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Gustave Benjamin Baudoin, ouvrier ferblantier, est le héros d'une des plus longues et extraordinaires histoire des bagnes. Évadé en 1869, repris en 1874, il détaille, lors de son procès, cinq années d'une belle qui laisse son jury admiratif.

Après son évasion du camp de Saint-Laurent-du-Maroni, Baudoin passe quelques jours dans les bois chez les concessionnaires à se faire oublier, construire un canot et réunir des compagnons. Puis il rallie en quatre jours de mer le Demerara (partie de l'actuel Guyana). Baudoin gagne 6 schillings par jour grâce à son métier tandis que ses compagnons besognent sur les docks, au point qu'il lui faut les assister. Cet altruisme lui attire la bienveillance du gouverneur qui lui « fournit les facilités nécessaires pour [se] rendre vers le nord ». C'est donc seul que Baudoin va à Baltimore, après une traversée de 49 jours sur une ligne régulière. Là, il s'adresse à une société française de bienfaisance.

A la fin du XIXe siècle, en effet, on ignore que le bagne est un exil à vie. Œuvres de bienfaisance ou riches notables paternalistes ne sont guère surpris de la venue de condamnés dont ils supposent la peine purgée, et leur offrent aide et conseils. Mais il y a peu de travail et surtout aucune communauté française. Une semaine plus tard, Baudoin reprend la route pour Philadelphie. Durant cinq mois, la ferblanterie d'un Alsacien, Clad, lui offre son gagne-pain. C'est alors qu'on lui parle de New York. Un indéfini qui marque l'idéal d'une ville pour de nombreux immigrés.

Il achète un billet de train et savoure ce départ en dégustant un café. La carte de l'établissement Weatherley's, Railway Coffee House figure toujours dans son dossier aux Archives nationales. La ligne de chemin de fer qui longe la côte n'a pas changé. Trois heures à travers la Virginie, parmi les marais et les maisons cubiques d'ouvriers. Si Baudoin se remémore les jours de mer, s'il préserve une petite carte, il ne dit rien de son arrivée. Il n'a qu'une idée en tête, rejoindre le quartier français de 24 000 âmes établi autour de Washington Square. Il reprend son métier chez Monnence et Duparquet. Assiste probablement à la construction de Central Park. New York, dans ces années 1870, est riche d'une centaine de dialectes, de constructions et de désir de réussite.

En dépit de cet avenir, les lettres échangées avec ses parents le rendent nostalgique. Il décide de revenir en France, avec de coquettes économies, 4 200 francs, et choisit de s'installer à Paris « afin de [se] soustraire plus facilement, dans ce grand centre, à la découverte de la police ». Mais il est repris, bêtement. Et on s'étonne car on pense alors qu'on ne peut pas revenir du bagne.

Ramené à Saint-Laurent, Baudoin comparaît, en 1874, devant un TMS qui consigne méticuleusement cette chronique inouïe. M. G.

Un évadé à New York | L'Histoire

 

A la différence des prisons métropolitaines, le bagne offre des possibilités réelles de se faire la belle. Si les évasions réussies sont rares, elles suffisent à entretenir le rêve chez les forçats et la légende dans l'opinion.

C'est un fait rebattu : dans les prisons, pour les condamnés aux travaux forcés ou à la relégation, l'annonce du départ pour Saint-Martin-de-Ré et, de là, vers la Guyane, est vécue comme un espoir.

A raison. Le bagne offre l'opportunité rare de s'évader. En régime de semi-liberté, loin des repères et de l'univers concentrationnaire d'une centrale, on peut rêver et surtout tenter la belle. Abordé à nouveaux frais ces dernières années, cet objet d'étude a montré de multiples facettes, et a posé, pour l'Amérique, la question des réseaux de circulations français, pour [...]

Le fol espoir de l'évasion

« Guyane : la saga des grandes évasions », National Geographic, n°70, juillet 2005.

Lire les premières lignes : On ne voit que lui. Large. Boueux. Puissant, avec ses quelques pieux dressés à marée basse. On l’appelle “ Le Maroni ”. Un fleuve-frontière qui sépare la Guyane française du Surinam et termine sa course amazonienne dans l’océan Atlantique. Un mirage pour ceux qui scrutaient les rives adverses. Et l’épithète d’une ville, Saint Laurent, autrefois capitale du bagne et aujourd’hui poste avancé de l’Ouest guyanais.

Fin d’après-midi. Je me tiens sur l’ancienne place où débarquaient les bagnards. Pendant près d’un siècle, de 1852 à 1953, 70 000 bannis sont venus pourrir ici, à la fois inquiets et pleins d'espoir. Car en dépit de l’image d’un “ enfer vert ”, en dépit de l’abandon des siens et d’un impossible retour, les condamnations au bagne furent recherchées. Les forçats, enfermés seulement la nuit, pouvaient ici s’échapper plus facilement que d’une centrale même s’ils devaient pour cela affronter l'océan et ses incertitudes. Chaque condamné tentait ainsi une année sur deux “ la Belle ”. Et parmi eux seul dix pour cent n'étaient pas repris. Libre à jamais ou mort sur le chemin, nul ne le sait   

Louis BOUSSENARD(1847-1910),grand romancier populaire,qualifié de"maître des romanciers d'aventures" ou encore de "globe trotter de la Beauce",journaliste dans le journal de voyages,connaîtra la gloire dans les années1881-1882,avec en particulier la publication de sa saga:"les robinsons de la Guyane",ou se mêlent vie des bagnards,observations de la faune et la flore et géographie.En 1910 la mort de son épouse Albertine,a 46 ans,le laissera inconsolable et désemparé;Atteint lui même d'un mal implacable,il décédera a Orléans le 9 Sept. 1910.

Louis BOUSSENARD(1847-1910),grand romancier populaire,qualifié de"maître des romanciers d'aventures" ou encore de "globe trotter de la Beauce",journaliste dans le journal de voyages,connaîtra la gloire dans les années1881-1882,avec en particulier la publication de sa saga:"les robinsons de la Guyane",ou se mêlent vie des bagnards,observations de la faune et la flore et géographie.En 1910 la mort de son épouse Albertine,a 46 ans,le laissera inconsolable et désemparé;Atteint lui même d'un mal implacable,il décédera a Orléans le 9 Sept. 1910.

 Godfroy-T. de Borms Marion   -   Membre associé au CRHQ     Axe Territoires, environnements, sociétés (TES)     Chercheur associé à l’institut d’Histoire de la Révolution française,     Sorbonne Paris I     Enseignante à l’université François Rabelais, Tours
 Godfroy-T. de Borms Marion   -   Membre associé au CRHQ     Axe Territoires, environnements, sociétés (TES)     Chercheur associé à l’institut d’Histoire de la Révolution française,     Sorbonne Paris I     Enseignante à l’université François Rabelais, Tours

Godfroy-T. de Borms Marion - Membre associé au CRHQ Axe Territoires, environnements, sociétés (TES) Chercheur associé à l’institut d’Histoire de la Révolution française, Sorbonne Paris I Enseignante à l’université François Rabelais, Tours

Tag(s) : #Bagnes coloniaux
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