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Nouveaux portraits du jour Christiane Angibous Esnault et Jean-Olivier Gransard-Desmond
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Christiane Angibous Esnault etJean-Olivier Gransard-Desmond
Bienvenue sur le très discret et prisé Culture justice.
Interview de Valérie Valeix
Juillet 2021
Christiane Angibous Esnault et Jean-Olivier Gransard-Desmond
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La passion de l’Égypte ancienne les a réunis. De cette belle histoire est né un enfant, Toutankhamon, Ramsès, Aménophis ? Non : Augustin qui fait découvrir aux enfants l’archéologie au travers des cahiers découverte intitulés « Mon cahier d’archéologie ». Mais le couple Christiane Angibous-Esnault / Jean-Olivier Gransard-Desmond, c’est aussi une vie dédiée à l’enseignement et à l’écriture. Ils en parlent à l’Abeille Criminelle pour Culture et Justice.
Bonjour Chris et Jean-Olivier.
Chris, tu es autrice jeunesse, toi, Jean-Olivier, archéologue, évoquez-nous chacun votre parcours.
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Chris
Je suis née et fait mes études à Paris et suis toujours résidente d’Île-de-France. J’ai une double formation de gestion administrative et de publicité/communication. J’ai fait ma carrière dans des groupes multinationaux ce qui ouvre très tôt l’esprit à une large vue, à des outils et techniques de travail pointus et diversifiés, parfois avant-gardistes (pour la France), des échanges et des confrontations avec d’autres cultures. J’ai ainsi navigué de la publicité générale (produits) à la communication corporate (notoriété) pour aboutir à la responsabilité des opérations incentives internes et externes. Cela m’a également permis de voyager et de voir du pays. Si je suis aujourd’hui à la retraite, elle n’en a que le nom et l’enregistrement officiel puisque depuis, je travaille à plein temps pour ArkéoTopia, en bénévolat bien sûr, mais de façon très diversifiée et très enrichissante : administration, recherche, animation. C’est dans ce dernier cadre pédagogique que j’ai mis mon écriture au service d’ArkéoTopia. J’écris depuis l’adolescence, autrefois principalement des poésies mais aussi des nouvelles, des pensées philosophiques, toutes sortes d’histoires. J’ai également entrepris depuis quelques années de compiler nos discussions avec Jean-Olivier pour sans doute un jour diffuser les points de vue scientifiques et philosophiques de l’homme de science. Mon principal travail d’écriture à ce jour est de mettre mon personnage Augustin en scène en tant que vaillant défenseur du patrimoine, dans des « romans de science » pour middle age, young adult ou des albums jeunesse en fonction de l’âge du lecteur. J’ai ainsi quatre Augustin en action sur la planète : lorsqu’il a 6/7 ans, 10/11 ans, 13/14 ans ou est jeune adulte. On ne s’ennuie pas avec lui sous l’œil de Jean-Olivier, conseiller scientifique sur ces projets. Enfin, je suis plutôt bonne en français, en anglais et en dessin, ce qui est un atout supplémentaire pour cette gestion multitâche.
Jean-Olivier
Né sur le Bassin d’Arcachon, j’ai commencé mes études d’archéologie à l’université Michel de Montaigne - Bordeaux III. Comme je voulais devenir égyptologue, je suis monté à Paris où je me suis inscrit à l’université Paris IV-Sorbonne aujourd’hui Sorbonne Université. La soutenance de la maîtrise, ce qui correspond au Master I aujourd’hui, ayant été quelque peu tendue, je suis parti de l’Égypte pour voguer vers le Proche-Orient et l’École Pratique des Hautes Études où j’ai réalisé mon DEA (le Master II aujourd’hui) et ma thèse nouveau régime en 2006. Formé et diplômé en archéologie, je me suis finalement spécialisé en iconologie. Bien d’autres événements ont émaillé mon parcours que ce soit mon activité comme assistant de direction au sein d’une fondation de recherche ou celle de professeur des écoles pour l’Éducation nationale. Aujourd’hui, je suis icono-archéologue au sein d’ArkéoTopia où je dirige le département Recherche.
Comment vous est venue l’idée des « cahiers d’archéologie » ?
Chris
L’idée en revient entièrement à Jean-Olivier se trouvant mari de constants constats quant à l’absence de supports dignes de ce nom en archéologie, simples, concis et surtout exacts en direction de l’éducation des enfants en ce domaine. Un dessin valant mieux qu’un long discours, ce support s’est imposé à Jean-Olivier. Il est le concepteur des cahiers découverte et d’activités, il est l’auteur des processus intérieurs, des jeux, des besoins en illustrations. Pour ma part j’ai simplement aidé à exprimer en brouillons les dessins qu’il souhaitait faire illustrer par un professionnel afin que sa pensée soit comprise et respectée et que l’illustrateur n’ait plus qu’à réaliser.
