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184 – Portrait du jour : Fabienne Leloup passionnée pour les sociétés secrètes et auteur de “Corps fantômes” aux éditions Ramsay

Née à Angers alors que les barricades de Mai encombraient Paris, Fabienne Leloup s’est lancée à l’assaut de cette capitale, comme d’autres assiègent un bastion. Décidée à ne pas repartir avant d’en avoir ébranlé et fait tomber les murs.

Etudiante, éprise d’aventures un peu sombres, sous les signes duellistes d’Eros et Thanatos, Fabienne Leloup se lance dans une écriture où son imagination ne connaît ni limites, ni tabous.

Elle se fait remarquer par Alain Dorémieux, premier écrivain fantastique de sa génération et rédacteur en chef pendant vingt ans de la revue Fiction. Dorémieux décèle en Fabienne Leloup une pierre brute à polir. Dans les années 90, ils travaillent ensemble. Mais Fabienne, arcboutée sur la défense de son indépendance, poursuit en parallèle une préparation à l’agrégation de lettres.

A peine celle-ci obtenue, Alain Dorémieux disparaît victime d’une cruelle maladie.

Fabienne Leloup, livrée à elle-même, publie des recueils de nouvelles fantastiques, dont Limbes Obcurs  aux éditions Pierron. Puis son premier roman, Soie Sauvage , qu’elle n’avait des initiés du genre et l’admiration des profanes. Il est récompensé du prix « Armée des 12 singes », meilleur premier roman, en 2005.

En 2007, le second roman de Fabienne Leloup, Le Parfum de l’ombre  est publié aux éditions Ragage.

Fabienne se passionne pour les sociétés secrètes et s’oriente donc vers un genre différent, le roman historique. Elle consacre une biographie romancée, consacrée au personnage de Maria Deraismes, bourgeoise éclairée du XIXe siècle, acquise aux droits de la femme et fondatrice en 1893 de l’obédience maçonnique,le Droit Humain : la première à accueillir indifféremment hommes et femmes.Le roman sur Maria Deraismes est publié aux éditions Michel de Maule, en 2015.

Aujourd’hui Fabienne Leloup est revenue vers le fantastique, à travers des nouvelles qui paraissent régulièrement dans les revues spécialisées et à travers son blog, « Symboles et Analogies » où elle passe en revue l’actualité littéraire et artistique dans le domaine du « fantastique ».

Nourrie de romans gothiques britanniques du XIXe, de légendes médiévales et de mythologies nordiques, autant que d’auteurs d’anticipation américains de la seconde moitié du vingtième siècle, Fabienne Leloup veut redonner à ce genre littéraire, toutes ses lettres de noblesse.

Elle vient de terminer un roman inspiré par l’actualité ( les maisons de retraite), par le terrorisme, qui revisite le thème de la communication avec les morts : Corps fantômes .

Bienvenue Fabienne sur le très prisé carnet de l’histoire de la justice, des crimes et desPh.P.

Parution du livre le 7 mars 2019 – Expériences de mort imminente, hypersensibilité à l’invisible… certaines personnes semblent ébranler notre vision ordinaire de la réalité. C’est le constat que fait Yara, infirmière de 22 ans en faisant la rencontre, à Paris, d’Hermine de la Vallée, un médium à l’allure de star de cinéma. Rashid, son frère n’a pas choisi la même voie que sa sœur. Il a arrêté l’école, longtemps glandé, avant de choisir le fondamentalisme qui l’entraîne à certaines extrémités. Il ne comprend pas pourquoi sa sœur a quitté les urgences pour un établissement médicalisé où séjournent de riches retraités, tous plus délirants les uns que les autres. Clin d’œil à la bande dessinée, Les vieux fourneaux (chez Dargaud) qui raconte les aventures de trois septuagénaires et les bouleversements socioculturels de notre époque.

Au contact d’Hermine, Yara se met à entendre une voix, puis plusieurs… à sentir les présences d’âmes errantes autour d’elle. Ce sont celles des défunts coincés entre la terre et le ciel, lui explique la vieille dame. Soit parce qu’elles ne veulent pas partir, soit parce qu’elles ont été victimes de mort violente. Pour Yara, plus rien ne sera comme avant. Hermine veut lui transmettre son don de communication avec les disparus. Il y a tant de messages des âmes errantes, la prévient-elle. Peut-elle repousser ces « corps fantômes » ? Comment expliquer à Rashid que certains passages ne se forcent pas impunément ?

Paranormal et actualité : tels sont les deux fils conducteurs de ce livre qui souhaite faire réfléchir sur la notion de choix.

Extrait du livre :  “Non, Yara n’était pas devenue cinglée à la Trinité. Mais travailler dans cette maison de retraite avait aiguisé son sixième sens. Elle n’arrivait pas à le définir. Il y avait des jours bizarres où elle se sentait à la fois le chercheur et le cobaye sanglé sur la table du laboratoire, les paupières et les nerfs à vif.

Pourtant elle ne prenait ni antibiotiques ni pilule ni excitants. Elle ne maîtrisait pas le moment où elle décollait, son cerveau en fusion, découpant la réalité en plans fixes de film muet ou parlant.

Dans le bus, il lui arrivait d’observer des handicapés, en se demandant s’ils étaient encore de ce monde, parce qu’ils fixaient le décor parisien avec des yeux sans pupilles. Dans le métro ou le tram, elle observait ses semblables casqués : ils transportaient tous d’énormes sacs à dos.

De temps à autre, ils se laissaient distraire par des chanteurs ou des mendiants qui leur demandaient un ticket restaurant ou quelques euros. Ils écoutaient leur propre bande son ou répondaient à leurs interlocuteurs, parlant si fort qu’elle entendait leur conversation par-delà les écouteurs.

Des injonctions, des imprécations ou des pleurs dans un crissement de sandwich déballé, de claquements de portes et de froissements. Ils voulaient oublier qu’ils se trouvaient dans un tunnel, et qu’ils pourraient ne plus voir la lumière du jour, en cas d’accident ou d’attentat.

Parfois elle captait des messages de personnes qu’elle ne connaissait pas, et dont elle n’avait aucun indice. Saisie de panique, elle se demandait comment endiguer ce flot de phrases.

Des appels au secours tels des aphtes dans sa bouche sur lesquels elle n’osait passer la langue.

De plus en souvent il lui arrivait d’avoir du mal à marcher dans la rue, de peur de croiser des passants sans visage, plus proches d’animaux marins que d’êtres humains. Sous ses pieds, quand arrivait sa crise, les trottoirs se muaient en rochers tapissés de lanières brunes, de grappes d’algues collant à ses talons. Chassés par un courant mystérieux, des êtres fragiles, à la chair translucide et tremblotante de méduses, lui apparaissaient. Elle était saisie par ces formes émanant du néant qui la poursuivaient avec une légèreté de bulle de savon. Ces formes n’exprimaient pour elle aucune grâce, plutôt un aperçu des abysses.

Le seul endroit qui l’isolait du monde invisible, où elle se sentait en sécurité, c’était paradoxalement le monde souterrain, le royaume des catacombes et des carrières.

Les morts y étaient bien « morts ». Pour éviter de céder à la panique, elle avait décidé d’accompagner davantage ses amis cataphiles dans leurs pérégrinations.”

https://www.youtube.com/watch?v=HGK-lzNeguQ

https://www.youtube.com/watch?v=GAcaBXBvwOQ

https://www.youtube.com/watch?v=BnrXqjFyUdc

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus, #Romans - Essais - Polars - Thrillers
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