Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sarah Lindbergh est arrêtée à Paris le 15 mai 1943 avec son mari et ses jumeaux. Le convoi 55, direction Auschwitz, la peur, les pleurs, les cris, la mort, les sévices, l’indicible et la volonté de survivre malgré tout pour Hannah, sa fille de six mois, cachée in extremis avant la rafle.

Joseph Meyer, psychiatre du camp, est un de ceux à qui la guerre a tout pris, femme, enfant et avenir. Dans ce royaume de la mort auquel il est rattaché, l’horreur qu’il côtoie au quotidien lui pèse de plus en plus. Il aimerait croire qu’un sursaut d’humanité est possible, même dans la fange.

De leur rencontre renaîtra l’espoir. Celui de retrouver Hannah.

Extraits

Alors je bois cette eau noire pour calmer ma gorge. D'ailleurs ici tout est noir. Ou gris dans le meilleur des cas. Nous mangeons du pain noir, buvons un ersatz de café noir. Le ciel est sombre. À perte de vue, ce sont des baraquements gris, entourés de barbelés. Nos vêtements aussi sont de couleur grise et avec notre crasse collée, ils paraissent plus foncés encore. Nos dents, quand il nous en reste, ont perdu de leur blancheur d'antan. Nos crânes rasés et nos visages ont pris une couleur grisâtre : une teinte cadavérique. La fumée qui tout au long de la journée s'échappe des grands bâtiments est noire. Pas un arbre, pas une fleur, pas un brin d’herbe verte, aucun animal ou oiseau pour nous distraire. Nos frêles silhouettes déambulent voûtées, lentement, sans ardeur. Avec nos visages émaciés aux orbites creusées et noircies d'où s'échappent péniblement des regards apeurés, tristes et implorants, nous nous ressemblons tous. De temps à autre, quelques-uns poussés par la faim s'élancent rapidement vers les barbelés pour tenter de ramasser un quignon de pain noir jeté par un soldat SS. Ils sont immédiatement abattus. Les cadavres restent parfois plusieurs jours étendus sur le sol grisâtre avant que les Allemands ne nous demandent de les ramasser. Toute forme de vie animale ou végétale semble avoir disparu. Adieu les belles couleurs des papillons, libellules et abeilles. Seuls les poux sont restés : noirs eux aussi.

Extrait de "Pour Hannah", Pocket 2018.

photo Marie Alhondiga

Marie Alhondiga a vu le jour à Saint-Jean-de-Luz en 1971. Elle y passe son enfance, part à Bordeaux pour ses études, travaille dans la restauration et le commercial puis suivront de nombreux voyages dans les airs pour son métier de navigante. Une tranche de vie à Londres, une autre à Paris, un périple aux quatre coins de l'hexagone pour finalement s'installer en Provence où elle se consacre à l'écriture.

Passionnée par la psychologie, l'art, l'histoire, le cinéma et la littérature, Marie Alhondiga aime mêler fiction  et réalité pour imaginer les destins des personnages qui prennent vie dans ses romans.

 Date de parution : 01/03/2018

Tag(s) : #Romans - Essais - Polars - Thrillers, #Guerre 1939 -1945 - Vichy
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :