Aujourd'hui nous recevons avec infiniment de plaisir Christophe Dubourg.
Christophe se présente comme un passionné de cinéma en tout genre, des années 40 à nos jours !
Assez tôt, il s’est tourné vers l'écriture et tout naturellement, il s’est orienté vers le roman policier, « un genre qui permet toutes sortes de fantaisies et qui propose un panel d’histoires très vaste ».
Il travaille actuellement dans une librairie papeterie à Caen dans le Calvados.
Vous pouvez suivre son actualité sur facebook .
Bienvenue Christophe sur la page des “aficionados du crime”. Ph. P
Mon parcours :
Je suis né en 1968 à Lisieux dans le Calvados. J'ai vécu une enfance heureuse, rêveuse, qui m'a baladé de la Normandie à la Côte d'azur, région où mes parents se sont établis six ans durant, de 1981 à 1986. En revanche, mon parcours scolaire fut un peu plus compliqué... voire chaotique ! Peut-être parce que mes parents avaient la manie de déménager très souvent. Nice, Antibes, La colle sur loup, de nouveau Nice, une dizaine d'adresses sur la côte Normande et sur Caen, j'en passe et des meilleures... Bref, mes études ont certainement dû souffrir de ces changements d'écoles intempestifs ! S'il faut une preuve, je dirais que deux redoublements de cinquième peuvent être considérés comme un record national ! Bon, on va dire que cette classe, la cinquième, je l'ai essayée, testée, puis validée ! Retour sur Caen en 1986 où j'ai décroché un Bep commerce après deux années insouciantes et détachées placées sous le signe du je-m'en-foutisme total. J'ai enchaîné peu après avec le service militaire en 1987. Après une formation préalable (PMP Préparation Militaire Parachutiste) dans une caserne de Caen et deux mois de « classes » à suer sang et eau à Pau, j'ai pu servir les dix mois restants dans un régiment, à Toulouse. Affecté dans une compagnie de transport (de troupe principalement), j'adorais le sport et j'étais servi : Parcours du combattant, stages commando... et surtout les sauts, raison première de ma formation et motivation. Des sauts de nuit ou sous différentes conditions météorologiques, tout ce qui me plaisait ! Une trentaine de sauts effectués au total. Retour en Normandie où j'ai rapidement trouvé du travail dans une librairie papeterie à Caen dans le Calvados en 1989. J'ai toujours adoré le cinéma et la lecture. Avec une prédisposition pour le polar. Beaucoup vu, beaucoup lu.
D'autres genres littéraires que le noir ?
Je ne m'interdis rien mais le noir me va très bien. Pour autant, plus je vieillis et plus le coloré m'attire ! Mes deux romans s’inscrivent dans le polar – au sens large du terme – mais n’ont à vrai dire pas grand-chose en commun. L’un est un thriller pur et dur, l’autre est un polar déjanté, humoristique, à tendance ovniesque. J'aime le roman policier, clairement, sous toutes ses formes. Parce qu'il est diversifié, peut s'écrire fantaisiste ou réaliste, historique ou fantastique. Je me sens autant à l’aise chez Agatha Christie que chez Maxime Chattam. On peut d’ailleurs aimer Nadine Monfils et Gilles Vincent, Stanislas Petrosky et Jo Nesbo.
Le polar, sous couvert de divertissement, de ludisme, est un genre qui autorise les débordements, les digressions, qui se marie à toutes les sauces, emprunte toutes les voies. Historique, humoristique, social, thriller, gore… Autant de sous-genres qui permettent et promettent beaucoup. « Jouer avec les apparences », l’un des dénominateurs communs au genre. Mon premier roman était un pur thriller, nerveux et tendu, tandis que le second est plus coloré, déjanté, voire azimuté. Je n’ai pas écrit le second en réaction au premier, juste l’envie d’écrire autre chose à l’instant T. C’est ce qui prédomine dans mes envies en général. Je reste encore « jeune » dans le métier, mais je sais aussi que j’aime toutes sortes d’univers. J’ai ainsi dans mes « cartons » un roman qui débute en 1870 et se poursuit jusqu’en 1955, du genre Agatha Christie, ainsi qu’un roman noir pré-apocalyptique… qui n’aura rien à voir avec le confinement et le Covid, je vous rassure ! Pas une dispersion en soi mais davantage un besoin de changer d’air, d’explorer d’autres contrées du noir.
Pourquoi écrire ?
C'est venu assez naturellement en fait. J'étais à la base un grand lecteur doublé d'un grand cinéphile. « J'étais », oui, parce que j'ai peu à peu revu mes prétentions à la baisse avec l'écriture qui, entre recherches et construction des intrigues, prend un temps fou !
