Le 2 octobre 1944, l’hebdomadaire américain Life consacre un dossier à la libération de la France. Les photographies de Paris en fête viennent se heurter aux clichés de six jeunes Français fusillés à Grenoble au début du mois de septembre. Comment expliquer l’exécution de ces « traîtres obscurs », âgés d’une vingtaine d’années ? La France vient d’entrer dans une période trouble que l’on nommera bientôt « l’épuration », où miliciens et maquisards livrent leurs derniers combats, mais où se règlent aussi des comptes qui n’ont pas grand chose à voir avec les luttes de l’Occupation.
À travers le récit d’une affaire qui, dès sa parution dans la presse américaine, a frappé l’opinion internationale, ce sont quatre années d’affrontements internes et de guerre civile qui sont ici retracées, dans un contexte de collaboration avec l’ennemi et d’engagements politiques, sociaux et familiaux bien antérieurs au déclenchement du conflit.
Pacal Cauchy est maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris et chercheur au Centre d’histoire de Sciences-Po. Il a notamment publié La IVe République (2004) et Il n’y a qu’un bourgeois pour avoir fait ça ! L’affaire de Bruay en Artois (2010).
ISBN : 978-2-36358-188-4
Prix : 19 €
224 pages
Parution : 3 septembre 2015
Les miliciens de Grenoble dans le box des accusés
Six jeunes miliciens de l’école de formation d’Uriage dans l’Isère, sont condamnés à mort, le 2 septembre, par la cour martiale de Grenoble et fusillés le jour même. Ces condamnations et ces exécutions ne retiendraient pas spécialement l’attention si l’on ne considérait le jeune âge des condamnés, l’absence de charges sérieuses à leur encontre (aucune forme d’engagement contre la résistance), les circonstances de leur arrestation, de leur condamnation et de leur exécution. Avoir été milicien pendant l’été 1944, et au-delà, et quelles que soient la nature de cet engagement et les responsabilités encourues, expose à l’exécution sommaire ou à la sévérité d’un tribunal d’exception.