Actualisation portrait du jour "Culture et Justice" - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Corine Valade
"Culture et Justice" reçoit Corine Valade qui a publié le 13 juin 2019 L’arbre des oublis aux éditions Centre France Livre De Borée.
Corine Valade vit actuellement en Seine et Marne. Élue dans sa commune et présidente d’une association culturelle, elle anime un café littéraire et organise des événements, des expositions et un festival autour du théâtre et de la lecture. Pour le plaisir de garder une part d’enfance, elle présente des spectacles de marionnettes. Ses romans touchent de plus en plus de lecteurs car elle mêle avec dextérité fiction et éléments historiques et ses livres offrent une réflexion certaine sur la condition féminine et les moments forts qui ont marqué les hommes…
"Tous les rêves sont permis" avec Corine Valade sur notre site. Ph.P.
Portrait du jour pour "Culture et Justice"
Pouvez-vous faire une présentation de vous et de vos débuts dans l’écriture ?
Mes racines sont multiples. Du côté paternel, mes aïeuls Italiens ont émigré en France à l’arrivée de Mussolini. Mon grand-père est venu rejoindre les mineurs de fond à Auboué, dans l’Est avant de fuir à nouveau… Mon père a fait partie des enfants réfugiés en Creuse en 39/45. C’est là qu’il a rencontré ma mère car de son côté, tous sont Creusois : paysans, limousinants, cheminots.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé « voyager dans ma tête » et par-dessus tout qu’on me raconte des histoires. Petite fille, mon papa faisait parler ma peluche tous les soirs pour m’endormir ; c’est sans doute ce qui m’a donné l’envie de créer des spectacles de marionnettes. Les miennes parlent de mixité, de non-violence, de rêves éveillés… et s’adressent aux petits comme aux grands.
J’ai toujours aimé écrire. Enfant, c’était des petites histoires et des poèmes gentils. A l’adolescence, j’admirais déjà Beaudelaire et Verlaine. Mes mots criaient et hurlaient ce que j’avais en moi… Il a fallu quelques années de plus pour « entrer » en écriture. C’est en 1995 que j’ai eu le déclic avec un premier roman « Le son du violon qui pleure » qui traite du conflit en ex-Yougoslavie. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il me fallait dénoncer tout ce qui me choquait ! Puisque j’avais la plume facile, j’allais m’en servir comme d’une arme : des mots simples contre un mur de silence…
Les raisons qui vous ont poussée à écrire et la description de vos ouvrages
Écrire pour comprendre et maintenir le souvenir de faits souvent méconnus, voire sciemment occultés, par le roman.
« Gueules cassées, et alors ! » ed. poche De Borée porte sur la reconstruction physique et psychologique des Gueules Cassées grâce à la création de leur association en 1921 jusqu’à la seconde guerre mondiale.
« Le printemps d'Aurélien » et « Victoire » ed. poche De Borée abordent la Commune de Paris, le monde ouvrier au 19e siècle, l’affaire Dreyfus, l’Algérie sous Ferry, le combat des femmes pour améliorer leur sort et obtenir le droit de vote ( Hubertine Auclert, Rosa Bonheur, la journaliste Severine… )
« Léopoldine » ed. poche De Borée dévoile le sort réservé aux Mutins de la Courtine, et l’organisation des services de santé de l’armée en 14/18.
« L’audace d'une étoile » ed. brochée de Borée est une biographie romancée de Mauricia Coquiot qui fut femme de spectacle dans les plus grands cirques du monde, égérie des grands peintres tels Picasso, Chagall et Valadon et une des premières femmes maires de France en 1945 .
« L’arbre des oublis » ed. spécialeDB centre France Livres sorti en juin de cette année raconte l’exil forcé de plus de 2150 enfants déplacés de la Réunion vers la métropole de 1963 à 1982… Ce roman a demandé deux ans de travail. J’ai été reçu au ministère des OM pour la présentation du rapport sur la transplantation des mineurs de la Réunion en France hexagonale en mars 18. Je me suis d’ailleurs inspirée de ce dossier pour aborder cette affaire extrêmement sensible. Je suis allée à la rencontre de Réunionnais et de Creusois directement concernés. Conviée par le président de Racinn Anler et l’historien Philippe Bessière lors de ma visite sur l’île de La Réunion, j’ai également débattu du sujet avec des universitaires de Saint Denis de la Réunion, peu et mal informés.