On peut dire que je suis tombé dedans quand j'étais petit. J'ai commencé avec la bibliothèque rose mais surtout verte et la collection rouge & or (Langelot, les 6 compagnons, Michel, les frères Hardy etc...) puis enchaîné ado avec les Jules Verne, Agatha Christie, Gaston Leroux, John Buchan (écrivain à mon sens trop mésestimé, auteur entre autres de « Les 39 marches » adapté par Hitchcock), S.A. Steeman (L'assassin habite au 21...) Pour les films, j'aime beaucoup de titres à chaque décennies passantes, aussi bien ceux des années, 30, 40, 50, 60, 70, 80 que les plus récents. Un éventail trèèèèès large, donc !
J'ai également eu ma grosse période jeux de rôle à la fin des années 80 (L'appel de Cthulhu, Donjons et dragons...), des jeux développant l'imagination et qui « valorisaient » un certain background littéraire. Des jeux dans lesquels je préférais toujours tenir les rênes de l’histoire, donc être celui qui la déroule le « Maître du jeu » plutôt que celui de PJ (Personnage Joueur), le héros à incarner dans l'aventure. Cependant, si se baser sur des histoires préexistantes pour conduire le récit ou en inventer de nouvelles pour ce type de jeu me plaisait, le côté « éphémère » de la chose me gênait. Bref, il me manquait quelque chose pour être pleinement satisfait. D'où l'écriture qui est arrivée comme une évidence. Quoi de mieux que d'écrire et d'inventer son histoire rêvée ? C'est véritablement ainsi que tout a commencé. Je me suis mis à écrire au milieu des années 90... et n’ai que très récemment (2017) envoyé le manuscrit de mon premier roman !
Pourquoi le thriller ?
En raison de mes lectures j'imagine... Mes films et romans favoris sont des thrillers. Mes goûts personnels tendent vers ce genre-là.
Le polar est un genre qui autorise toutes les fantaisies, qui permet aussi de parler de la « vie » sous couvert de divertissement. Je revendique diverses influences, d'Alfred Hitchcock, William Friedkin aux premiers Guy Ritchie pour le cinéma en passant par Maurice Leblanc, Sax Rohmer (Fu Manchu), Michael Connely, Serge Brussolo (dont la production littéraire est ahurissante), Jean-Luc Bizien, Peter Straub, Dean Koontz, Franck Thilliez... et beaucoup, beaucoup d'autres...
Comment l’idée est-elle venue d’écrire Les loups et l'agneau ?
D'une manière plutôt particulière. J'avais écrit en 2005 un pavé largement imbuvable (donc indigeste) de 800 pages, un roman d'espionnage / action / aventure non maîtrisé qui partait dans toutes les directions... mais surtout droit dans le mur ! En lisant la « chose », ma femme m'avait très justement fait remarquer le fait que je pouvais facilement y puiser trois ou quatre histoires indépendantes. On y trouvait notamment quelques chapitres d'une fillette enfermée dans un réduit ainsi qu'un personnage de brute épaisse, Borg, qui n'interagissait pas avec elle. Ces deux individus, l'idée du réduit, de l'isolement, sont ainsi extraits de l'ADN du pavé. Et puis... une seconde raison pour Les loups et l'agneau : La nouvelle : Blind Test, rédigée il y a un bail, une histoire de captivité, un « captivity thriller » comme disent les américains. Je n'aime pourtant pas spécialement me répéter, j'étais assez satisfait de la nouvelle mais j'avais aussi envie de me replonger dans ce type d'histoire. Je sentais que je pouvais développer l'idée d'enfermement sur un nombre de pages plus conséquent mais surtout le faire d'une manière plus viscérale. Apporter d'autres éléments en plus du côté introspectif de la nouvelle. Développer, exploiter davantage cette notion d'isolement avec plusieurs individus. Les loups et l'agneau découle donc de ces deux raisons.
Style et traitement du roman :
Lorsque j'écrivais sur Les loups, j'avais en tête les films des années 70, ceux qui mêlaient espionnage et polar. « Scorpio » de Michaël Winner avec Lancaster et Delon est l'un de ceux-là. Ce n'est clairement pas un chef d’œuvre mais j'aime l'atmosphère qui s'en dégage, ses personnages désabusés, revenus de tout. Des protagonistes qui sonnent « vrais », qui ne s’embarrassent pas de plaire à tout prix ou au plus grand nombre et qui se fichent de paraître mal aimables aux yeux des spectateurs. « Peur sur la ville », « L’aîné des Ferchaux », « Canicule », « Police fédérale Los Angeles » m'ont également inspiré par leurs ambiances et « gueules » de cinéma qu'ils proposaient.