Jean-Olivier
Comme ArkéoTopia est SLF, sans local fixe, nous avions besoin de marquer notre présence et nous étions à la recherche d’un moyen pour le faire. Les ateliers ArkéoKids allaient nous en donner l’occasion. Les premiers ateliers d’animation scientifique en archéologie que j’ai constitués pour ArkéoTopia nécessitaient que les enfants soient lecteurs. Or les besoins des écoles, des centres de loisirs et des bibliothèques étaient variés quant au niveau des âges. Il nous fallait donc trouver un moyen de permettre à des enfants non lecteurs et lecteurs d’avoir des activités ensemble. C’est ainsi que je me suis attelé d’abord à Mon cahier d’archéologie 5-8 ans puis à Mon cahier d’archéologie 8-14 ans.
Il y aussi le roman policier « Panique au château » où l’on retrouve Augustin. C’est une écriture à quatre mains ?
Jean-Olivier
Là, je laisse la créatrice d’Augustin et l’auteur officiel de ses aventures s’exprimer sur le sujet. (rire)
Chris
Pas directement dans le sens de l’écriture elle-même. Jean-Olivier intervient en partie sur le scénario pour la cohérence des process en matière de recherche archéologique. Il est mon conseiller scientifique sur Les Aventures d’Augustin afin que la réalité du domaine soit respectée et correctement utilisée ainsi que pour le choix de certains éléments pédagogiques à mettre en avant pour les jeunes lecteurs. Jean-Olivier est également pourvoyeur d’idées et d’anecdotes vécues dans son parcours, ce qui enrichit considérablement les histoires, et encore, je suis loin d’avoir tout utilisé ! (rire)
Parlez-nous du « collectif des Auteurs masqués »
Chris
J’ai eu l’opportunité inattendue de faire une masterclasse avec Bernard Werber (l’auteur des Fourmis) lors d’un forum sur les nouvelles technologies. Ses principes de fonctionnement en tant qu’écrivain et son approche extrêmement simple et amicale avec le public m’ont fait entrer dans le groupe de ses “suiveurs” sur les réseaux sociaux. C’est là que j’ai vu, un jour, un appel à constitution d’un collectif pour écrire des nouvelles en rapport avec le confinement, le premier que nous étions en train de connaître, et ceci dans un but solidaire, tous les bénéfices devant être reversés à la cagnotte Protège ton soignant. J’y ai vu l’opportunité, tout en agissant pour le bien public, de faire vivre Augustin autrement vers un plus large public car mon éditeur ne pouvait pas sortir les trois nouvelles histoires. Mon héros a donc figuré dans ce premier opus puis dans les suivants car nous venons de sortir le 4e volume, Histoires non essentielles, pour soutenir la culture, cette fois au profit de l’association Itinéraires Singuliers. Le collectif est en autoédition, sur Amazon uniquement, ce qui permet de dégager une marge appréciable pour ces bonnes actions. Jean-Olivier a rejoint le collectif dès le 2e volume où il fait vivre de son côté d’autres personnages du Monde d’Augustin, les archéologues Alex et Lisa.
Jean-Olivier
Cette fois-ci, c’est Chris qui m’a branché sur cette aventure. Les contraintes étant dans mes possibilités, j’ai rejoint le collectif. C’est ainsi qu’est née la première histoire d’Alex et Lisa, les amis archéologues d’Augustin avec Archéologues sans frontières. Nous venons d’en achever la traduction en anglais disponible gratuitement avec la version française sur le site d’ArkéoTopia. Après la publication, il était important pour moi que cette histoire soit diffusée le plus largement possible car elle montre combien la recherche archéologique est importante dans la vie quotidienne et comment elle peut contribuer à améliorer les relations entre les cultures, d’où le choix du conflit israélo-palestinien. Les autres recueils me donnent l’occasion de temps en temps d’écrire d’autres aventures d’Alex et Lisa qui s’adressent plus à un public d’adolescents que les écrits de Chris.
Quelles sont vos autres publications ?
