" Bienvenue les enfants " disait le directeur de la colonie de Mettray, vers 1840, au moment où débutait le grand mouvement des colonies pénitentiaires. Il s'agissait de traiter le cas des moins de seize ans que leurs conditions de vie très défavorables avaient mené ou allaient mener à l'infraction. Parmi les notables, innombrables qui réfléchissaient à la question, ceux qui l'avaient emporté prônaient la régénération à la campagne. C'est ainsi que dans les années 1860, quelque dix mille jeunes, cueillis à moins de seize ans, parfois à moins de treize, se sont retrouvés dans une cinquantaine de colonies pénitentiaires!
Les excès qui s'y commettaient, entraînant révoltes et scandales, ont alimenté un débat qui annonce ceux d'aujourd'hui.
1. Les colonies, à l'origine, étaient privées: en 2013, on se demande de nouveau jusqu'où, pour des raisons d'économie, la prérogative de surveiller et de punir peut échapper à l'Etat.
2. Nos centres éducatifs fermés du début du XXIe, bien plus petits certes, pratiquent eux aussi l'évacuation du danger vers les campagnes.
3. Les colonies ont survécu pendant un siècle non pas parce qu'elles étaient humaines mais parce qu'elles pouvaient afficher un taux de récidive relativement faible. Toute réforme pénale, en 2013, ne peut être vendue à l'opinion que si elle promet une amélioration de ce taux. Dans les sociétés dites libérales, c'est le calcul du bénéfice et de l'échec qui commande.
L'incarcération des jeunes : les colonies pénitentiaires au ..