Il me parait essentiel que cette histoire soit « portée » par le roman, avec un regard élargi sur les faits. Les différents personnages qui s’opposent permettent de mieux en appréhender les tenants et les aboutissants. Ils démontrent qu’on ne peut généraliser, chaque cas ayant des spécificités bien précises (ce qui aujourd’hui alourdit la tâche de l’État) La résilience passera par une information plus juste et par l’instruction de cette histoire auprès des scolaires. J’ai prévu d’écrire un livre illustré pour enfants, inspiré de ce roman et de son personnage principal.
L’écriture vous sert-elle de résilience ?
Ce n’est pas mon but même si l’écriture aide à expulser la violence que l’on ressent face à l’injustice. Il est essentiel d’aborder des sujets de société qui font débat tels l’homosexualité, le viol, l’adoption… j’ai fait des études de psycho et de droit de la famille, je suis impliquée dans la vie politique de mon village et je crois qu’il est essentiel de rappeler aux jeunes ( et aux moins jeunes !) que rien n’est jamais acquis et qu’une démocratie qu’on pense bien établie est une démocratie en danger. Toujours, il faut rester sur ses gardes.
Qu’elle est la question que vous aimeriez qu’on vous pose et répondez-y !
On ne connait de vous qu’un visage souriant. Est-ce à dire que vous êtes une optimiste inconditionnelle ?
Je suis née la bouche fendue jusqu’aux deux oreilles. Ce n’est pas toujours aussi facile à vivre qu’on pourrait le penser ! On ne me prend pas toujours au sérieux, parfois sur certains salons du livre on me demande si je connais l’auteur des livres que je présente ! Les actualités me rendent malades, le monde va mal… Le sourire me permet de tenir, c’est une auto défense efficace et c’est également un outil exceptionnel de communication. Le sourire aide à mieux vivre car il est vecteur d’énergie positive !
Mon pire souvenir en dédicace ?
Une journée entière à admirer un sol parqueté et ciré dans un château lors d’un salon du livre où la foule n’était pas au rendez-vous ! Allez, un autre, récurent : j’oublie systématiquement le prénom des connaissances qui viennent me voir sur mon stand ! C’est à chaque fois un grand moment de solitude quand je demande « C’est pour qui ? » et qu’on me répond : « Pour moi ! »
Votre prochain ouvrage ?
Cette fois-ci, je m’intéresse aux jardins ouvriers du fort de St Denis… C’est un parcours à deux voix : celle d’une jeune fille qui prend soin d’un vieil homme malade, un ancien jardinier du fort. Il lui raconte sa vie et petit à petit, elle va relier sa propre histoire à celle de cet homme. Il y est question de STO mais aussi des femmes françaises parties de leur plein gré travailler en Allemagne durant la seconde guerre mondiale. Je parlerai également du sort des Berlinoises en 1945… Là encore le sujet est terrible mais passionnant ! Ce roman en cours d’écriture est tiré d’une histoire vraie. J’ai passé de longs moments à écouter les confidences de Gilbert, 97 ans, décédé la semaine dernière…
Quel roman vous a le plus marqué ?
Si vous voulez parler des miens, je les aime tous, avec leurs qualités et leurs défauts. Ils sont ce que je suis… Pour mes lectures personnelles, il me vient : Le palais de glace de Vesaas, Une vie de Simone Veil, En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut … il y en a bien d’autres mais je ne vais pas vous faire… la liste de mes envies !
Quelques mots pour mes lecteurs ?
Soyez curieux dans vos lectures ! Acceptez de partager des univers différents des vôtres et d’être bousculé dans vos choix ! Le livre est un voyage avec tout ce que cela implique de bon ou de moins bien. Le lire ensemble est un art de vivre…
Un grand merci à Philippe Poisson et à "Culture et Justice" pour ces « portraits du jour » divers et variés qui élargissent notre horizon… parce que la Culture est au cœur de nos préoccupations !
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Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres...
Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
Relecture et mise en page Ph. P et S.P.
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Politique éditoriale de la page "Culture et Justice" - Le blog de Philippe Poisson
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