Chris
J’ai sorti en autoédition un double recueil de poèmes D’ombre et de soleil, un album jeunesse avec la toute première aventure d’Augustin La malle de grand-père, une romance Coup de vent au cœur et un carnet de voyage Au fil du Nil avec certaines de mes aquarelles. Il y a aussi quelques éditions de collectivités contenant ceux de mes écrits ayant gagné des concours. Pour l’édition stricte, en dehors de Panique au château, il s’agit d’anthologies où certains de mes textes, poèmes voire haïkus ont été retenus lors d’appels à textes. On peut trouver aussi deux histoires vécues dans la revue Globe Trotters : Savez-vous planter des roues, écrite cette fois réellement à quatre mains avec Jean-Olivier et Méharée d’hiver. J’attends la réponse pour ma première pièce de théâtre, Pas de pot, avec la bande à Augustin et j’ai plein d’autres projets en cours pour la rentrée. Nous projetons notamment pour l’automne d’éditer, sous le nom d’ArkéoTopia, la compilation de différentes nouvelles dont des inédits.
Jean-Olivier
Outre les publications scientifiques, je suis également très actif sur les questions d’éducation à la science et de politique en matière de recherches. Certaines de mes productions se retrouvent sur le site d’ArkéoTopia comme des séquences d’enseignement à la lecture via l’archéologie, mais également dans des revues de vulgarisation comme la revue nationale Archeologia qui vient de fêter son 600e numéro et des revues à comité de lecture. J’ai même eu l’occasion d’écrire un scénario et de tourner un fictoriel (court-métrage de fiction à vocation pédagogique) avec Fées contre faits, de la lecture au théâtre qui est en licence libre sur Wikimedia Commons. Je pratique également la poésie et si j’ai prêté ma plume pour quelques poèmes sur l’espace ressources d’Augustin, je n’ai pas encore eu le plaisir de publier dans ce genre, pas plus qu’en musique où j’ai prêté mes idées à Chris car nous espérons arriver un jour à éditer un disque de ses compositions ArkéoRock.
Vous organisez des conférences, quels en sont les thèmes et sont-elles toujours faites à deux ?
Chris
Les conférences appartiennent à chacun. Certaines conférences sont également données par nos animateurs à partir de leur spécialité d’étude. Jean-Olivier et moi avons des sujets assez différents même si la thématique générale reste bien sûr l’archéologie. Jean-Olivier est plus dans le résultat scientifique ou la démarche du chercheur et moi dans l’émotionnel de l’amateur et la littérature. J’ai ainsi un cycle sur Agatha Christie qui a passé de nombreuses années de sa vie sur les chantiers de fouilles avec son mari Max Mallowan. J’y aborde trois aspects : Les carnets des grandes voyageuses, de Jane à Chris en passant par Agatha Christie, comment vivre l’archéologie quand on n’est pas archéologue, ce qu’elle a mis de ses expériences de terrain dans ses romans avec Archéologie et Polar, l’archéologie dans l’œuvre d’Agatha Christie et ce qu’on retrouve de tout cela dans sa vie quotidienne en sa demeure de Greenway House à Torquay avec Voyage intime avec Agatha Christie ou l’envers des décors du Devon à la Mésopotamie. Enfin, ayant été chargée de recherches sur un épave prospectée il y a 45 ans par un de nos anciens adhérents, j’ai également rendu compte de cette belle expérience et des résultats de recherche avec la conférence Mission de recherche Aventure 2018 en Nouvelle- Calédonie, un naufrage qui parle encore.
Jean-Olivier
Nous organisons bien des conférences dans le cadre d’ArkéoTopia. Nous ne le faisons pas à deux, mais nous en choisissons les sujets avec l’équipe de l’association. Nous avons même des intervenants extérieurs. L’objectif ici est de proposer une offre variée permettant de satisfaire tous les publics, de faire entrer de l’argent pour l’association tout en la faisant connaître et de valoriser les partenaires avec lesquels nous travaillons comme l’Espace Reine de Saba dirigé par l’ethnologue José Marie Bel.
Vous intervenez aussi en petites sections, comment vos interventions sont-elles reçues ?
