C’est le bagne, celui des illégitimes qui d’habitude ne témoignent pas, que la lecture de ce livre dévoile. Ces témoignages de bagnards ne sont pas des pamphlets politiques, des manifestes contre l’injustice sociale ou contre l’univers carcéral. Leurs auteurs, Marty et Martinez, ne sont pas anarchistes, n’ont pas lu Proudhon ou Hegel. Et pourtant, c’est leur conscience de classe qui les pousse à écrire. Ni réfléchis, ni structurés, ces récits instinctifs sont nés de la plume de deux bagnards, de ces rares anonymes qui ont écrit sans pourtant avoir défié la chronique lors de leurs procès ; des milliers qui, meurtriers ou petits voleurs, finissent par mourir dans l’indifférence. C’est du bagne, celui de la pègre et des assassins dont ces écrits sont les témoins.
Ils révèlent cette histoire que l’on tait, ces hommes que l’on oublie, ces parias que l’on exile pour mieux se convaincre qu’ils ne sont pas les produits d’une société inégalitaire et répressive.
Dans ces pages sont libérés les écrits, jusque là inédits, des inconnus du bagne.
Parution: novembre 2012
Chronique parue dans le numéro 1690 du Monde Libertaire daté du 6 au 12 décembre 2012.
« Les Derniers Forçats, donne à entendre la voix, dérangeante et oubliée, de deux bagnards du XXe siècle, Henry Marty et Philippe Martinez. Car le bagne n’est pas seulement l’épopée flamboyante et tragique d’anarchistes de la Belle époque. [...]. L’écriture parfois hasardeuse, confuse, déstructurée contribue à l’atmosphère de ce livre qui donne la parole à ces bagnards « ordinaires », de ceux dont les procès n’ont pas défrayé la chronique, de ceux qui, par dizaine de milliers, ont dû échanger leur nom contre un matricule. De ceux qui n’ont pas témoigné. Ainsi, ces écrits ne sont pas seulement révélateurs d’une politique coloniale métropolitaine, ils sont aussi les témoins d’une histoire sociale guyanaise. Ils manifestent à la fois la prise du pouvoir sur ces vies de rien, et ce qui résiste, ce qui ne plie pas. »
Chronique sur le site K-Libre, 01 janvier 2013
« Henri Marty, très atteint psychologiquement, prend la plume et raconte son périple sans oublier les terribles anecdotes qui ont marqué son parcours. Les hécatombes sur les chantiers dues à la privation de nourriture et aux fièvres, les mauvais traitements et les stères de bois demandées, le trafic indigne de l’Armée du Salut qui vend les vêtements offerts en don. [...] Le chroniqueur n’oublie pas les exécutions sommaires, l’incompétence des médecins, mais aussi des portraits de bagnards célèbres, de fils de famille promis mignons de tatoués et de « porte-clés », eux aussi condamnés, devenus gardes-chiourme sans foi ni loi. »
Chronique parue dans le numéro 226 d’Alternative Libertaire daté de mars 2013.
« [...] Le travail d’édition enfin est à souligner : les écrits sont préservés au maximum, bien que réinscrits dans un chapitrage qui en facilite la lecture, en même temps qu’enrichis d’une préface et de notes permettant de situer tout à la fois ces écrits dans leur dimension historique et sociale et de clarifier suffisamment le propos au lecteur non averti. Une lecture utile à la fois pour apporter un éclairage supplémentaire sur cette histoire sociale des bagnes coloniaux et plus globalement sur les mécanismes d’incorporation en système totalitaire. »
Chronique parue dans le numéro double 34-35 de N’autre école, printemps 2013.
Deux récits autobiographiques inédits de bagnards, augmentés d’une longue préface de Jean-Lucien Sanchez, historien spécialiste de la relégation en Guyane française, qui nous explique dans le détail les bagnes de Guyane. Eugène Dieudonné avait écrit un témoignage sur la vie au bagne (La Vie des forçats, Libertalia, 2007). Tout y était dit ? Non. C’était un témoignage politique, par un militant anarchiste, bien écrit et méchamment efficace. Un réquisitoire contre le système du bagne, mais aussi contre le système carcéral et l’État. Dans Les Derniers Forçats, on peut lire les témoignages de deux « pas-de-chance, […] gosses aban- donnés, […] mal-doués par la nature, […] victimes de leur psychologie morbide, […] détraqués » comme Dieudonné nomme les forçats. L’éditeur, un petit groupe dont c’est le premier livre, a fait un travail remarquable de correction, de ponctuation et de chapitrage, afin de rendre ces deux témoignages plus lisibles. Les notes de bas de page sont éclairantes, et pas trop envahissantes. On ressort de la lecture enchanté par la qualité des récits, troublé par le mauvais état psychique des auteurs, révolté par la violence de l’État contre ses classes populaires et remonté contre le système carcéral d’hier comme d’aujourd’hui. Car, malgré la dissolution des bagnes, malgré le peu de critiques directes contre le système, les auteurs nous livrent un puissant réquisitoire contre la domination bourgeoise sur la société, contre la justice de classe, et leurs textes traversent les âges aussi bien que celui d’un militant ou un journaliste !
Émission La philanthropie de l’ouvrier charpentier sur Radio Libertaire le 05 janvier 2013
Émission de Sortir du colonialisme sur Radio Libertaire le 18 janvier 2013
Les éditions Albache éditent des textes littéraires et de sciences sociales qui ont pour particularité d'alimenter une meilleure compréhension de notre société et de donner la parole aux sans-voix.