Reprise du portrait du jour criminocorpus du 24 octobre 2019 - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Pauline Hirschauer, sur mon blog personnel.
"Culture et Justice" reçoit avec infiniment de plaisir la romancière Pauline Hirschauer auteure de la trilogie Les tribulations de Caméliope.
Nous avons demandé “au plus beau sourire de Nîmes”, la romancière Anne Combe de réaliser l’interview de Pauline Hirschauer pour "Culture et Justice".
Bienvenue Pauline sur le très prisé et discret "Culture et Justice". Ph P
Comment parler de la romancière Pauline Hirschauer sans évoquer cette formidable énergie et le tourbillon d’activités qu’elle mène tambour battant autour de ce qui lui importe le plus : l’humain. Maman de trois enfants et enseignante en Ulis* dans un collège nîmois, elle est amenée à réfléchir au quotidien autour des processus d’écriture et de lecture, avec toujours l’envie, le goût de transmettre la culture à ses élèves. C’est peut-être là son matériau de base pour écrire des romans (formant la très drôle et décalée trilogie Les tribulations de Caméliope que je vous recommande chaudement) à la fois ancrés dans la réalité, mais aussi légers et pleins de fantaisie. à l’image de cette auteure nîmoise qui nous fait voyager un peu partout, de sa Bretagne natale à l’Inde, en passant par l’Espagne ou le Gard, autant de lieux où Pauline Hirschauer a un jour posé ses valises et qu’elle nous permet de découvrir à travers son regard empli d’émerveillement, ouvert à la vie.
Anne Combe : Pauline, dans ta trilogie, tu dépeins le quotidien réaliste et haut en couleur de Caméliope, cette trentenaire « fraîchement divorcée », « bien dans son temps » et dans son quartier, à la tête d’une tribu de trois charmants enfants. On sent l’importance et la solidarité de son entourage, épique et déjanté, toujours là pour elle, prêt à embarquer dans des aventures les plus folles, comme s’envoler dans le continent indien pour mener une enquête des plus rocambolesques (voir tome 1 Des banlieusards déjantés jouent au détective en Inde).
Quand on te connaît, on fait automatiquement le rapprochement entre ton héroïne et toi… à tord ou à raison ?
Pauline Hirschauer : à raison! Pour conter, je pars toujours de ce qui m’entoure. On peut parler d’auto-fiction pour certains aspects comme le fait d’avoir trois enfants, de bien connaître l’Inde, d’avoir enseigné dans un quartier difficile ou d’avoir habité dans un immeuble animé. L’armature de mes romans est bien ancrée dans des situations de vie réelle que je détourne au profit de la trame narrative.
Je suis aux premières loges de la Vie. Même si je n’ai pas vécu en direct les aventures loufoques de mes personnages, je ne vais jamais chercher loin, car oui, la matière vivante est sous mon nez. Je vis mes livres et si mes livres parlent de vécu indirect, ils m’incarnent totalement dans ma manière d’être.
A. C. : Dans chacun de tes romans, on est tout de suite entraîné dans l’histoire que tu déroules à un rythme trépidant, avec beaucoup de fluidité et d’originalité, grâce notamment à des personnages attachants, caricaturaux, et à cette alternance entre une écriture poétique, burlesque mais toujours très ancrée dans le quotidien et des passages proches du carnet de voyages ou de la carte postale. Peux-tu nous en dire plus sur la façon dont tu travailles tes romans ? Où vas-tu puiser toutes ces histoires très différentes que tu parviens toujours à ficeler en un tout cohérent qui tient le lecteur en haleine ?
P.H. : J’ai effectivement un besoin viscéral d’être ancrée dans la réalité et je m’appuie sur les mots pour stabiliser le tourbillon éphémère et troublant de ma vie. Très jeune, j’ai pris l’habitude d’écrire des carnets de bord. Lorsque j’habitais en Inde, je vivais en immersion totale tout en gardant mon identité d’occidentale avec une mise à distance aidée par l’écriture.
J’aime observer, je suis très contemplative. On retrouve dans mes romans, notamment Retour à Capacty-le-Soubresault , un regard à la fois sur ce qui m’entoure et vit en moi. J’ai les pieds sur terre et la tête sur l’épaule, ce qui me donne la liberté de forcer le trait au point de friser la caricature et le burlesque. C’est une manière de dédramatiser les enjeux à vif de la vie. J’écris à la volée, entre deux tranches de quotidien ou pendant les vacances, lorsque je suis seule. Je ne connais pas le syndrome de la page blanche car la vie ne connaît pas le panneau stop.