Chris
Presque tous nos modules sont adaptables aux petites sections, les éléments pédagogiques changeant en conséquence par rapport à l’âge. Mais la majeure partie de mes interventions a eu lieu auprès d’enfants de 6 à 12 ans. Il m’est arrivé de remplacer au pied levé des animateurs malades lors des Aménagements des Rythmes Éducatifs en milieu scolaire, que ce soit sur l’orfèvrerie égyptienne, la métallurgie gauloise ou l’archéologie par le dessin. J’ai toujours été bien reçue par les enfants qui avaient choisi ce sujet pour ce temps particulier. S’il est difficile de tenir les jeunes en fin de journée, ils étaient quand même très curieux et très réceptifs. J’en veux pour preuve leur précipitation autour de moi (sans me connaître) pour le rassemblement avant la montée en atelier. De même, en médiathèque où j’intervenais seule, ou au musée où nous étions en binôme avec Jean-Olivier, la motivation des enfants faisait toujours plaisir à voir. Il faut souvent bien sûr « ouvrir un peu les portes » au début car ils n’osent pas toujours poser des questions. Mais une fois le concept d’interactivité compris, il était parfaitement bien utilisé, à bon escient, sans débordement et avec un très grand intérêt. À noter cependant que notre expérience avec les plus grands (collège) a été parfois plus difficile lorsque nous avons monté pour eux un voyage à Dublin alors même que nous étions plusieurs à les encadrer avec les professeurs présents.
Jean-Olivier
Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’intervenir en maternelle, mais nous avons déjà eu l’occasion de travailler avec des centres de loisirs et des parents pour des enfants entre 4 et 6 ans. J’ai toujours préparé mes ateliers sur le principe de « Qui peut le plus peut le moins ». Le contenu archéologique est donc facile à adapter. Le plus long, c’est l’ajustement des supports et du discours. En général, nous sommes pas mal sur la musique, la gestuelle et les activités de découpage/coloriage. Il y a déjà beaucoup à faire avec et cela représente d’excellents leviers pour amener à la découverte de mots, de connaissances et même de compétences. Ne serait-ce que le bon geste de l’archéologue avec la truelle, c’est tout un art !
Vous organisez un salon nommé « Salon des Muses » auquel j’ai eu le plaisir de participer l’an dernier. Ce salon, qui a lieu chez vous, mêle divers talents, parfois très éloignés les uns des autres. Comment vous êtes-vous dirigés sur cette idée plutôt que sur celle d’un salon du livre classique ?
Chris
À l’époque, il s’agissait d’un Salon de Musique, prolongement de ma passion pour le chant et la musique, activité très prenante qui m’a tenue fort longtemps. Venaient alors à la maison les accompagnateurs pianistes, leurs amis qui testaient leurs interprétations pour leur prochaine audition de recrutement, etc. La littérature restait une activité en marge et personne autour de moi, à part moi, n’était vraiment dedans. Jean-Olivier de son côté cherchait à recréer les Salons littéraires du 19e s. Nous avons mixé nos envies. Mais du coup, je n’ai pas voulu laisser quelque artiste ou créateur que ce soit en marge. Nous avons alors ouvert le Salon à toutes les compétences et à tous les savoirs, qu’ils soient intellectuels, manuels, techniques, artisanaux, gastronomiques, etc. Chacun peut venir parler de ses coups de cœur pour faire découvrir un livre ou un illustrateur, nous parler du pays où il est né ou qu’il a récemment visité, plat culinaire à l’appui, nous montrer sa dernière création, nous jouer un extrait de sa dernière pièce de théâtre ou faire un sketch, ou encore n’être que simple spectateur car il n’y a aucune obligation. La lecture à voix haute et les jeux complètent les échanges et y trouvent toujours une place. Les discussions sont largement ouvertes et entraînent de nouvelles connaissances, que ce soit de domaines ou de personnes. Les contenus dépendent des participants présents. Comme nous ne pouvons pas nous voir très souvent, il n’y a pas de thématique imposée, parfois seulement un sujet mis plus en valeur qu’un autre. Les personnes peuvent également échanger leurs cartes de visite et proposer leurs créations à la vente. En général, nous nous retrouvons trois fois par an, au début du printemps, au début de l’été et avant Noël. Le concept vous plaît ? Écrivez-moi.
Jean-Olivier
Chris organisait un Salon de Musique quand je l’ai connue. Il se trouve que la pratique de la musique ne fait pas partie de mes talents. En revanche, j’avais toujours rêvé de mettre en place un salon littéraire à la façon de ceux du 19e siècle. C’est ainsi qu’est né le Salon des Muses afin de réunir nos centres d’intérêts tout en en agrégeant de nouveaux. Cependant, tout en restant dans un espace plus intime avec le Salon des Muses, j’ai également prolongé de façon publique et plus large cette idée de salon littéraire. Pour en savoir plus sur ses origines, j’encourage les curieux à aller voir mon billet « Le Salon Littéraire de Jean-Olivier ».
Avez-vous des projets, qui peuvent ne pas être en commun et acceptez-vous de nous en parler ?
