Entre le 15 décembre 1968 et le 27 décembre 1980, en très exactement douze ans, neuf cargos et pétroliers, ayant souvent Bayonne comme port de départ ou de destination, ont fait naufrage le long de la côte basco-landaise. Une série noire impressionnante et d’autant plus extraordinaire que l’on parle ici de navires modernes en acier, dotés de machines puissantes et d’instruments de navigation performants. Tempêtes monstrueuses, sauvetages héroïques, histoires d’hommes, parfois dramatiques, le tout saupoudré d’anecdotes régionales cocasses, ce livre, illustré de superbes photographies, retrace les circonstances de ces neufs naufrages, la ferveur qui s’est emparée de la population locale, le destin parfois tragique de ces grands navires, devenus gisants de la plage.
Après deux polars dans la collection Du Noir au Sud, Philippe Lauga, un auteur aux multiples facettes, nous livre un ouvrage passionnant pour raconter l'histoire des naufrages de la côte basco-landaise : Les gisants.
Un livre élégant, passionnant et richement illustré sur un sujet peu exploré à ce jour.
Parution prévue en avril 2021.
Philippe Lauga est né à Dax en février 1964. Il a travaillé dans les télécommunications pendant trente ans et est aujourd’hui enseignant dans un lycée professionnel de Bayonne. Après le vif succès de « Nuit tragique à la féria », édité dans la collection « Du Noir au Sud » chez Cairn en 2019, il publie ce mois-ci, de nouveau chez Cairn, « Le silence des abîmes », où l’on retrouve avec plaisir son personnage fétiche, le commandant de la PJ de Bayonne, Francis Sanlucar.
Au-delà de l’écriture, Philippe Lauga est un passionné de musique – il a tenu le micro d’un groupe de hard rock de Bayonne dans les années 80 – et de photographie maritime. Il a réalisé une exposition à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne en 2017.
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Photographie Nathalie Glévarec ( 285 – Portrait du jour : un blog littéraire,
« Images de romans » avec Nathalie Glévarec
PAR · - Interwiew 14 mai 2020
Depuis quand et pourquoi écris-tu ?
J’ai toujours aimé l’écriture. Lorsque ma sœur et moi étions bien plus jeunes, nous aimions nous envoyer de longues lettres, écrites parfois sur des supports improbables. Nous jouions avec les mots, nous nous racontions nos vies, nos amours et nos emmerdes. J’en ai retrouvé une il n’ y a pas longtemps chez nos parents, écrite en gros caractères sur un rouleau de papier calque découpé façon parchemin et fermé par un ruban en velours rouge. Ma sœur me l’avait envoyée dans un tube cartonné.
Bien des années plus tard, au début des années 2000, une amie toulousaine et moi nous sommes lancé un défi : celui d’écrire un roman à quatre mains au travers d’une correspondance épistolaire. Encore (rires). Nous nous sommes échangé des centaines d’e-mails et avons accouché d’un thriller que nous avons appelé « Crimes.com ». Le manuscrit a été publié sous pseudos aux éditions Amalthée en 2005. Une expérience passionnante. Vite après, suite à une rupture douloureuse dans des circonstances qui l’étaient encore plus, j’ai senti le besoin d’exprimer ma peine et ma colère au travers de l’écriture. Et puis, j’ai laissé tomber pendant presque dix ans. En 2018, j’ai repris mon texte, je l’ai retravaillé, j’ai construit une intrigue policière tout autour et ça a donné « Nuit tragique à la féria », qui a été édité en juin 2019 chez Cairn. Sans vouloir jouer avec l’actualité, je crois que le virus m’a définitivement contaminé…
Pourquoi le policier ? Quels sont les auteurs qui t’ont inspiré ?
Les romans policiers m’ont accroché lorsque j’étais étudiant. Mais pas n’importe lesquels. Ceux du « Masque et la plume » et surtout ceux de Georges Simenon. La durée du voyage en train entre Dax et Saintes était parfaite pour les dévorer. J’ai beaucoup aimé Simenon, les portraits qu’il brosse des lieux et des personnages, la mélancolie, l’humanité, l’ambiance, la folie et la passion qui se dégagent de ses romans. Simenon n’a pas écrit que des polars. Ses romans de voyages sont passionnants. Plus tard, grâce à ma sœur qui me l’a fait découvrir, je suis devenu un fidèle d’Henning Mankell. D’une certaine manière, je vois une sorte de filiation entre Simenon et Mankell. J’adore Fred Vargas, surtout les premiers Adamsberg et sa série « Les Évangélistes ».
Quels sont les thèmes qui t’inspirent ?
