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Portrait du jour : Philippe Charrac, policier et écrivain, auteur de" La triologie bordelaise Tome 1" - Violence

Actualisation portrait du jour "Culture et Justice" - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Philippe Charrac

"Culture et Justice" reçoit avec infiniment de bonheur Philippe Charrac , policier et romancier, pour son nouveau polar La triologie bordelaise Tome 1 - Violence édité chez Cairn.

Philippe Charrac est né en 1975 à Perpignan.

Adolescent quelque peu agité, il suit une scolarité chaotique durant laquelle il est renvoyé de deux lycées, avant de partir faire son service militaire chez les “paras” de l’autre côté du monde et de s’engager dans la Police. Il y sera tout à tour patrouilleur à la BAC ou “agent secret” à la PJ, entre autres. Il arpente une douzaine d’années durant le bitume du Nord-Est de l’Île de France, côtoyant le pire et la misère sur fond de de violence et d’alcool, avant de s’établir à Bordeaux, où une visite impromptue de l’ancien commissariat mythique de la rue Castéja lui donne l’idée de son 2ème roman aux éditions Cairn dirigées par notre ami Jean-Luc kérébel .

Bienvenue Philippe sur le blog des “aficionados du crime”. Ph. P

 

"Mes errances m’ont toujours porté conseil. Souvent rêveuses, parfois aventureuses. Moments de solitude chéris. J’en ai inventé des histoires le long des rues pavées, le long des routes paumées, le nez levé vers la frondaison des arbres ou vers des fenêtres éclairées derrière lesquelles je m’imaginais des petites vies tranquilles et abritées, confortables, rassurées. Je peux le dire : j’ai passé des heures, des jours entiers à marcher en enviant au monde, en enviant à des inconnus le calme des âmes apaisées. Triste enfant abandonné à son éternelle promenade, j’ai toujours voulu la paix, mais voilà : je ne suis pas fait pour ça.

Alors je me suis laissé aller à ma nature et mes songes ont pris une tournure obscure. Une voie en impasse, jusqu’au jour où…

Je me baladais en Seine et Marne, au bord du canal de l’Ourcq, pas très loin de Meaux. Devant moi, pas très loin, mon chien gambadait, le museau alerte et levé. Une fois de plus, une fois encore, le virus de l’écriture hantait le lecteur que j’étais. Pourquoi cette fois-ci a-t-elle été la bonne ? Allez savoir. L’idée, peut-être. L’idée d’écrire une histoire sur un homme et une maison tous deux maudits, tous deux hantés. Elle m’a saisi pour ne plus me quitter. J’ai couché un cauchemar sur quelques bouts de papier. Mon premier bouquin était né.

Quelques mois plus tard seulement, je déménageais pour la Gironde. J’intégrais une brigade de police, et je redécouvrais la ville que j’avais quittée presque vingt ans auparavant. Un matin, ou bien une après-midi, je ne me souviens plus très bien, ma patrouille était appelée pour un déclenchement d’alarme dans l’ancien hôtel de Police de la rue Castéjà. On dit qu’une vie est faite de rencontres. En voici une. Fasciné par le lieu, je me suis rapidement esquivé pour arpenter seul les milliers de mètres carrés de la bâtisse. Je ne suis pas croyant. Mais mon esprit aime se laisser prendre au charme des églises et des endroits chargés d’Histoire et d’histoires. S’il ne devait y en avoir qu’un, pour moi, ce serait celui-là. Cet ancien gynécée, peuplé par l’écho des rires silencieux des jeunes sourdes et muettes. Cet ancien commissariat, hanté par les pleurs, les mensonges, les remords, les envies de meurtres et de viol de ses visiteurs passagers. Ces bureaux remplis des regrets, des victoires et des échecs désabusés des policiers d’un autre temps. Mon nouveau roman était là. Il me parlait. Me chuchotait des horreurs magnifiques à l’oreille. Et presque immédiatement, j’ai écrit. Mais je ne savais pas encore qu’un personnage particulier venait de me parler à l’oreille…Violence était né.

Ce livre devait être, dans mon esprit, un nouveau roman d’épouvante. Les premiers chapitres ont glissé comme de l’eau sur le clavier. Mais voilà. Un homme, un enquêteur, installé par moi au cœur de l’histoire, la prenait tout à coup à bras le corps et ne me laissait plus le choix. Au fur et à mesure que les pages défilaient sous mes doigts avec une insolente facilité, le récit m’échappait, et devenait ce que son héros, Lazare Servent, en avait fait. Son récit. Son histoire. Son passé.

Violence et ses suites, qui forment La trilogie bordelaise, sont un abîme de noirceur où s’accomplissent des aberrations dont il m’arrive, en tant que policier, d’être parfois le témoin privilégié. Le monde est à l’image du ciel : orages, levers de soleil, lune pleine éclairant des nuages noirs joueurs ou menaçants, éclairs, tonnerre, vie, mort, averses, renouveau. Je suis venu à l’écriture comme le Dimiter accostant un port anglais à la fin du siècle dernier : dans un brouillard sanglant et inexpliqué. En espérant que le résultat vous plaira."

 

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph. P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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