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03/07/2013 - Il faut savoir garder la tête froide pour aller décrocher des pendus, relever des cadavres qui pourrissent, repêcher des noyés décomposés, trier des corps déchiquetés dans l'amas de ferraille de voitures accidentées, affronter la fournaise d'un feu de garrigue ou d'un feu de bateau.

Une vie au service des autres, c'est la voie que s'est choisie Jérôme Perrin depuis son entrée chez les marins-pompiers, il y a 40 ans. Marqué pour toujours par cette carrière faite d'abnégation et d'altruisme, l'auteur démontre que l'on reste pompier toute sa vie durant. Sous forme de chroniques, il raconte ses missions les plus marquantes et les épreuves qui ont fait voler sa famille en éclats. Malgré cela, Jérôme Perrin témoigne de son attachement indéfectible à un métier auquel il a tout donné.

Jérôme Perrin a passé 40 ans au sein des marins-pompiers de Marseille. Nommé chef de poste en milieu de carrière, il est devenu «gouverneur» de la célèbre île du Frioul, chère aux Marseillais.

  • Les courts extraits de livres : 03/07/2013

«Connue mais pas recherchée»

L'alerte est parvenue à la caserne de Plombières, aux premières heures du jour : «Appartement fermé avec une personne à l'intérieur ne répondant pas aux appels.»
L'horaire très matinal du message indique que c'est du sérieux. Cela concerne généralement des tentatives de suicide, surtout des hommes. Mon expérience m'enseignera que les femmes, elles, tentent de se suicider plutôt le soir.


Avec le véhicule secours aux asphyxiés et aux blessés (VSAB), et le premier secours (PS), nous nous rendons à l'adresse indiquée, une résidence du quartier du Vallon des Tuves, au nord de Marseille. Nous sommes les premiers sur place.


À l'intérieur de l'appartement, nous découvrons, sur un grand lit, une jeune femme d'une trentaine d'années, presque décharnée, sans vie. Il est trop tard, le corps est déjà froid. Nous ne pouvons plus rien. Selon toute vraisemblance, elle s'est suicidée en s'intoxiquant par le gaz. Les policiers, arrivés à leur tour, prennent le relais.


Je ne saurais décrire les lieux... Quarante ans plus tard, mes souvenirs m'échappent. Une phrase pourtant résonne encore à ma mémoire, celle des policiers autour du lit, qui parlent fort : «Elle est connue, mais pas recherchée...»


«Allez, nous on rentre à la caserne», nous signifie Azuar, le chef d'engin. Nous n'avons plus rien à faire ici ; l'opération est terminée avant même que d'avoir commencé.
Sur le chemin du retour, je ne peux m'empêcher de m'interroger : «Quelle a été la vie de cette jeune femme pour qu'elle en arrive à une telle extrémité ?... Qu'est-ce qui a bien pu la conduire à ce geste fatal ?...»


Il me faudra encore un peu de temps avant de comprendre que ce sont là des questions qui, pour nous les marins-pompiers du premier secours, demeurent souvent sans réponse. C'est que je débute dans le métier, je ne suis quartier-maître que depuis un an. Je vais apprendre que, une fois sur les lieux de l'accident ou du drame, notre rôle se borne à tenter de sauver ce qui peut l'être, à limiter la casse, humaine et matérielle, non pas à essayer de comprendre ce qui s'est réellement passé. Nous laissons à d'autres, en particulier à nos collègues policiers, le soin de reconstituer le fil des événements. À chacun son job, il y va de l'efficacité de tous ceux qui auront à intervenir sur le théâtre des opérations.


Mon métier me fera croiser bien des blessés, des brûlés, des noyés, des accidentés, des intoxiqués, des comateux, des agonisants, des cadavres - chauds, froids, décomposés -, des émasculés, des décapités, des amputés... Et, bien sûr, des suicidés. Chasseur aguerri, j'ai aujourd'hui coutume de dire que j'ai davantage décroché de pendus que je n'ai tué de lièvres. Dans leur écrasante majorité, ces blessés et ces morts sont passés inaperçus, et quand la presse en faisait état, c'était en quelques lignes à la rubrique «faits divers». Mais dans la France pompidolienne, le fait divers de septembre 1969 va se muer en fait de société. La jeune femme découverte, sans vie, sur un lit, «connue» des policiers «mais pas recherchée», s'appelle Gabrielle Russier.

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Auteur : Jérôme Perrin  Date de saisie : 03/07/2013  Genre : Documents Essais d'actualité  Editeur : Jean-Claude Gawsewitch éditeur, Paris, France

Auteur : Jérôme Perrin Date de saisie : 03/07/2013 Genre : Documents Essais d'actualité Editeur : Jean-Claude Gawsewitch éditeur, Paris, France

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