Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des …développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.
Pour son 242ème Portrait du jour – Criminocorpus le carnet reçoit Cédric Cham, auteur de polars
Cédric Cham, né en 1978, est originaire de la région Rhône-Alpes. Le jour, il travaille au sein de l’Administration pénitentiaire française, la nuit, il écrit des polars. Dès son plus jeune âge, la lecture est devenue une « addiction ». Impossible de passer plus de vingt-quatre heures sans sentir le papier sous ses doigts. Et tout naturellement, à force de dévorer les romans des autres, il en est venu à écrire ses propres histoires. Cédric Cham aime les récits sombres et réalistes. Pourquoi ? Parce que d’après lui, le noir reflète parfaitement notre société actuelle… Ce qui se passe au coin d’une rue oubliée, derrière une porte close, de l’autre côté de la ligne blanche… Ces endroits où la réalité dépasse trop souvent la fiction !
“Je suis passionné de lecture depuis que je sais lire” confie Cédric Cham qui a grandi à Sorbiers, près de Saint Etienne dans la Loire. Après ses années lycées au lycée Fauriel à Saint Etienne, il fait des études de droit. Maîtrise en poche, il réussit le concours de l’Ecole Nationale de l’Administration pénitentiaire à Agen. Depuis novembre 2008, il est conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation au centre de détention de Roanne. – CPIP promotion 11 (2005-2007) –
Passionné de littérature noire mais aussi de cinéma policier, de western, il a découvert le cinéma coréen de Park Chanwook et de Kim Jee-Woon.
Bienvenue Cédric sur le blog des “aficionados du crime” . Ph P
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Une auto-biographie à travers quatre polars :
LA PROMESSE (Editions Fleur Sauvage – février 2016) :
Flash-back : je suis né en 1978 et ai grandi à quelques kilomètres d’une Maison d’arrêt (ce détail aura de l’importance un peu plus tard).
Dès l’école primaire, j’ai pris goût à la lecture. J’ai débuté avec la Bibliothèque verte (les « Six Compagnons », « Michel », « Langelot ») et, même si j’ai toujours un peu de mal à l’avouer, j’ai également fait quelques escapades du côté de la Bibliothèque rose (« Le Club des 5 » et « Fantômette »).
Puis, adolescent, ma grand-mère maternelle m’a offert « Dix petits nègres ». Mon premier pas vers la littérature policière « adulte » et une porte ouverte vers les grands classiques (Raymond CHANDLER, Dashiell HAMMETT, David GOODIS…) et les contemporains (James ELLROY, Georges PELECANOS, Michael CONNELLY….).
La lecture était devenue comme une « addiction », toujours un livre à portée de main, toujours quelques chapitres lus avant de dormir.
Et tout naturellement, à force de dévorer les récits des autres, l’envie d’écrire ses propres histoires se fait ressentir. J’ai commencé par des nouvelles à l’âge de 17 ans. Quelques lignes jetées sur le papier en cours de socio… Le prof ne me captivait pas vraiment… Et un premier recueil de nouvelles dans l’esprit de la « Quatrième dimension ».
Avance rapide : vers l’âge de 34 ans, poussé par ma compagne de l’époque, je reprends l’écriture, avec un premier challenge : tenir un récit sur la durée d’un roman. Second challenge : faire tomber les barrières personnelles et tenter d’être édité.
LA PROMESSE est née…
DU BARBELE SUR LE COEUR (Editions Fleur Sauvage – octobre 2016) :
Flash-back : entrée à la Faculté de droit avec l’objectif, à l’issue, d’entrer dans la Police Nationale. Envie d’être OPJ, d’arpenter le bitume…comme ces héros et anti-héros qui ont nourri mon enfance.
Sauf que la vie en a décidé autrement.
Avance rapide : 2005, sur le conseil d’un ami, je passe le concours pour devenir Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (CPIP). Je suis entré par hasard dans l’Administration Pénitentiaire et j’y suis resté par vocation.
