Démarrage sur les chapeaux de roue pour ce roman magnifique dont des phrases entières sont entrées dans la langue française de la rue. Une ode vibrante à la littérature populaire qui rendit enfin célèbre son merveilleux auteur !
« Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bain, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m’entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. D’un autre côté, c’est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C’est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qui attendent à la gare d’Austerlitz sentent plus mauvais que ceux qu’attendent à la gare de Lyon. Non vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur.
Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve et s’en tamponna le tarin.
« Qu’est-ce qui pue comme ça ? » dit une bonne femme à haute voix. »
Zazie dans le métro. Raymond Queneau 1959