Le Carnet de l’histoire de la justice, des crimes et des peines développe la rubrique Portrait du jour – Criminocorpus et ouvre ses pages aux fidèles lecteurs du site.
Pour son 335ème Portrait du jour – Criminocorpus le carnet reçoit avec infiniment de plaisir Frédéric Bertin-Denis, l‘auteur du polar,7 milliards de jurés ? aux Editions Lajouanie
Frédéric Bertin-Denis est enseignant. Il a travaillé en Corée du Sud, où il donnait des cours de français. Il est maintenant prof dans un IUT. Il partage sa vie entre Franche-Comté et Andalousie, où il se consacre à sa passion, la littérature noire. Il a déjà publié, Viva la muerte !
Bienvenue Frédéric sur le blog des “aficionados du crime”. Ph. P
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Interview Frédéric Bertin-Denis
Pourquoi écrivez-vous et depuis quand ?
J’écris depuis une douzaine d’années. Je crois que comme beaucoup d’auteurs, c’est d’abord la lecture qui m’a amené à l’écriture. Depuis tout gamin, j’ai lu. Ça a commencé par les Titus, Oui-Oui, puis rapidement mon goût des enquêtes s’est forgé avec ce que livrait le Bibliobus de mon école : Fantômette, le club des 5… Les BD que mon père rapportait de la bibliothèque de son usine ont aussi entretenu mes envies de mystère. J’aimais particulièrement la série de la patrouille des castors et Jo, Zette et Jocko.
Plus tard, Stephen King a baigné mon adolescence, accompagné de Graham Masterston et de tous les classiques de l’épouvante de Marie Shelley à Lovecraft.
C’est aussi mon éducation cinéphilique qui m’a emmené vers l’envie de raconter des histoires. J’ai eu la chance d’avoir des parents passionnés de cinéma qui m’ont permis de découvrir tous les styles de cinéma dès mon plus jeune âge. J’ai pu fréquenter de nombreux festivals et rencontrer des metteurs en scène exceptionnels (John Boorman, Ettore Scola, Dino Risi…). Mon goût s’est toujours porté sur les « raconteurs d’histoires ». Un seul regard de Nino Manfredi dans Affreux, sales et méchants, en dit bien plus long sur le cynisme de la société que deux heures de masturbation intellectuelle dans un salon du XVème arrondissement d’un film teleramesque !
C’est pourquoi dans mes romans, je m’efforce d’aborder des questions très sérieuses au travers d’intrigues que j’espère divertissantes.
Et le roman noir ? Pourquoi le noir ?
Au début des années 80, j’ai plongé dans la culture punk. C’est ce mouvement qui a développé mes combats politiques, notamment la prise de conscience des injustices sociales, du racisme et de la violence institutionnelle (Gouvernements, financiers, médias…).
C’est donc assez naturellement que je me suis tourné vers la littérature noire et sociale. Plusieurs chocs de lecture m’ont alors conforté dans ce genre. Il y a d’abord eu Le voyage au bout de la nuit de Céline (un vrai roman noir à mon sens) qui par son message pacifiste et humaniste et son style inimitable m’a bouleversé. Puis il y a eu Ellroy dans la magnifique collection Rivage de François Guérif. La violence et la noirceur des personnages n’ont d’égal que la virtuosité de l’auteur. Bref, je suis vraiment admiratif de ces écrivains (beaucoup moins des hommes).
Peu après, j’ai découvert les romans de Frédéric Fajardie et de Didier Daeninckx. Leurs visions de la France des années 70-80 rejoignaient parfaitement la mienne. Et que dire de leur art d’analyser la société au travers des destins individuels des « petits », des « invisibles » ? Sans me comparer, je choisi ce même angle dans mes romans.
Evidemment, je pourrais citer des dizaines d’auteurs qui ont mon admiration. Je me contenterai d’en jeter en pâture et de façon non exhaustive aux lecteurs de votre site : Cervantes, Balzac, Flaubert, Maupassant, Boris Vian, Roger Martin, Caryl Férey, Thierry Jonquet, Jean-Claude Izzo, Dashiell Hammett, Dennis Lehane, Victor Del Arbol, Manuel Vasquez Montalban…
De quoi parle votre dernier livre ?
7 milliards de jurés ? aborde les thèmes des victimes « ignorées » du capitalisme, du pourquoi des personnes s’engagent dans des actions violentes, de la difficulté de juger, des dangers de la rapidité des décisions prises sous la pression des réseaux sociaux…
Comme je vous le disais tout à l’heure, mon projet d’écriture repose avant toutpour essayer de faire réfléchir les lecteurs tout en les divertissant. Pour cela, je travaille longuement sur la documentation traitant des sujets que je veux aborder, puis je digère toute cette littérature théorique et je réinjecte l’essentiel dans une intrigue et des personnages.
Dans 7 milliards de jurés ?, c’est l’enquête de l’inspecteur-chef Manuel El Gordo (personnage récurrent de mes romans) qui amène les lecteurs à réfléchir sur notre société ultra-connectée. Au fur et à mesure des avancées de Manolo et de ses acolytes, on découvre la complexité des personnages. J’espère que je mets les lecteurs devant les contradictions qui nous hantent tous. Qu’est-ce que je ferais si j’avais à portée d’un clic, la possibilité de tuer quelqu’un ?
Pour ce qui est du résumé proprement dit, je vous renvoie au site des éditions Lajouanie ou sur tout autre site de commande de bouquins. 7 milliards de jurés ?
Avez-vous un autre roman en préparation ?
Oui, mais je n’en suis qu’à réunir la documentation. Mon rythme étant ce qu’il est (3 romans en 12 ans !!), il va vous falloir être un peu patient… Tout ce que je peux vous dire, c’est que mes personnages habituels seront encore là et que ce sera un roman très noir !
Merci Frédéric de nous avoir consacré un peu de votre temps. Ph. P
http://www.kykloseditions.com/viva-la-muerte.html
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Le carnet criminocorpus est ouvert à un large public au-delà de la seule communauté des chercheurs. Cette rubrique «portrait du jour» permet de faire connaître d’autres activités croisant l’histoire de la justice à travers le parcours de personne ayant accepté de présenter leur trajectoire professionnelle. On trouvera donc ici des parcours d’historiens, de romanciers , de sociologues, cinéastes, professionnels de la sécurité, etc. Cette rubrique est animée par Philippe Poisson, membre correspondant du CLAMOR et ancien formateur des personnels à l’ENAP. et l’A.P. La publication du portrait du jour est liée aux bonnes volontés de chacun, nous invitons donc les volontaires à prendre contact avec philippepoisson@hotmail.com – Marc Renneville, directeur du CLAMOR et de Criminocorpus.

Directeur du CLAMOR, Marc Renneville est historien des sciences spécialisé sur les savoirs du crime et du criminel, directeur de recherche au CNRS…
A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
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