Après « La Promesse », j’avais envie de partir sur un récit plus personnel, en lien avec mon quotidien professionnel. Pourquoi ? Les médias parlent quasi exclusivement de la prison. Pourtant, une grande partie du travail se fait également en milieu ouvert. Je voulais donc faire découvrir ce versant de la pénitentiaire, et la difficulté de se sortir d’un parcours de délinquance.
Je voulais montrer que derrière chaque personne (« délinquante » ou non), il y a aussi un être humain. Un des premiers constats que j’ai pu faire en travaillant au sein de la Pénitentiaire, est que personne ne se réveille un matin en se disant : « aujourd’hui, je vais monter au braquo » ou « tiens je vais aller agresser quelqu’un ». Le processus de délinquance trouve quasi toujours son origine dans un parcours de vie, une succession d’événements qui a abouti à une « fracture ».
DU BARBELE SUR LE COEUR est donc inspiré de ces parcours de vie que je croise au quotidien et est issu de la volonté aussi de rendre « hommage » aux collègues, en civil et en uniforme, qui font un boulot de dingue…
LE FRUIT DE MES ENTRAILLES (Editions JIGAL – septembre 2018) :
LE FRUIT DE MES ENTRAILLE Flash-back : un matin de Noël, au pied du sapin. Je découvre un magnétoscope. Quelques semaines plus tard, 1ère VHS achetée : le « Terminator » de James Cameron. Une grosse claque ! Une seconde « addiction » était née.
Depuis, j’avale de la pellicule presque aussi vite que les pages d’un roman. Le cinéma de genre comme la littérature noire permettent d’allier divertissement et réflexion sur la société qui nous entoure. Impossible de décrocher…
« Le fruit de mes entrailles » est issu de cette « culture », avec une approche très cinématographique dans l’ambiance et le style de l’écriture. L’ombre du grand Sam Peckinpah plane beaucoup sur ce récit.
Je souhaitais poursuivre la réflexion engagée dans « Du barbelé sur le coeur » sur la parentalité et les parcours de vie, tout en abordant un autre sujet qui me tient à cœur : celui de la violence.
J’ai une appétence toute particulière pour les personnages présentant des aspérités, avec des parcours de vie chaotiques. Des personnages qui ont du vécu et donc des choses à raconter. Pas que le bonheur ne mérite pas d’être raconté. Mais, à mon sens, c’est surtout dans l’adversité et la douleur que l’Homme se révèle dans ce qu’il a de meilleur mais aussi de pire. J’aime donc aller dans ces zones d’ombres et de douleur, là où les masques tombent, où il n’est plus possible de tricher, où les personnages poussé dans leurs retranchements se retrouvent face à eux-même.
LE FRUIT DE MES ENTRAILLES est le produit de cette double culture littéraire et cinématographique qui me nourrit depuis plus de 30 ans.
BROYE (Editions JIGAL – mai 2019) :
BROYE Flash-back : début de carrière comme CPIP, j’ai en charge le dossier d’un trentenaire. Pour des raisons de confidentialité, on le nommera Alain. Alain était bien connu du service. Un casier judiciaire assez chargé, avec une certaine précocité dans les passages à l’acte, principalement des faits de violence ou des faits liés à l’alcool et aux stupéfiants.
Alain était comme une cocotte minute qui ne relâcherait jamais la pression. Ça suintait de lui, un pur concentré de violence retenue.
Au cours d’un entretien, Alain finit par me lâcher qu’il a été victime de violences durant son enfance et m’explique que ces parents le tabassaient au-dessus de la baignoire. Pourquoi auain que j’ai compris que l’être humain était capable du meilleur mais aussi du pire…Et que la réalité dépassait toujours la fiction.
Avec « Broyé », il s’agissait donc cette fois de traiter la violence sur un plan plus « intime », plus restreint. De parler de cette violence quotidienne et ordinaire que l’on peut retrouver au sein des foyers, des familles…à quelques mètres de nous.
Et de tenter d’apporter une réponse à la question : l’Homme n’est-il qu’un animal civilisé ?
BROYE est donc un hommage à Alain et à tous ceux dont les racines sont coupées dès l’enfance, par manque d’attention, d’affection, d’amour…
Le mot de la fin : merci à Philippe et à Criminocorpus pour l’invitation.