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Actualisation portrait du jour sur la page FB "Culture et justice" - En attendant de publier ce portrait  dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Frédéric Angleviel

Culture et justice reçoit avec infiniment de plaisir l’historien Frédéric Angleviel. Son dernier ouvrage Poulo Condore - Un bagne français en Indochine - vient d'être publié aux Editions Vendémiaire .

Né à Nouméa, Frédéric Angleviel est spécialiste de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique. Appartenant à la communauté caldoche, il est aussi reconnu pour ses travaux par la communauté kanak. Il dirige la revue Annales d’histoire Calédonienne.

Bienvenue Frédéric sur le très discret et prisé carnet criminocorpus. Ph.P.

Nous nous sommes demandés pourquoi un spécialiste de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna venait de publier l’ouvrage historique qui manquait pour comprendre le bagne indochinois de Poulo Condore ?

Frédéric Angleviel, professeur des universités d’histoire contemporaine à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, nous a répondu sur deux registres : professionnellement, il a déjà travaillé sur l’univers carcéral calédonien, en particulier un roman historique sur la biographie de son arrière-grand-père, bagnard de droit commun qui devînt « maire » de sa commune[1] 001 ; humainement, il voulait réaliser un ouvrage sur un sujet qui puisse un jour interpeler la petite Elodie Thanh qu’il a eu depuis peu avec son épouse vietnamienne. Or, lorsqu’il avait évoqué le temps de la colonisation française avec plusieurs Vietnamiens, revenait toujours « l’archipel dont on ne revenait pas ». Son ouvrage ne pouvant pas s’appuyer sur les archives du bagne qui ont été brûlées en 1945, il a développé une approche qualitative à travers les témoignages, les textes administratifs, la presse et les trop rares rapports d’inspection. Oui, Poulo Condore était un mouroir volontaire et occulté qui avait pour objectif de faire partie du système répressif permettant à 30.000 Français (femmes et enfants compris) de dominer 20 millions d’Indochinois.

Frédéric Angleviel a aujourd’hui 58 ans et son parcours nous permet de comprendre comment il est arrivé à publier une trentaine d’ouvrages souvent méconnus en métropole.

Néo-Calédonien, il nait à Nouméa en 1961 et fait ses études d’histoire à Montpellier, avec une ouverture sur la géographie et l’anthropologie. Trois licences, trois DEA puis un CAPES d’histoire-géographie et en 1989 une thèse nouveau régime sur l’histoire de Wallis et Futuna au XIXe siècle (l’ouvrage qui suivra aura le prix Auguste Pavie de l’Académie des sciences d’outre-mer 002). Après son CPR à Sucy-en-Brie, il fait son service militaire civil (VAT) dans la brousse calédonienne et devient professeur à l’école normale de Nouméa.

Lors de la création de l’université française du Pacifique en 1988, il devient vacataire et aujourd’hui il est de ce fait le plus ancien « membre » de l’université de la Nouvelle-Calédonie.

En 1990, il est le porteur de la commission d’adaptation des programmes réalisée par l’État et pour continuer le travail théorique par la pratique, il devient le directeur du Centre Territorial de Recherche et de Documentation Pédagogique de la Nouvelle-Calédonie. Grâce au fait que la métropole avait envoyé des grands commis de l’État, une politique volontariste permet de mener des actions fortes dans le cadre des accords de Matignon-Oudinot.

Un manuel collectif d’histoire de la Nouvelle-Calédonie CM[2] sort dès 1992  et il est prévu d’étudier l’histoire controversée de la Nouvelle-Calédonie pendant 25% du temps scolaire. F.A. pousse le territoire de Wallis et Futuna à publier un manuel d’histoire-géographie dès 1994 puis sortent des manuels de lecture pour la Nouvelle-Calédonie - mais aussi le Vanuatu - et de sciences naturelles. Le processus d’adaptation étant engagé, lorsque le premier poste de Maître de conférences d’histoire est créé à Nouméa, F.A. entre à l’université en 1993.

Chercheur, il travaille surtout sur les processus d’évangélisation, les vagues de peuplements dans les « possessions » française du Pacifique Ouest (NC, WF et les Nouvelles-Hébrides, aujourd’hui Vanuatu) et les sources de l’histoire. C’est la décennie des colloques, des articles, des jury de DEA et des missions d’enseignement pour l’université de la Polynésie française et l’école normale de Wallis et Futuna.

Coordinateur, il publie de nombreux ouvrages collectifs ou des actes de colloques et il lance plusieurs séries d’ouvrages : la collection 101 mots pour comprendre, 13 ouvrages ; les Annales d’histoire calédoniennes, 2 ouvrages ; la collection Fac-similés océaniens, 9 publications ; et surtout depuis 2005 la collection Portes Océanes[3] à L’harmattan, 52 ouvrages dont déjà 3 en 2020 !

Acteur associatif et culturel, il crée l’association des diplômés calédoniens, puis l’association Thèse-Pac qui a rassemblé à ce jour 500 travaux universitaires aux archives territoriales et enfin le Groupe de Recherches en histoire océanienne contemporaine, qui de 1997 à nos jours a publié une vingtaine d’ouvrages en Nouvelle-Calédonie, que l’on trouve généralement à la Grande bibliothèque. Sur le plan culturel, il dirige bénévolement la Fédération des Œuvres Laïques de la Nouvelle-Calédonie pendant trois ans (ce qui lui vaut de devenir chevalier des arts et des lettres), il fait partie de nombreuses associations et lorsqu’il fut conseiller municipal de Nouméa il préside le comité des villes jumelles.

Devenu professeur des universités en 2004, sa carrière universitaire est suspendue de 2008 à 2019 et, devenu historien libéral, il commence à publier des ouvrages grand public, soit commandités par des collectivités (1 ouvrage pour le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, 1 ouvrage pour le Territoire de Wallis et Futuna, 3 histoires de municipalités, 3 histoires d’entreprises), soit avec des éditeurs privés (5 beaux livres sur les sources historiques comme Les photographies calédoniennes d’antan). Par ailleurs, remarié avec une Vietnamienne qui continue à travailler à Saïgon jusqu’en 2022, il passe la moitié de son temps au Vietnam, véritable résidence d’écriture grâce au fait que plus personne n’y parle la langue française et que rares sont ceux qui parlent anglais.

Ceci lui permet d’écrire un essai consacré à la Nouvelle-Calédonie par an depuis 2018 et de se remettre à des publications littéraires[4] grâce à des éditeurs quasiment à compte d’auteurs qui ont bien des torts mais qui permettent de libérer la parole de tous ceux qui ne seraient jamais publiés par les grands éditeurs, voire les éditeurs spécialisés et les éditeurs gagnants-gagnants comme L’harmattan ou Karthala.

C’est le moment de revenir aux éditions Vendémiaire. Après avoir publié en 2015 une histoire de l’affaire d’Ouvéa qui reçoit le prix science du festival du livre insulaire d’Ouessant, il y édite en 2018 une histoire de la Nouvelle-Calédonie évoquant longuement le bagne et les déportations politiques. Et en janvier 2020 il vient de publier Poulo Condore - Un bagne français en Indochine[5].

Dans ses projets, nous retiendrons une histoire de la déportation politique en Nouvelle-Calédonie (1872-1895).

PS : Pour plus de détails, voir la fiche wikipedia.

 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Angleviel)

 

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph. P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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