Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

290 – Portrait du jour : Pauline Klein, l’auteure du roman “La Figurante”

 

“« Vient un moment dans l’existence, que j’aimerais pouvoir situer précisément, où la vie adulte nous rattrape. On ne peut pas lutter éternellement pour la survie de l’insouciance. Les autres finissent par se douter de quelque chose. » Depuis l’enfance, Camille n’a rien fait dans l’ordre et oppose aux conventions comme au travail un « je préférerais ne pas » gentiment féroce. À quinze jours de son mariage, elle se pose cette question : peut-on éternellement rester soi-même ou faut-il un jour « jouer le jeu » ?” Interview Pauline Klein – La Figurante

Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des …développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus  et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul et pour son 290ème Portrait du jour – Criminocorpus  le carnet reçoit avec infiniment de plaisir la romancière Pauline Klein 

Après avoir étudié la philosophie et l’esthétique, Pauline Klein  a travaillé dans une galerie d’art à New York. Alice Klahn , son premier roman, sort en 2010 chez Allia. En janvier 2020, paraît son quatrième livre, La figurante , aux éditions Flammarion. L’histoire d’une jeune femme, Camille, qui à quinze jours de son mariage se pose cette question : peut-on éternellement rester soi-même ou faut-il un jour « jouer le jeu » ?

L’Interview de  Pauline Klein est réalisé par notre ami  Stéphan Sanchez , libraire, photographe et romancier.

Bienvenue Pauline   sur le très discret et prisé carnet criminocorpus. Ph. P

____________________________________________________________________________

Stéphan Sanchez. Diplômé d’un Master en arts plastiques et d’une Licence d’histoire de l’art, Stéphan est libraire, photographe et romancier. Passionné de littérature gothique, âgé de 30 ans, il a publié quatre romans dont deux thrillers chez Jean Marie Desbois éditeur : « Anatomie des vagues », en 2016, et « Châteaux noirs », en 2017…

1. Vos trois premiers romans étaient influencés par le conte de fée et le milieu de l’art contemporain. Faut-il en attendre autant de votre dernier opus, La figurante ?

Je ne suis pas tant attirée par les contes de fées car ils sont trop pleins de métaphores, j’ai plutôt tendance à métaphoriser le réel, à être captée par les détails, et c’est le cas du personnage de la figurante. Cependant, elle a, comme certains personnages de petites filles d’histoires pour enfants, une propension à regarder au-delà de ce qui se donne à voir, à chercher ce qui échappe, et elle est très muselée. Dans beaucoup de contes, les personnages de femmes ont peu le droit à la parole, elles n’osent pas dire, leur voix et leur volonté restent longtemps silencieuses. L’histoire de la figurante raconte aussi l’histoire d’une voix qui émerge, pour elle et dans le monde. Camille cherche de quelle manière elle peut élever sa voix face à ce que le monde exige d’elle. Et les injonctions sociales l’effraient comme un loup ou un méchant peuvent effrayer une enfant.

Le monde de l’art est lui aussi présent : Camille travaille dans une galerie d’art à New York, puis à Paris. Ce milieu est une bonne métaphore de la comédie des faux semblants.


2. Vous avez travaillé dans plusieurs galeries d’art ; à quel point ces expériences ont-elles marqué votre écriture ?

Elle m’a marquée parce que j’y ai découvert le décalage entre ce que les hommes et les femmes donnent à voir et ce qu’ils sont vraiment. Je ne sais pas ce qui habite ce décalage, mais j’ai découvert un trou, une cachette dont peu osent sortir. Il y a ce qui est prononcé, ce qui est montré, exhibé, et puis il y a ce qui est tu. Ce monde, à l’époque où l’art contemporain a émergé de façon très spectaculaire, était aussi bien le lieu de grandes incompréhensions intellectuelles, conceptuelles, économiques, et un territoire où les plus riches pouvaient s’imaginer qu’ils accédaient à un sens caché en possédant des œuvres parfois grotesques. Le décalage entre l’absurdité d’un monde et la capacité des plus puissants à y adhérer m’a beaucoup intéressé. D’une manière générale, l’imposture est très romanesque.

3. Dans La figurante , vous parlez du délicat passage à l’âge adulte. Que pensez-vous de cette génération « adulescente  » qui prolonge la crise d’adolescence autour des 35 ans et parfois plus?

Je trouve que les adolescents d’aujourd’hui sont soumis à des injonctions bien plus tenaces qu’à ma génération. Ils doivent se trouver plus vite, se poser la question de leur genre, de leur sexualité, ils sont soumis à un vertige de possibilités bien plus grand. Il est possible que les adultes de ma génération doivent réadapter leur position en se soumettant eux aussi à ces questionnements qui émergent de plus en plus vite. Ça ne veut pas dire qu’ils sont d’éternels adolescents mais qu’ils veulent rester connectés à une forme de modernité. L’adolescence est une des phases les plus intéressantes de la vie parce que l’enfance y est encore très présente, la douceur, le naturel, mais qu’elle est contaminée par de nouveaux devoirs et une certains rébellion envers ce qui a été appris et acquis. Je trouve plutôt sain, même plus tard dans la vie, de remettre en cause ou de casser ce en quoi on croyait jusque là. Dès qu’une chose est atteinte, elle est perdue, ça n’est pas si mal de se remettre en jeu même à l’âge adulte.


4. Vos personnages sont souvent incertains, énigmatiques. Ils ont des difficultés à s’adapter au monde qui les entoure, à trouver leur place. En quoi ces personnalités vous touchent-elles ?

Elles me touchent parce que je suis un peu effrayée par les personnalités qui ont trouvé. Pour qui rien ne changera jamais. Ceux qui savent, qui ont trouvé leur place. Et puis je n’y crois pas tout à fait. J’ai souvent l’impression d’être face à une représentation sociale que j’ai envie de contredire, plutôt que face à des certitudes. Les personnages qui luttent pour savoir qui ils sont me touchent plus.


5. Quels sont les auteurs que vous admirez ? Quels sont ceux qui vous inspirent ?

Camus, Bourdieu, Kundera, Pavese, Duras, Victor Hugo, Annie Ernaux,  Maggie Nelson, Ottessa Moshfegh, Blanche Gardin.

 

 

 

 

____________________________________________________________________________

Philippe Poisson, gestionnaire du carnet criminocorpus, anime la rubrique « Portrait du jour ».

Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet  de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc.  Cette rubrique est animée par Philippe Poisson , membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville , directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Nos autres sites : REVUE et le BLOG D’ACTUALITÉS

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :