« Le visage de Joseph s’était figé, tétanisé, la bouche ouverte, cherchant de l’air, le regard tourné vers son effroyable combat intérieur. Oublié le ministre, la Légion d’honneur, le grand salon et ses dorures, sa revanche sur la vie. Son corps vibrait comme une chaîne secouée par un forçat fou, ses mains s’accrochaient désespérément aux bras tendus. Joseph Kaiser ne voulait pas mourir. » L’assassinat d’un ancien patti issu de la communauté yéniche devenu un industriel en vue va entraîner le commandant Farel de la BRB dans un maelström international où des personnages inattendus vont faire surgir les aspects les plus sombres de la nature humaine : officier militaire, manouche, chaman, ministre en exercice, avocat international, mafieux de l’Est… Comme dans la tragédie grecque, la fatalité accablera les hommes, les habitera et les détruira. Personne ne sera épargné, pas même les héros qui devront payer le prix fort. Prévarications, trahisons, meurtres, attentats, c’est dans ce climat de guerre que Farel va être touché au plus profond de sa chair !
Récemment couronné du prix Lyon-Polar, André Blanc poursuit de façon magistrale sa saga sur le lobby politico-militaro-industriel ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça cogne fort ! C’est l’histoire de Joseph Kaiser, un chiffonnier devenu industriel, envié mais bien mal entouré. De militaires à l’affût d’un pouvoir musclé, de politicards corrompus et de leurs cohortes d’affidés… Ils sont tous là, avec leurs costards hors de prix, leurs dorures, leurs croyances, leur arrogance, leur suffisance, et cette volonté farouche de se remplir les poches… Car chez ces gens-là – et même si l’on prie parfois – on pense souvent que seul l’argent et les breloques accrochées au revers d’une veste sont LA valeur essentielle d’une vie enviée et réussie ! Et pour ça, ils sont tous prêts à tout ! Effrayant de réalisme… Bluffant de crédibilité… Et ça n’a rien de rassurant !
André Blanc est né à Lyon, second d’une famille de 4 enfants. Père professeur agrégé. Fréquents séjours en Allemagne, études à Berlin. Docteur en chirurgie dentaire, passionné d’archéologie et de préhistoire. Il devient adjoint au maire de Lyon à la fin des années 80 avant de démissionner pour inadéquation totale… Il aime la tragédie classique, Racine, Shakespeare, la poésie, Hugo, Musset, la littérature, Yourcenar, Dostoïevski… le vin blanc de Condrieu et… la pêche à la mouche !
Portrait du jour du 30 janvier 2019 :
« … J’avais choisi le roman policier, qui n’est pas un genre pour moi, mais une atmosphère, où l’enquête sert de prétexte, de fil rouge et où la mièvrerie n’a pas sa place. Je voulais raconter des histoires, comme ces mythes et légendes qui hantent notre inconscient collectif, l’histoire d’un groupe d’hommes aux idéaux indéfectibles, pour certains surannés, et surtout l’histoire d’un homme cabossé, dans le désordre de sa vie… Je voulais y exprimer un vécu, destructeur et cruel, mais aussi bienveillant, si rarement aimant, en l’enluminant parfois pour le rendre acceptable et faire vivre tout cela par des personnages, sans importance collective, ni individuelle comme disait Céline, juste ordinaires, un peu nous-mêmes, un peu autres aussi. Tous ces personnages, sont souvent le jouet de forces qu’ils ne comprennent pas. En fait, la malédiction qui pèse sur eux n’est pas le destin de la tragédie grecque, c’est plus profond, elle les habite, les enferme, les détruit… »
Interview André BLANC
« Vous avez toujours écrit ?
Je n’écris que depuis quelques années, intimement persuadé jusqu’à aujourd’hui que mon « talent » (oui je sais, ça se discute !) résidait dans la caricature à l’encre de Chine, le piano ou la pêche à la mouche. C’est un peu réducteur j’en conviens, mais c’est ce que je pensais alors… J’avais appris la caricature à l’école de Saul Steinberg, comprenant à longueur de pages blanches gribouillées qu’il fallait épurer l’esquisse à l’extrême, pour ne laisser que le point, le trait, une seule courbe, voire deux. L’émotion devant s’exprimer dans cette ultime et sublime simplification. Aujourd’hui, cette même exigence me guide dans l’écriture de mes textes qui doivent jouer avec l’imaginaire du lecteur, car la finalité est là et là seulement. Et puis, un soir au bord de la mer Egée, alors que le Mojito coulait à flot, j’ai décidé, sur un pari fou avec mon épouse, lassée de mes éternelles critiques, d’écrire un livre et même, une trilogie. Rien moins. Le pari d’un homme un peu fêlé je crois (grande certitude), très impliqué dans la vie sociale et surtout politique mais qui ne supportait plus ce monde ou l’ombre du prince ne donne jamais accès à la lumière, où les petites lâchetés font les inexorables défaites, dans une négligence culturelle et civile qui est un véritable poison. Et c’est ainsi que le premier opus, TORTUGA’S BANK est né, Editions JIGAL. Quel bonheur d’avoir connu Jimmy Gallier… Dans cet opus, tout était déjà présent : la nostalgie, la lâcheté, la corruption, la trahison, l’amour… La fin de cet opus est volontairement très brutale et laisse le lecteur sur le carreau. Vidé. En y repensant, c’est vrai que ce n’est pas facile d’écrire. C’est laborieux, douloureux, très. C’est un chemin d’évasion, de thérapie surtout… Je ne comprends pas d’ailleurs, comment ceux qui n’écrivent pas, peuvent échapper à leur folie. Un mystère de plus. Souhaite-t-on vraiment guérir ?