Je ne suis, pour l’instant en tout cas, ni un adepte de psychopathes machiavéliques qui commettent des crimes sordides et rituels ni de descriptions détaillées de tortures et d’autopsies. Je m’intéresse davantage aux individus ordinaires qui vont franchir la ligne qui sépare la raison et la déraison dans une relative immédiateté ou au bout d’un long processus de maturation. Je m’interroge. Pourquoi ces individus vont-ils commettre un ou plusieurs actes criminels ? Pourquoi vont-ils s’embarquer dans l’inextricable spirale générée par le refus d’assumer leurs fautes et de recevoir le châtiment qui en découle nécessairement ? Pourquoi ne parviennent-ils pas à réprimer leurs pulsions ? J’ai envie que mes lecteurs se posent les mêmes questions que moi. J’ai envie qu’ils s’identifient à mes personnages, qu’ils s’attachent à eux ou qu’ils les détestent, qu’ils éprouvent de l’émotion. Plein d’émotions.
J’aime les romans à tiroirs, les intrigues parallèles qui semblent ne pas avoir de points communs entre-elles et qui se rejoignent à la fin. J’aime brouiller les pistes.
Qui est Francis Sanlucar ?
Il est d’origine espagnole. Il a la quarantaine et porte le nom d’une petite ville de pêcheurs située à l’embouchure du Rio Guadalquivir en Andalousie. Physiquement, il ressemble d’ailleurs beaucoup à un illustre personnage qui a grandi dans cette région et a connu la gloire dans les années 80. Il vit seul dans une petite maison avec son labrador sable. C’est un homme qui apprécie la solitude. Il est mélancolique, maussade parfois, sensible, un brin idéaliste mais opiniâtre et courageux. Il commande une brigade composée de flics au caractère bien trempé. Il s’efforce de comprendre comment fonctionnent ceux qu’il traque, autant dans la lumière que dans l’ombre et peut éprouver pour eux une certaine compassion. Il aime la musique et les longues promenades en bord de mer. Il a vécu une période personnelle douloureuse par le passé mais il a su faire preuve de résilience et croit toujours au grand amour.
De quoi parle ton dernier livre ?
Dans « Le silence des abîmes », l’enquête démarre suite à la mort d’un vieil homme au passé trouble et va faire remonter à la surface le souvenir tragique d’une nuit de tempête, vieille de près d’un demi-siècle. Au cours de cette nuit de 1969, une famille originaire d’Algérie est doublement affectée au travers d’un double meurtre commis dans une villa de Capbreton et du naufrage d’un cargo de Bayonne, au large des côtes girondines. Sanlucar pourchasse un mystérieux justicier solitaire et son enquête va l’entraîner de la côte basco-landaise jusqu’aux rivages envoûtants du Bosphore, à Istanbul. Du suspense, de multiples rebondissements et beaucoup de passion… Le point de départ de mon histoire, ce sont les confidences que mon père m’a faites des vingt-et-un mois qu’il a passés en Égypte et en Algérie entre 1956 et 1957, dans le deuxième régiment des parachutistes coloniaux. Une époque sombre qui semble obéir à une véritable loi du silence générationnelle.
« Comme prévu, voici quelques mots sur la nouvelle enquête du commandant Sanlucar qui sort début juin. Je vous livre la couverture et son titre « Le silence des abîmes ». Le seul avis dont je dispose est celui de Gilbert « Djebel » Noguès, responsable de la collection « Du Noir au Sud » et qui m’écrivait après avoir lu mon texte :
« Que te dire ? Que j’ai vraiment passé un moment extraordinaire en lisant ton ouvrage : Je le trouve encore bien meilleur que ton premier et je lui souhaite autant, sinon plus de succès que le précédent. » J’espère qu’il vous plaira aussi. J’y ai mis beaucoup de passion en tout cas… » Philippe Lauga
Dans « Nuit tragique à la féria », c’était l’été. Il faisait chaud, l’ambiance était fiévreuse avec les fêtes de Bayonne. « Le silence des abîmes » démarre en hiver. Il pleut, le vent souffle, la région est désertée par les touristes. On y retrouve les paysages qui me sont chers comme l’océan, le port, la forêt, les lacs de la côte basco-landaise et on voyage jusqu’à Istanbul, une ville que j’adore et où je tenais absolument à entraîner mon héros et inviter mes lecteurs. Sanlucar va tomber sous le charme du Bosphore et peut-être même éprouvera-t-il là-bas un sentiment encore plus fort auquel il ne s’attend pas…
Un autre roman en préparation ?
Pas vraiment. Plusieurs idées se bousculent dans ma tête, certaines ont déjà des contours assez nets. J’ai écrit une nouvelle au mois d’avril qui fera partie d’un recueil, prévu pour la fin de l’année chez Cairn. Mais chut, je ne veux pas trop en parler…
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