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264 – Portrait du jour : Eric Calatraba, l’auteur des romans “Haiku” et “Munera”

Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des …développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus  et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.

Pour son 264ème Portrait du jour – Criminocorpus le carnet reçoit avec infiniment de plaisir Eric Calatraba

“Eric Calatraba se définit comme un savoyard andalou qui porte un amour un peu schizophrène à des terres aux climats plutôt contrastés. Peu à peu, il s’est mis en route vers le Sud, jusqu’à s’installer dans le Var. Au même titre que l’écriture, la musique est pour lui, depuis longtemps, un moyen de communication, notamment à travers son activité d’enseignant spécialisé. Elle est aussi un élément essentiel de son premier roman Haiku, un polar différent, tant par sa construction que par l’originalité des thèmes qui le composent.”

Bienvenue Eric sur  le blog des “aficionados du crime” . Ph P

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“Mes histoires emmènent le lecteur un peu partout dans le monde. Mon imaginaire, pour l’instant, a besoin de ça. Je ne me suis jamais vraiment senti chez moi à un endroit précis. Mes parents se sont rencontrés en Algérie. En 1962, ils sont partis. Toulon, Sélestat, Toulouse puis Annecy. Ils étaient des déracinés. Ma mère avait cinq ans quand la famille a fui Franco par la mer, d’Alméria à Oran. J’ai donc grandi à Annecy avec des parents qui ne skiaient pas, qui rêvaient de Méditerranée… Il y a dix ans, j’ai réalisé leur rêve qui a force est devenu le mien. Je me suis installé dans le Var et je m’y sens bien. La lecture, l’écriture, ont toujours été un refuge pour moi et plus encore à la mort précoce de ma mère. Des poèmes, des chansons. J’ai composé aussi pour les groupes dans lesquels je jouais et chantais. J’ai lu les classiques pour mon bac littéraire. Puis je suis devenu instituteur. J’ai longtemps vadrouillé comme titulaire remplaçant, j’ai appris la conduite sur neige en contrebraquant sur les routes de Haute-Savoie. J’ai croisé plein de collègues, de méthodes et de situations différentes, j’adorais ça même si en réalité j’étais beaucoup moins payé que Gérard Klein. Je suis passé par la Drôme où j’ai enseigné quelques années en cp. Je me suis vraiment intéressé aux mécanismes déclencheurs ou paralysants pour la lecture. Quand je suis arrivé dans le Sud, je me suis retrouvé par hasard avec des élèves adolescents autistes. Mais en vérité, je ne crois pas vraiment au hasard. J’ai un frère autiste… Je me suis demandé comment j’allais m’en sortir avec ces jeunes et j’ai trouvé deux biais. J’ai apporté ma guitare et une relation s’est créée avec des enfants qui semblaient complètement renfermés. L’autre biais a été le récit. Ils s’apaisaient en entendant ces histoires qui parlaient de leurs problèmes (est-ce que ma mère m’aime, est-ce que ce garçon m’aime, est-ce que je vais mourir…) sans pour autant les envahir car à distance. Ces histoires se passaient loin dans le temps et l’espace, en Grèce, en Chine, en Afrique… Je mesurais le pouvoir du récit. J’ai tellement aimé ce travail que je me suis spécialisé en passant mon Capa-sh à Nice. Aujourd’hui, je me déplace pour suivre mes élèves et je travaille en partenariat avec des professionnels du monde médical et paramédical. Je passais la semaine dans une chambre à Marseille et j’ai commencé à écrire un roman. Je me l’étais interdit car jusqu’ici, j’avais passé mon temps à rénover des maisons. C’est un polar qui est venu. J’ai imaginé un personnage qui aimait la musique, un flic blessé mais encore jeune, avec beaucoup de force, expert en arts martiaux. Je l’ai imaginé en train d’écouter de l’opéra dans son casque en pilotant sa moto à toute vitesse. C’était aussi un homme qui avait encore beaucoup à apprendre. Raphaël Larcher était né. Haïku a connu le succès en numérique chez Numériklivres et aux Editions de Londres . En 2018 Jean-Louis Nogaro l’a pris aux Editions du Caïman . Le roman a obtenu trois prix. Comme ces personnages plaisent aux lecteurs, je les fais revenir dans « Munera » qui paraît en novembre. Haïku mêlait opéra et arts martiaux dans une intrigue sur fond de trafic d’organes ; Munera traite de combats clandestins et de chasse à l’homme avec en toile de fond, la menace que fait peser sur la planète l’exploitation des énergies fossiles. J’ai deux romans en projet. Un roman noir pour lequel je suis en phase de recherche et de documentation et un roman de blanche inspiré par le double exil de ma mère. J’ai 55 ans et suis père d’une fille de 14 ans. J’ai aimé lire Steinbeck, King, Dennis Lehane, Ellroy, Poe, Baudelaire et Stendhal. J’ai un faible pour Shakespeare et Corneille. Aujourd’hui je lis un peu de tout, beaucoup de polars français et américain.

J’ai aussi de  la chance de vivre avec une ecrivaine, Marie Delabos , qui relit avec attention et intransigeance mes manuscrits. Son soutien est précieux.”

Ton enfance, ton adolescence, ta vie adulte, quelles sont tes influences selon ces époques ?

Mon enfance, ce sont les 70’s, les exploits des Verts au foot. C’était l’époque Pompidou Giscard. Même si 68 avait existé, le pays sommeillait, surtout en province. Le cinéma, c’était Belmondo ou Delon, la variété était à pleurer, sauf celle des “grands”, Brel, Brassens, Ferré, Aznavour. Les 80’s ont vu apparaître les radios libres et une musique autrement plus intéressante. J’étais en lettres. Des lycéens laissaient des paroles de chansons gravées sur les tables. Moi, je lisais les classiques et j’adorais ça. Pour la musique anglo-saxonne, j’étais un peu décalé. Je n’aimais pas le disco. J’écoutais les Beatles et les groupes des 70’s. Il y avait deux posters dans ma chambre. Deux gauchers: Mc Enroe et Mac Cartney. Enfant, j’ai appris la guitare classique et à 17 ans, j’ai commencé à écrire des chansons, paroles et musique. J’ai joué dans des groupes, fait des festivals, un CD. ne cherchez pas, il est introuvable. Il est arrivé que mes profs lisent tout haut mes dissertations à la classe mais je n’avais aucune ambition d’écrivain. Etudier Stendhal et Flaubert, ça peut vous filer des complexes. Ensuite, à part quelques voyages, j’ai passé mon temps libre à rénover des maisons que je revendais (4 !) puis, à 45 ans, je me suis retrouvé dans une situation où je pouvais faire le point, réfléchir à ce que je voulais vraiment. j’ai écrit “Haïku”.

As-tu des révélations sur ton prochain ouvrage ?

Dans MUNERA, mes deux flics s’attaquent à de grands prédateurs. De ceux qui pillent les ressources terrestres mais aussi la force de travail des humains, qui ont crée une nouvelle forme d’esclavage. Ils sont d’ailleurs fascinés par l’antiquité… A paraître le 14/11/2019

 

 

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Philippe Poisson, gestionnaire du carnet criminocorpus, anime la rubrique « Portrait du jour ».

Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet  de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc.  Cette rubrique est animée par Philippe Poisson , membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville , directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Nos autres sites : REVUE et le BLOG D’ACTUALITÉS

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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