Il n'y a rien de « calculé » dans ce premier roman. J'ai juste souhaité lui imprimer une patine seventies. Avec en tête les films de ces années-là comme je l'ai dit précédemment, ces films qui installaient calmement leur histoire avant d'accélérer brusquement dans leur dernière partie. Des métrages d'1h30, 1h40 sans gras superflu, qui n'avaient pas besoin d'étaler leur histoire sur plus de 2 heures boursouflées. J'aime beaucoup les films des années 70 parce qu'ils prennent le temps qu'il faut pour poser un cadre, une histoire, parce qu'ils se fichent des « happy end » de rigueur. Il y a un refus du lissage, du compromis qu'on retrouve assez peu dans les films actuels, devenus souvent très consensuels. A cette époque, le cinéma était plus nuancé, davantage de zones grises et moins de noir et blanc, histoires et personnages inclus. Je voulais que certains personnages soient présentés en amont et laisser aux autres protagonistes du roman le soin de dérouler leur vécu dans l'action. Il y a ainsi une phase d'exposition pour quelques-uns des personnages (comme un long prologue) et une approche différente pour les autres. Je considère aussi qu'il n'est pas nécessaire de tout expliquer au lecteur. Je ne parle pas de «frustration » mais bien d' »imagination ». Le lecteur doit avoir les clés de la maison, mais pas forcément celles de toutes les pièces. Le lecteur est apte à combler certains blancs tout seul. J'ai également souhaité employer des temps différents dans le roman. Un traitement à mon sens adéquat selon les parties du livre. Le passé et l'imparfait pour la partie 1 du roman, un retour au temps du présent en « 1981 ». Parce qu'il m'a semblé que ça favorisait ainsi l'immersion du lecteur, que ça participait grandement à l'identification avec les personnages. Enfin dans sa structure et son ambiance, on peut dire que « Les loups et l'agneau » est davantage un roman noir qu'un roman à twists, à énigme. Même s'il réserve bien sûr quelques surprises !
Pour conclure :
L’évasion, dans le sens large, pourrait être la sensation à transmettre au lecteur, du moins est-ce la mienne, là, maintenant. D’où mes envies diverses et variées. De par ses multiples sous-genres, le polar vous convie à ça.
Et si vous me réinterrogez dans quelque temps, peut-être modifierais-je mes propos, peut-être vous dirais-je que je cherche dorénavant à éveiller les consciences sur l’état de la planète, sur le mouvement « Balance ton porc », les migrants, ou quelque grande cause mondiale. Parce que l’individu, tout comme l’écriture, est changeant. L’homme mûrit en écrivant, affine son style, s’éveille à des sujets qu’il n’aurait peut-être pas été capable de traiter avant… Lorsque vous piochez çà et là des éléments qui questionnent la société, interrogent l’individu, c’est bien. Quand vous parvenez à allier le fond et la forme, c’est encore mieux. C’est aussi une affaire d’état d’esprit au moment où vous vous penchez sur votre clavier mais ça, c’est une autre histoire !
Bibliographie
Romans :
« Les loups et l'agneau », collection Polars en Nord chez Airvey éditions, roman précédemment paru aux éditions Ravet-Anceau le 28/08/2017. (Prix Découverte des Mines Noires 2018 ex aequo avec Soul of London de Gaëlle Perrin-Guillet)
« La méthode Venturi », collection Polars en Nord chez Airvey éditions précédemment paru aux éditions Ravet-Anceau, le 28/01/2019.
Note : La collection « Polars en Nord a été reprise depuis avril 2019 par Airvey éditions.
Nouvelles :
« Blind test », nouvelle parue chez Edilivre en février 2016.
« Le nouveau », nouvelle parue dans le recueil « 22, les v’la ! Tome 1», collectif polar édité en mai 2018 par l’association La Salamandre Liseuse.
« Mon ami Butch », nouvelle parue dans le recueil « 22 Long Rifle Tome 1», collectif polar édité en mai 2019 par l’association La Salamandre Liseuse.
«Le colosse au pied d’argile », nouvelle parue dans le recueil « 24 nouvelles de l’Avent », collectif édité en novembre 2019 par les éditions Koikalit.
« Un camembert qui a du chien ! », nouvelle parue dans le recueil « Les douze sales polars se mettent à table… en Normandie », collectif polar édité en mars 2020 par les éditions de la Gronde.
À paraître : Une nouvelle dans le recueil Storia, qui sera édité chez Hugo poche le 15 octobre 2020.
https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=ZI3qn8ftOIY
https://www.youtube.com/watch?v=7k0ljxA78DI
/image%2F0535626%2F20201019%2Fob_d7eaa2_a.jpg)
Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres...
Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
https://www.facebook.com/pageculturejustice
A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
/image%2F0535626%2F20201021%2Fob_193a78_thumbnail-20201021-150612.jpg)
Politique éditoriale de la page "Culture et Justice" - Le blog de Philippe Poisson
Le carnet de recherche de Criminocorpus a été créé en 2008 sur la plateforme Hypotheses avec l'objectif de couvrir l'actualité de la recherche en histoire de la justice. Il s'est progressiveme...