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317 - Portrait du jour : Thierry Doré  “Pulsions de vie”
317 - Portrait du jour : Thierry Doré  “Pulsions de vie”
317 - Portrait du jour : Thierry Doré  “Pulsions de vie”

Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des … développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus  et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.

 

Pour son 317ème portrait du jour – Criminocorpus  le carnet reçoit avec infiniment de plaisir Thierry Doré pour son premier roman “Pulsions de vie”.

 

C’est Virginie Anglard, la romancière qui sème la panique à Limoges, qui interroge notre romancier Thierry Doré;

 

Ce portrait du jour sera publié ultérieurement sur le carnet criminocorpus.

 

CRIMINOCORPUS

 

GARDE A VUE DE THIERRY DORÉ

PRONONCÉE LE 2 mars 2020, à 13h00.

 

 

Le gardé à vue :

 

Originaire de la région parisienne, Thierry Doré a habité aux quatre coins de la France, mais aussi au Pays de Galle et en Angleterre, avant de poser ses valises dans le Limousin il y a une douzaine d'années, où il est enseignant.

 

« Pulsions de vie » est son premier roman publié (2019)


L’avis de la chroniqueuse, Virginie Anglard :

 

Thierry nous entraîne irrésistiblement derrière le miroir. Son univers torturé nous bouleverse, nous retourne la tête et les tripes. Une observation incisive. Une réflexion profonde. Des personnages fouillés, le tout dans un style travaillé, un rythme parfaitement étudié. Bref, une lecture à ne pas manquer !

 

INTERROGATOIRE mené par Virginie ANGLARD

 

Virginie Anglard : Bonjour, Thierry Doré. L’heure est venue de rendre des comptes, et toute parole pourra être retenue contre vous. Le personnage principal de votre premier roman, « Pulsions de vie », vient de déposer plainte contre vous pour torture mentale, manipulation et violence aggravée. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

 

Thierry Doré :

 

Pour tout vous dire, je suis très content d’être là avec vous car ce type me fait peur. Depuis que je l’ai créé, j’ai l’impression qu’il s’est mis à exister, qu’il mène une vie qui m’échappe. Tout le monde m’en parle et me regarde de travers alors que c’est lui qui agit ! Et sachant ce que je sais sur lui, je préfère passer un peu de temps avec vous à l’abri de son regard.

 

J’ai pourtant essayé de l’aider, croyez-moi. Je lui ai tout donné, sans compter ni mon temps, ni mon énergie. Je n’ai lésiné sur rien et si vous ouvrez Pulsions de Vie vous verrez qu’il a tout pour s’en sortir : une femme formidable, un corps d’athlète, un appartement et plein de choses à raconter… Je ne vois pas du tout ce qu’on peut me reprocher. Bon, j’ai placé quelques obstacles en travers de son chemin, mais c’est finalement pour pimenter son existence ! Je lui ai presque rendu service et voilà ce qu’on m’offre en retour : un interrogatoire !


VA : D’où vous est venue cette envie, ce besoin d’écrire ?

 

TD : J’ai toujours voulu écrire. Aussi loin que mes souvenirs remontent, cette envie me tiraillait. J’ai baigné dans l’univers des livres dès mon plus jeune âge et je savais qu’un jour je prendrais moi aussi la plume. Cela a été plus long que prévu puisque j’ai fait un détour par les sciences et l’enseignement, mais j’ai tout de même cédé à la tentation pour retrouver mes premières amours : la littérature et le thriller.

 

VA : Quels sont les auteurs qui vous ont, ou qui vous inspirent le plus ?

 

TD : Sans hesitation: Stephen King. Pas nécessairement pour son style mais pour la folie qui habite ses personnages et ses récits. J’aime aussi le rythme des livres de Jean-Christophe Grangé ou Olivier Norek. J’aime ce sentiment qui vous prend quand les mots vous font voyager dans un univers que vous redoutez tout en trépignant d’impatience à l’idée de continuer. J’aime avoir peur pour les personnages que j’accompagne tout en redoutant ce que je vais découvrir au détour de chaque page.

 

VA : Avez-vous eu du mal à choisir votre sujet ?

 

TD : Oui, car j’ai toujours beaucoup d’idées en attente et l’heure du choix avant de débuter un livre est toujours difficile. Je sais qu’une fois commencé, un livre me prendra toute mon attention et qu’il faudra oublier toutes les idées qui pourraient venir et qui n’auraient rien à voir avec l’histoire en cours. Débuter un livre est pour moi l’équivalent de se retrouver dans la peau d’un enfant qui rentrerait chez un marchand de bonbons ou qui passerait devant une vitrine de jouets. Tant que vous n’avez pas posé le premier mot, le livre qui sommeille au creux de votre ordinateur peut encore offrir tellement de mondes différents que le choix est presque douloureux !

 

VA : Pulsion de vie est un roman noir. Ce genre littéraire est-il un choix ? S’est-il imposé à vous ?

 

TD : Ce genre de littérature s’est imposé tout naturellement à moi. Bien que je sois très facilement impressionnable, j’ai toujours adoré les livres et les films qui font courir les plus grands dangers à leurs protagonistes. J’aime avoir peur par procuration et écrire Pulsions de Vie a été une aventure à la fois en tant qu’auteur mais aussi en tant que spectateur. J’ai adoré visualiser les scènes et mettre en place tout ce qui peut faire vibrer le lecteur. Plonger dans l’univers de Jahia et Simon, mes personnages, était avant tout un plaisir égoïste, en tant que spectateur. Ajouter les détails qui vous plaisent, placer des obstacles et en rajouter comme bon vous semble est toujours un réel bonheur. C’est un peu comme si j’allais au cinéma et que le film se modifiait au fur et à mesure de sa projection en fonction de ce que le spectateur désire ou imagine, avec toujours l’envie d’aller plus loin dans l’intrigue et le stress… J’avoue que si un jour un film est tiré de Pulsions de Vie, je serai le premier à sauter sur mon siège et à me ronger les ongles en ouvrant de grands yeux apeurés.

