Nouveau portrait du jour Pascale Blazy
Pascale Blazy vit près du Puy en Velay, en Haute-Loire où elle est bibliothécaire, animatrice de radio et romancière. Parmi ses ouvrages, quelques petits bijoux du crime « cosy » Pour Culture et Justice, elle parle de son héroïne, Clarisse, bibliothécaire, tiens, tiens... et de son dernier opus « Je reviendrai à Manadieu »
C'est notre amie Valérie Valeix, l'abeille criminelle préférée de Culture et justice qui réalise l'interwiew de Pascale.
Bienvenue Pascale sur le très prisé et discret Culture et justice.
Bonjour Pascale, vous avez donc trois « casquettes », comment ça fonctionne dans la vie de tous les jours ? Écriture le soir, bibliothécaire la journée, et la radio ?
Bonjour
Trois casquettes, c'est beaucoup dire. Je suis bibliothécaire à temps partiel, à la médiathèque de mon village, Saint-Paulien. Je travaille trois jours et demi par semaine, j'ai donc du temps pour moi, pour la lecture et l'écriture. J'écris surtout le matin, dans ma cuisine, avec papier crayon, gomme et thé. Quand je n'écris pas, je lis. Il est important de se nourrir l'esprit. Je lis des choses différentes, pour mon plaisir, mais aussi pour mon travail. Pour ce qui concerne l’émission de Radio Craponne, une station locale, j’enregistre plusieurs lectures d’extraits de livres en une seule séance. Elles sont ensuite diffusées à raison de « Un livre par semaine », c'est le nom de l’émission. Je suis totalement libre du choix des ouvrages présentés. J'essaie d'être éclectique.
Vous n’avez pas écrit que la série « Clarisse », par quoi avez-vous commencé ?
J'ai toujours écrit, pour moi, vous savez ces textes que l'on enferme dans un tiroir et que l'on finit par jeter lorsqu'on les retrouve et qu'on les relit. Membre du jury d'un concours de nouvelles (éditons du Roure, Polignac) pendant neuf ans, j'ai trouvé sur internet d'autres concours de nouvelles, j'ai écrit pour répondre aux exigences de ces propositions et j'ai envoyé. Mes textes ont été retenus, par quatre fois, par la ville d'Antibes, ce qui m'a encouragé.
Par ailleurs, pour mon travail, j'avais « bricolé » quelques contes que j'ai soumis à un conteur professionnel qui m'a conseillé de les faire publier. Difficile de trouver un éditeur, souvent les publications de contes relèvent du collectage. Enfin, j'ai trouvé les éditions Jeanne d'Arc qui m'ont fait confiance et la grande aventure a continué. (La légende du violon noir).
Puis, j'avais envie de faire connaître mon travail, les coulisses d'une bibliothèque de campagne, c'est ainsi qu'est née cette chère Clarisse. Sa première enquête, mon premier roman : « Champagne, caviar et meilleurs vœux ». Comme j'aime beaucoup la période médiévale, je m'y suis plongée en écrivant « La Croix de Résurrection », un roman qui joue sur deux époques (1223 et contemporain) où par un jeu de miroir, le lecteur suit deux destins de femmes. Je suis ensuite revenue dans l'univers de Clarisse (Disparition à Manadieu, Prix Velay 2015 – Cercle littéraire Catherine de Médicis et Rendez-vous manqués...)
Suite à une dédicace dans une cave, j'ai souhaité saluer le travail des vignerons d'Auvergne. D'autre part, j'avais trouvé, exposée dans une vitrine du musée de la coutellerie à Tiers, une magnifique arme du crime. Ajouté à cela le souhait de me lancer dans le thriller et voilà ! « Jusqu'à la lie » où la redoutable Némésis règle ses comptes. J’ai ainsi rejoint la collection Polar des éditions du Roure. Pour mon septième livre, j'ai retrouvé avec plaisir ma collègue Clarisse : « Je reviendrai à Manadieu ». Pour ce livre-là, un nouvel éditeur : les éditions Créer.
Pourquoi avoir orienté « polar » ?
J'aime les livres où il y a du suspense, même dans mon roman médiéval il y a une intrigue. Vous savez, ces livres, qui ronronnent et où il ne se passe pas grand chose, pour ne pas dire rien, me tombent des mains. Donc comme, un peu égoïstement, j'écris ce que j’ai envie de lire...
Le crime « cozy » kesako ?
Le « cosy crime » est à la mode chez les éditeurs et les libraires. Ce sont ces romans policiers, peu violents, à énigme, qui se déroulent souvent à la campagne et où l'enquêtrice ou l'enquêteur n'est pas un professionnel. C'est l'exemple de Miss Marple d'Agatha Christie que j'apprécie beaucoup et qui m'a beaucoup inspiré. Clarisse est très fan aussi. J'ai, en fait, écrit du « cosy crime » sans le vouloir et sans le savoir. A la naissance du premier Clarisse, on ne parlait pas de cette catégorie de romans.
Parlez-nous de « Clarisse » et combien de tomes comptent la série ?
Clarisse est une intrépide bibliothécaire, très contemporaine, mais passionnée par les années folles, au point d'aménager sa maison dans ce style et de se vêtir comme à cette époque, sa couleur favorite est le violet. C'est ainsi qu'elle coud ses vêtements et porte très souvent chapeau et gants, d'où le petit chapeau violet sur le livre.