Chris
À vrai dire, nous faisons presque tout en commun, ce qui est le lot des couples qui vivent ensemble, travaillent ensemble et se retrouvent sur de nombreuses passions communes. Pour gagner du temps, nous lisons même en commun plusieurs livres à la fois, l’un faisant à tour de rôle la lecture à l’autre ! (rire). Mais il est vrai que je tente de continuer l’écriture autre que les romans de science avec Augustin, que je voudrais réaliser mes carnets de voyage donc me remettre aussi un peu plus au dessin. Et mes amis musiciens me donnent envie, chaque fois que je les rencontre, de continuer mes compositions musicales. Mais le temps n’est pas extensible et il est déjà plus que rempli avec ArkéoTopia !
Jean-Olivier
Au départ, la participation au collectif Les auteurs masqués n'était pas un projet commun et j’encourage Chris a trouver des collectifs avec lesquels échanger sans que j’y sois impliqué pour autant. Elle a également d’autres projets d’écriture très différents du roman de science et pour lesquels je n’ai pas d’intérêts personnels. Toutefois, beaucoup de nos activités s’effectuent ensemble et même si elle a ses propres projets, je suis présent si le besoin s’en fait sortir comme par exemple pour aider à la retranscription de ses anciens textes nombreux et variés où, parfois, les personnes se meurent d’amour… (rire).
Jean-Olivier sur la sellette ! Tu es spécialiste de la relation homme-animal. Qu’est-ce que ça signifie exactement ? Si je te demande « quel est ton rapport à l’abeille », tu réponds quoi ?
Jean-Olivier
Je me suis spécialisé sur la relation homme-animal du point de vue iconographique. En maîtrise, je devais choisir un sujet. Parmi tous ceux qui me sont venus à l’esprit, c’est la recherche sur la façon dont l’animal humain cohabite avec les animaux non-humains qui a retenu le plus mon attention. C’est ainsi que j’ai travaillé sur les canidés aux périodes pré-pharaoniques ou encore sur les bovins et les félins syriens à l’Âge du Bronze. Pour mieux comprendre, je vous recommande le visionnage du court-métrage Image élémentaire… L’iconologie, c’est quoi ? ou la lecture du billet Entre sexe biologique et sexe symbolique : une pensée du monde complexe durant l'Antiquité.
Quant à l’abeille, en tant qu’iconologue spécialisé sur la relation homme-animal, je dirais que cela m’évoque un des cinq noms de couronnement de Pharaon dans l’ancienne Égypte. Le nom de Nesout-bity, littéralement « Celui qui appartient au carex et à l'abeille » montre comment l’être humain s’associe à son environnement pour mieux en prendre possession. Aujourd’hui, nous nous en servons également pour mieux faire ressortir les déviances de nos sociétés. Je pense en particulier au film d’animation Bee movie : drôle d’abeilles dont la lecture est à plusieurs facettes. Cet animal recèle bien d’autres types de représentations et de significations. Cependant, comme je ne l’ai pas étudié en détail, je ne peux pas mettre en évidence des découvertes comme je l’ai fait avec les animaux non-humains que j’ai étudiés.
Quelle est votre valeur préférée ?
Chris
Difficile de choisir car il ne suffit pas de le dire, il faut aussi l'appliquer et donc prôner une conduite de façon honnête. Or nous avons tous nos travers, nos désirs, notre individualité même si nous nous voulons dans le partage. Je crois cependant que s’il y avait une vraie base de respect et de bienveillance dans notre société, le reste coulerait de source. Et puis, par-dessus tout : open your mind! Bon, ça va avec, n’est-ce pas ?
Jean-Olivier
L’intégrité. Bien sûr, il y a beaucoup d’autres valeurs importantes. Toutefois, si je songe à l’intégrité, c’est parce qu’aujourd’hui beaucoup de personnes se perdent dans des faux-semblants préjudiciables à chacun. Quel intérêt y a-t-il à mentir à un enfant en lui faisant croire que les adultes savent tout ? Quel intérêt y a-t-il à faire croire que tout va bien quand tout va mal ? En choisissant de rester intègre au sens du respect de soi et des autres, d’autres valeurs vont émerger comme l’humilité. Si je me plante, j’accepte déjà vis à vis de moi-même de reconnaître que je me suis planté et donc je dois trouver des solutions pour avancer autrement, innover sans accuser l’autre, s’enrichir sans se renier. L’intégrité force à reconnaître ses failles, ses talents et à aller au-delà, sans mensonges ni faux-semblants.
Merci à tous les deux pour cette interview qui permettra de découvrir un monde merveilleux : l’archéologie ! À défaut de Vive l’Empereur, Vive le Pharaon ?
A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
Relecture et mise en page Ph.P et S.P.