Pourquoi le polar plutôt que la poésie ?
J’avais choisi le roman policier, qui n’est pas un genre pour moi, mais une atmosphère, où l’enquête sert de prétexte, de fil rouge et où la mièvrerie n’a pas sa place. Je voulais raconter des histoires, comme ces mythes et légendes qui hantent notre inconscient collectif, l’histoire d’un groupe d’hommes aux idéaux indéfectibles, pour certains surannés, et surtout l’histoire d’un homme cabossé, dans le désordre de sa vie… Je voulais y exprimer un vécu, destructeur et cruel, mais aussi bienveillant, si rarement aimant, en l’enluminant parfois pour le rendre acceptable et faire vivre tout cela par des personnages, sans importance collective, ni individuelle comme disait Céline, juste ordinaires, un peu nous-mêmes, un peu autres aussi. Tous ces personnages, sont souvent le jouet de forces qu’ils ne comprennent pas. En fait, la malédiction qui pèse sur eux n’est pas le destin de la tragédie grecque, c’est plus profond, elle les habite, les enferme, les détruit.
Alors tout s’est emballé non ?
Un peu oui, presque trop vite. Le deuxième opus, FAREL, est un flash-back, censé se passer avant TORTUGA’S BANK. J’y ai dépeint une histoire noire de pédophilie, dans un contexte politique glauque, nauséabond. Et puis en septembre 2015 est venu VIOLENCE D’ETAT ou l’on comprend enfin la fin brutale de TORTUGA’S BANK, une sombre histoire de trafic de drogue par d’anciens officiers supérieur d’Etat Major et en février 2018, RUE DES FANTASQUE , l’histoire d’une arnaque à la taxe Carbone pars des grands commis de l’Etat.
On me demande souvent : « Ou trouvez-vous vos idées ?» Les idées je les trouve dans la vie, la presse, le web. Il suffit de tourner le bouton. Si tout est là, pourquoi vouloir réinventer la vie ? Alors je rencontre des flics, des magistrats, des psychiatres, des spécialistes d’armes…
Pourquoi des polars politiques, pourquoi la violence d’Etat ?
Pourquoi la violence d’Etat ? Parce que j’ai connu la vie derrière le Rideau de Fer, la terreur des nuits trop longues, la mort indicible des êtres aimés. La violence de l’Etat parce que nous sommes dans une surveillance totale de nos vies, de tous les instants, dans tous les domaines, dans une dérive sécuritaire malsaine et une perte de nos libertés fondamentales. C’est pour cela et cela seulement que j’ai écrit VIOLENCE D’ETAT. Parce que l’Etat menace nos libertés. Dans les cercles du pouvoir, cet autre monde où la justice appartient à celui qui la paie, où les déviations et le mépris des hommes s’y exercent avec un raffinement cynique, une extrême brutalité semble permise. On peut dès lors craindre l’abject, car n’oublions pas : « Le grand danger pour la démocratie ne vient pas de ceux qui commettent des délits, mais de la réponse que l’Etat apporte à ceux-ci. »
Aujourd’hui, nous sommes arrivés, sans retour possible, à ce point de l’Histoire. Alors, la seule question qui vaille est : « Doit-on vivre la liberté dans la souffrance ou le bonheur
sans liberté, sans avenir, sans rêves ? »
En fait vous parler de nous dans vos livres ?
Absolument. Quand dans VIOLENCE D’ETAT ou RUE des FANTASQUES, à travers mes personnages, je parle de mes craintes, des goulags pas si lointains, de l’enfance souillée, de l’histoire toujours recommencée, de l’amour, je parle en fait de nous, de nos vies, si cruelles parfois, qui sont ce que nous n’avions pas prévu, infimes, négligeables au regard de l’univers, mais que nous devons vivre quand même, tel un forçat à son boulet. Alors, j’essaie toujours de coller totalement à la réalité, dans les détails, situations ou dialogues, pour que toi lecteur, tu entres dans le labyrinthe, vives ce récit et inquiet, tu te prennes à tourner la tête, pour regarder derrière ton épaule, car cette histoire pourrait bien être la sienne.
Je m’efforce de montrer que l’Homme n’est pas manichéen, mais porteur du noir et du blanc. J’aime opposer la foi religieuse au crime sordide ou montrer que le pire assassin peut être, sans aucun doute aussi, un bon père de famille ou un amant attentionné.
En attendant, l’Opus 5 est en préparation »
Politique éditoriale de la page "Culture et Justice" - Le blog de Philippe Poisson
Le carnet de recherche de Criminocorpus a été créé en 2008 sur la plateforme Hypotheses avec l'objectif de couvrir l'actualité de la recherche en histoire de la justice. Il s'est progressiveme...
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