Elle vient de mener sa quatrième enquête aux côtés de l’adjudant-chef Marchand et de son ami Amand, le pharmacien. Jusqu'à présent, toutes les aventures se déroulent à Manadieu (bourg imaginaire de Haute-Loire). Parallèlement à l'enquête, on suit la vie du village et de la bibliothèque, bien sûr.
Dans chaque livre, je fais référence à des œuvres littéraires. Une cinquième enquête est en train de mijoter, je n'ai pas encore tous les éléments, il faut surtout que je prenne le temps de m'y consacrer.
Evoquez-nous le petit dernier « Je reviendrai à Manadieu »
Ce roman est mon septième livre et la quatrième enquête de cette chère Clarisse. Comme d'habitude, elle va entrer en compétition avec l’adjudant-chef Marchand et tenter d'innocenter son amie Élise accusée du meurtre de son ex- mari. Tout l'accuse et les références à son passé ne plaident pas en sa faveur, elle a été victime de violences conjugales. C'est un sujet grave que j'ai voulu évoquer ici, bien trop de cas sont encore passés sous silence, bien trop de femmes sont encore en souffrance. Je pense que c'est important d'en parler et, même par le biais d'un roman, de permettre aux lecteurs d'y réfléchir.
Dans un couple, il ne devrait pas y avoir de dominant et de dominée, mais deux êtres qui vivent en osmose. Je ne suis pas féministe à tout crin, je voudrais juste que nous arrivions à vivre en harmonie. Concernant les droits de femmes, un long chemin a été parcouru, mais il reste encore beaucoup à faire et surtout il faut être vigilent, rien n'est jamais acquis. Dans ce roman, je fais référence à George Sand, Olympe de Gouges et aux tricoteuses de la Révolution, des femmes plutôt engagées pour cette cause.
Quels sont les thèmes récurrents de vos livres : cuisine, sport, nature, autre ?
Il n'y a pas à proprement parlé de thème récurrent dans mes livres. Dans les aventures de Clarisse, quelques clins d’œil culinaires, Clarisse et Armand aiment cuisiner. Quelques recettes sont d'ailleurs en ligne sur mon blog. Comme je le disais plus haut, je fais toujours des références à la littérature.
Le cadre de vos livres est la Haute-Loire parce que vous y vivez. En êtes-vous native et qu’est-ce qui vous y plaît le plus ?
Oui,je suis native de Haute-Loire et j'y vis, c'est donc pour moi bien facile d'en parler.
Manadieu est un village de Haute-Loire, mais ne le cherchez pas sur la carte, c'est un lieu imaginaire, je peux ainsi le modeler à ma guise et selon les besoins de mes histoires. « La Croix de Résurrection » est un roman médiéval qui se situe en Haute-Loire, village imaginaire aussi, ainsi je ne suis pas prisonnière de l'histoire et de la géographie. J’ai tout de même fait des recherches pour être cohérente avec cette époque que j'affectionne. Le seul de mes livres qui se situe sur des lieux réels ne se déroule pas en Haute- Loire, mais dans le Puy-de-Dôme. Dans « Jusqu'à la lie », je voulais parler du vignoble auvergnat et saluer le travail fait par les vignerons pour améliorer leur vin. Ce roman est plutôt un thriller et, comme je vous le disais, j’ai trouvé l'arme du crime dans les vitrines du musée de la coutellerie à Tiers.
Quel genre de livre, radicalement différent des vôtres rêveriez-vous d’écrire : historique, terroir, science-fiction ?
Avec mon travail, je lis beaucoup, que ce soit des ouvrages pour les adultes ou pour la jeunesse. J'aime la littérature fantastique et j'écris parfois quelques nouvelles. J'aimerais aussi écrire pour la jeunesse.
Faites-vous des salons spécialisés « polars » ?
Je n'ai pas encore fait de salon « Polars »
Le Puy en Velay est associé au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, l’avez-vous fait même partiellement ou l’envisagez-vous ? Je ne suis assez courageuse pour entreprendre un aussi long voyage et le côté religieux ne m'intéresse pas du tout. Je ne suis pas une voyageuse en général, j'aime ma petite bulle et les trajets m'ennuient. Je fais des marches courtes dans la campagne.
Le chemin de Saint-Jacques passe à Saint-Paulien, tout près de la médiathèque, j'ai parfois la visite de pèlerins ou de marcheurs.
Quelle valeur est à vos yeux la plus importante ?
La bienveillance (disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui - Larousse)
Merci Pascale Blazy pour cet entretien qui permettra de faire découvrir les enquêtes de la bibliothécaire.
Merci Valérie. J'espère avoir répondu de façon satisfaisante à vos questions. Clarisse sera très heureuse de vous accueillir à Manadieu. Voici l'adresse de mon blog : http://pascaleblazy-livres.over-blog.com
A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.
Relecture et mise en page Ph.P et S.P.
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Philippe Poisson - Criminocorpus
Synopsis : Ce livre musical raconte une affaire criminelle par la succession des complaintes qui s'y rapportent. L'affaire choisie est celle de Joseph Vacher, tueur de bergers qui sévit dans le ...