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Portrait du jour - Émotions artistiques avec le premier roman policier de Cécile Calland : "Pris dans la Toile"

Reprise du portrait du jour criminocorpus - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Cécile Calland  sur mon blog personnel.

Cécile Calland est née près de Lille de parents ouvriers. Biochimiste de formation, elle vit à Toulouse où elle partage son temps entre son mari et un fils, son travail d’ingénieur commercial et l’écriture.

La page FB de Cécile : @callandcecile

Émotions artistiques avec le premier roman policier de Cécile à qui nous souhaitons la bienvenue sur le très sérieux "Culture et Justice".

"Pris dans la Toile" paru en 2019 chez Lucane Éditions.

 

 

D’où vient votre envie d’écrire ?

Elle a surgi il y a deux ans et ne m’a plus lâchée depuis. Je me revois un après-midi de juin m’emparer d’un cahier d’écolier et y retranscrire les grandes lignes de mon rêve éveillé du moment (vous savez ces histoires que l’on se raconte à la faveur d’un demi-sommeil et qui s’enrichissent soir après soir). Ce que je croyais être la trame d’un récit complet s’est avéré être la première marche d’une histoire d’à peine trente pages. Alors j’ai compris une chose : bâtir un plan ça sert surtout à se rassurer, ça ne présage pas des chapitres à écrire. Et c’est tant mieux, votre liberté est infinie. Durant la progression des premières scènes, je me disais : jusqu’ici tout va bien, mais après ? Puis ligne après ligne, l’histoire m’a embarquée. J’y suis entrée, m’y suis sentie bien, je n’ai plus voulu en sortir. Écrire l’épilogue fut un régal et une déchirure ; le sentiment douloureux d’abandonner des proches sur le quai d’une gare... Pour combler le manque, je suis repartie en voyage à la rencontre de nouveaux personnages. La semaine suivante, l’amorce d’un nouveau récit se formait sous ma plume.

Pourquoi écrire des polars ?

J’aime le côté ludique du genre. Le polar supporte les situations rocambolesques qui, si elles semblent fantaisistes, sont souvent surpassées par l’absurdité des faits divers. Alors il permet d’être créatif. Ensuite, j’avoue une certaine tendresse envers les policiers (j’espère ne pas être la seule). Pour l’ancienne femme de flic que je suis, dire que leur métier est ingrat n’est pas une vue de l’esprit. Mon roman est une façon de leur témoigner gratitude et admiration.

Quelles sont vos influences littéraires ?

Elles sont multiples. Depuis toute petite, je lis chaque soir. Des romans, des policiers, des sagas médiévales… Kessel, Prévert, Camus ont accompagné mon adolescence. Thomas B. Reverdy, Nina Berberova ont pris le relai, Houellebecq s’est imposé. Je (re)lis ses romans avec gourmandise. Déprimants diront certains, jubilatoires en ce qui me concerne. J’éclate de rire comme si je lisais un San Antonio, et pourtant, avec une ironie cinglante, l’auteur dissèque notre société au bout du rouleau, notre apathie et notre sottise. Houellebecq, sociologue visionnaire ? Captivant et diabolique.

Quelles sont vos sources d’inspirations ?

La vie. J’aurais été incapable d’écrire à vingt ans sans avoir vécu, vu s’écrouler mes certitudes, surmonté des deuils successifs, recherché distanciation et désinvolture, bref avoir de la matière, et dégager de cette gangue, les pépites qui me font vibrer. L’humour, la bienveillance, les relations homme-femme pour ce qu’elles ont de touchant me séduisent. Nos différences font l’harmonie ; observez autour de vous la recherche et la fusion des contraires… En ce sens, je fuis les débats féministes, l’écriture inclusive, les aigreurs et la victimisation. Il m’est arrivé, comme tout un chacun, de me voir imposer des barrières. Je les ai contournées et j’exerce le métier souhaité : depuis plus de vingt ans, les semaines s’égrènent au fil de mes déplacements professionnels avec, à la clef, autant de rencontres. Une source de personnages et d’anecdotes inépuisable.

L’écriture vous sert-elle de résilience ?

J’espère que non. En fait, je n’en sais rien. S’il faut démissionner quand tout va bien, écrire c’est pareil. Rien de solide ne se construit sur des ruines fumantes. Faisons grâce au lecteur de nos souffrances personnelles, il a les siennes, offrons-lui un moment d’évasion. Bien sûr cela n’engage que moi, chacun fonctionne différemment. Il y a quinze ans, ma fille décédait. Exploiter sa disparition sous une forme littéraire m’est inconcevable. Je n’oublie rien, je ne me débarrasse de rien. Tout est là en moi, intégré et intact. Pourquoi publier sa douleur ? Pourquoi la lire ? Le temps est précieux, égayons notre quotidien.

Vous l’avez compris, je conçois l’écriture comme un divertissement (très efficace pour contrer les injonctions de performance de nos vies professionnelles), elle est une oasis sur laquelle il fait bon se prélasser. Afin qu’elle reste accueillante, je ne la force jamais ; si les mots ne viennent pas, je fais autre chose, des câlins à mon ado par exemple. Le moment propice jaillira, l’histoire de quelques heures, et la maman envahissante repartira sur les chemins d’un monde imaginaire.

L’écriture : éloge de la lenteur

Parlez-nous de votre roman "Pris dans la Toile"

Vous y trouverez, je l’espère, l’ambiance d’une tragi-comédie. Les relations chaotiques entre un homme et une femme y ont la place belle. Un flic et une détenue, opposés par leur condition respective, vont unir leurs efforts dans un but commun. Point de gore, la peinture en appât. L’enquête mènera les personnages en Italie, pays pour lequel j’avoue un amour total, démesuré et assumé. Incroyable cadeau hérité de ma famille maternelle d’origine italienne dont je me nourris à l’envi.

Une dédicace à l’attention de vos lecteurs ?

Puissent Lorène et Marc, mes personnages, vous prendre par la main !

À l’instar de mon premier lecteur qui a dévoré les 324 pages de Pris dans la Toile en 24 heures. L’équivalent pour moi de 18 mois de travail…

Voyager grâce à une distorsion temporelle ? En voilà un sujet.

Un nouveau roman prévu pour bientôt ?

Un second roman policier : « Lettres mortes », à paraître le 19 février 2021 aux éditions Lajouanie. Le protagoniste principal est un policier Alsacien muté à Toulouse. Il va devoir composer avec ses obsessions, une lieutenant-stagiaire qu’il déteste, une hiérarchie aux abois et un tueur qui se balade en ville. Un roman plus décalé que le précédent, avec de l’humour (je l’espère) et bien sûr, vous n’échapperez pas à une nouvelle escapade italienne...

 

 

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph. P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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