents avec pour chacun une équipe de commerciaux particulièrement efficaces : Dod & Co pour les livres papier et Primento pour les livres numériques. Bref, une équipe de choc !
En tant qu’auteur et éditeur, je devrais parler dans ce portrait de l’importance de la lecture ou de l’écriture dans la vie. De l’indispensable plaisir tactile et sensuel que procurent le papier d’un livre et l’odeur de l’encre, du bonheur que l’on a à se mettre au lit avec un bon livre ou tout simplement de se jeter avec lui sur un canapé, un dimanche après-midi pluvieux… de la douleur que l’on ressent à la fin d’une histoire parce qu’elle s’est terminée trop vite et que l’on doit quitter son héros. Mais ce serait dire ce que les autres ont déjà dit mieux que moi.
Alors parlons de ce que je souhaiterais pour la littérature…
Je souhaiterais que l’on soit intransigeant avec l’orthographe de nos enfants, que l’on rétablisse l’imparfait du subjonctif, que l’on déterre des expressions d’autrefois, que l’on retrouve l’élégance des auteurs d’antan dans la plume des suivants, que l’on bannisse le langage SMS… Je souhaiterais… Mais peut-être suis-je un peu rétrograde ou plutôt has been comme disent nos chers bambins ! Je souhaiterais… Beaucoup de choses ! Mais on ne peut pas tout avoir !
Je suis devenue éditrice parce qu’on m’a fait confiance, alors ce serait un péché de ne pas rendre cette politesse aux générations futures ! Mais aussi parce que je crois au pouvoir du livre plus qu’à celui de l’écran. Un bon livre les suivra toute leur vie, leur survivra, que ce soit en format de poche ou dans leur mémoire, ils finiront bien par le comprendre un jour, du moins c’est ce que je leur souhaite.
Merci à Philippe Poisson et "Culture et Justice" de nous donner ce temps de parole, que nous les auteurs, il faut bien l’avouer, adorons prendre ! »
Les Enquêtes de Simon, polars hitoriques par Annabel - L’auteur Annabel
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A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
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Gaelis Éditions est une jeune maison d'édition dont l'activité se décline autour de trois axes distincts. Une première collection " Musique ", dirigée par Christian Séguret à compter de mar...
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