J’apprends à construire mes histoires pour donner du rythme et j’affine, au fil de mon écriture, le travail de structuration du récit. Dans le tome 3 Lâchez-moi les tétines !, les chapitres sont rythmés par des rebondissements qui montent en puissance et des moments plus lyriques, où le lecteur souffle. J’écris pour être lue et garder l’enthousiasme du lecteur est primordial, c’est pourquoi, nous embarquons ensemble dans la croisière lecture-écriture.
A. C. : Tu organises les rencontres littéraires Paroles d’auteurs à Nîmes et préside cette année le concours de nouvelles Anim’ta plume . Un mot sur ton rapport aux livres, à l’écriture, et sur la manière dont tu parviens à les intégrer à une vie familiale et professionnelle bien remplie ?
P.H. : Oui, j’organise avec toi les rencontres Paroles d’Auteurs qui permettent de mettre en lumière des écrivains en mariant les arts des lettres et des notes. La prochaine rencontre aura lieu mardi 12 novembre avec les auteurs Thierry Chambon (De l’autre côté du tableau) et Patrick Porizi (Hirudo).
En parallèle, je préside le concours de nouvelles d’Anim’ta Plume qui, pour cette édition 2030, tu redécouvres ta ville, mobilise une réflexion passionnante sur l’environnement à travers l’écriture.
J’arrive à conjuguer mon travail d’enseignante, ma vie familiale et mes activités littéraires, entre autre, parce que ce sont des domaines dans lesquels j’interagis beaucoup avec autrui, ce qui est une formidable ressource. En fait, ces trois sphères communiquent entre elles et forment un tout dans ma vie.
A. C. : Après Les Tribulations de Caméliope, vas-tu poursuivre dans les voies que tu as commencé à emprunter avec cette trilogie, à savoir le récit de vie ou le roman d’aventure, ou bien virer de cap pour explorer d’autres contrées littéraires ?
P.H. : J’ai toute la matière première de mon quatrième roman : l’humain et le voyage. Simplement, cette fois-ci, je me base sur une série d’entretiens d’une femme pour raconter son parcours de vie à la fois ordinaire et atypique, avec au centre, le principe de résilience et de rebond qui me tient à cœur. Interviewer, entrer en conversation intime et sincère pour toucher le noyau de mon interlocutrice, voilà ce sur quoi j’aime écrire. J’ai une vision lumineuse de la vie, optimiste et pragmatique ! Je vais donc tresser mon prochain roman de vie dans un cadre géographique et culturel bien loin de la France, une région du monde que j’ai totalement découverte il y a quelques mois, à savoir la péninsule arabique.
A. C. : Que va faire Pauline Hirschauer dans les prochains mois ?
P.H. : Je vais poursuivre mes activités littéraires et faire quelques dédicaces à droite et à gauche pour aller à la rencontre des lecteurs sur le terrain. Il n’y a rien de plus savoureux que de communiquer sur son livre, ou qu’un lecteur vienne te parler de ton livre et de l’attente du suivant.
Je suis également immergée dans ma formation d’enseignante spécialisée et pour garder le cap, j’écris au fil des jours et des modules découverts. Comme pour mes romans, j’écris mon journal de bord qui devient un outil de mémorisation et de mise à distance réflexive. C’est indispensable pour ne pas se perdre.
A. C. : Un mot pour tes lecteurs ?
P.H. : L’acte d’écrire est solitaire et grâce à vous, lecteurs, je sors de ma zone de confort pour faire de mon écriture un acte social, au milieu de vous. Écrire et communiquer sur son écriture à travers ses livres devient un outil de développement personnel. Merci Lecteurs qui prenez le temps d’être et de savourer le présent par vos lectures.
*Ulis : Unités localisées pour l’inclusion scolaire. Ce sont des dispositifs qui permettent la scolarisation d’élèves en situation de handicap au sein d’établissements scolaires.
A propos d’Anne Combe qui a réalisé cet interview pour le carnet crimocorpus
Anne vit à Nîmes, dans le Gard. Elle a travaillé pendant près de dix ans dans le secteur de la communication d’entreprise avant de se consacrer à l’écriture et à sa vie de famille. Auteure d’albums jeunesse, elle signe avec succès son premier roman, Comédie pour un mort . Elle organise, chaque mois, les rencontres littéraires Paroles d’auteurs à Nîmes pour valoriser des écrivains de sa région…
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