 

VA : Cette histoire est criante de vérité. Est-ce par connaissance personnelle du sujet traité ou, au contraire, le fruit de vos recherches ?

 

TD : J’avais besoin d’un personnage aux réactions extrêmes mais qui reste toujours très humain. Simon représente la somme d’une multitude de peurs enfouies en chacun de nous. J’ai voulu qu’il soit à la fois bourreau et victime, loin des clichés. J’aime les personnages ambivalents et je me pioche allégrement dans les gens que je rencontre pour créer ces nouvelles vies et leur donner une certaine consistance. Pour Simon, j’ai voulu aller plus loin et il a fallu que je découvre une maladie que je ne connaissais absolument pas. J’ai fait de nombreuses recherches, j’ai beaucoup lu sur le sujet et j’ai pris conseil auprès de tous ceux qui connaissent le sujet.

 

VA : Dans ce roman, vous nous plongez rapidement dans une atmosphère anxiogène qui perdure ; ce sentiment d’angoisse vous est-il familier ?

 

TD : Non, pas du tout. Je suis d’un naturel toujours très optimiste et j’aime aller de l’avant. Ce livre est un peu comme mes lectures et les films que je vais voir, une sorte de face cachée du monde qui doit rester à l’état de fiction, loin du vrai monde. J’aime ressentir cette angoisse en tant que spectateur, en pointillés, pour mieux apprécier ma vie de tous les jours. C’est parce que je sais que ce roman n’est qu’une fiction que j’ai pu l’écrire et l’apprécier.

 

VA : L’intrigue de « Pulsions de vie » se tisse autour d’une relation amoureuse. Amour cruel ou rédempteur ?

 

TD : Je ne sais pas. Je reste persuadé que l’amour n’a d’autre but que lui-même. Dans Pulsions de Vie, il est le lien qui pourrait sauver Simon et Jahia mais il est aussi le cœur du problème. Il les maintient en vie, les force à continuer tout en les menant tout droit en enfer. Je ne peux pas en dire plus mais j’ai voulu que cet amour soit au cœur de l’intrigue car j’ai voulu que mes personnages soient vrais, qu’ils aient des réactions que chacun de nous pourrait comprendre en son for intérieur, malgré les obstacles qui se dressent autour d’eux et au sein de leur couple.

 

VA : Jahia, votre « complice » dans le roman, est-elle inspirée d’une personne de votre connaissance ?

 

TD : Je ne connais pas Jahia personnellement mais elle est un véritable puzzle reconstitué à partir de toutes les femmes que je connais ou que j’ai pu rencontrer. Tour à tour forte et fragile, blessée et guerrière, fonceuse ou timorée, elle est comme nous, une personne qui peut douter et se reprendre en main, qui peut accomplir des miracles ou se laisser aller. J’ai voulu qu’elle existe à l’image de nous tous, qu’elle souffre et qu’elle réagisse comme nous le ferions. Elle est un personnage que j’aurais aimé croiser dans la vraie vie.

 

VA : Thierry, quel est votre « modus operandi » d’écriture ? Et qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile dans l’élaboration de ce premier thriller ?

 

TD : J’écris tous les jours. Pulsions de Vie a été surtout écrit de 5h à 6h du matin, tous les jours et le weekend. J’ai passé beaucoup de temps à peaufiner un synopsis très détaillé, avec un tableau de 90 cases décrivant ce qui devait se passer dans chaque partie. J’ai fait 21 versions de Pulsions de Vie avant d’avoir écrit la première ligne. Mais il fallait que je sache pour chaque étape qui allait intervenir et avec quelles motivations, qui l’en empêcherait et comment… Je peux vous dire que cette étape qui m’a pris plusieurs mois m’a fait me relever bien souvent la nuit.

 

Une fois la trame détaillée bien en place, je me lance dans l’écriture proprement dite. Tous les soirs je relis la case qui doit suivre dans le fameux tableau et je m’en imprègne pour mieux laisser mon imagination travailler pendant la nuit. Je m’endors en regardant la scène, j’écris mentalement des phrases sans ouvrir les yeux car je sais qu’au matin, en me levant, les mots vont fuser sur le clavier pendant que je regarderai les personnages agir à leur guise.

 

VA : Quels sont vos projets pour l’année 2020 ?

 

TD : Je suis en train d’écrire un autre thriller qui, cette fois, ne fait pas intervenir la maladie mais nous fait sombrer au plus profond des secrets de chacun. J’ai regroupé mes personnages dans un huis clos au cours duquel certains secrets inavouables vont être dévoilés, avec des conséquences dramatiques !

 

VA : Qu’avez-vous envie de dire à nos lecteurs, et aux vôtres ?

 

TD : Pulsions de Vie est un livre porteur d’une réflexion sur la violence et ses conséquences, mais aussi sur son acceptation ou non, au nom de l’amour. J’ai voulu que chacun se pose des questions sur la non-assistance à personne en danger, sur le fait de laisser la violence prendre le dessus ou pas. Ce livre parle de l’amour et de ses limites mais aussi de ce qui motive chacun de nous face à l’adversité.

 

VA : Thierry Doré, je vais à présent réfléchir à votre argumentation et, peut-être, - je dis bien peut-être- prononcerai-je votre relaxe. En attendant... rendez-vous en enfer !

 

 


 

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