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Nouveau portrait du jour Christiane Laborde

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs  et reçoit avec infiniment de plaisir la romancière Christiane Laborde

Bienvenue Christiane sur le très prisé et discret Culture et justice

 

 

Bonjour Christiane Laborde.

Bonjour à vous, à ceux qui liront ce portait. Et un immense merci pour cet accueil sur vos pages.

1942 et le camp de Gurs aujourd’hui, auparavant l’île de Bréhat, des publications pour la jeunesse, vous êtes une indécise ou une touche à tout ?

Vous m’avez bien cernée… je suis un peu comme le petit Poucet. J’emprunte des chemins et pour ne pas m’y perdre, je sème quelques cailloux, aux couleurs différentes.

Touche à tout me convient bien. Je déteste la routine dans la vie et il en est de même dans mes écrits. J’ai à chaque fois envie d’explorer un nouveau genre. Du rêve et de l’humour avec mes publications jeunesse, de l’amour ( de soi, de cette île sublime ) avec Bréhat, mon amour, et maintenant ce que je considère comme un devoir de mémoire avec Au creux des ombres.

Votre chemin semble en effet très varié. Mais avez-vous tout de même un fil conducteur en matière d’écriture ?

Un fil oui. Mais pas celui auquel on penserait de prime abord, c’est-à-dire un plan bien déterminé avant d’écrire. Certainement pas… C’est le fil du besoin, de l’envie que je suis. Je ne puis écrire que lorsque les mots s’invitent d’eux-mêmes. Peu importe s’il est trois heures du matin. Je me lève alors je prends mon grand cahier, un bon café et je laisse glisser le stylo.

Ce fil conducteur, c’est au rythme de mes lectures puis de mes écrits qu’il se tisse. Après avoir longtemps privilégié un style assez poétique, je suis entrée dans l’intime. Des phrases resserrées, des mots justes. Ne dire que l’essentiel, sans fioritures, ce qui va droit au cœur.

Lorsque j’avais soumis mon premier roman jeunesse à une grande maison d’édition, la directrice éditoriale m’avait dit que je n’allais pas au bout de mon écriture. Sur le moment, je n’avais pas compris ce qu’elle voulait dire. Maintenant, c’est devenu clair. Je laisse les émotions entrer en moi et je les dépeins au travers de mes personnages. J’invite le balancement des phrases, leur rythme et les sonorités. C’est cela l’essentiel. Ne surtout pas trop en dire, laisser sa place au lecteur. Suggérer. À lui de trouver sa voie.

Le camp de Gurs, objet de votre dernier roman, Au creux des ombres – 1942 – Le silence du camp de Gurs qui vient de paraître chez Geste éditions, a sans doute été un terrain propice à cette entrée dans l’intime.

Tout à fait. De par le sujet, tout d’abord. Ce devoir mémoriel nécessite selon moi une retenue dans le style d’écriture. Des paroles sobres. Il n’est pas question, pour raconter un épisode aussi douloureux de notre Histoire, d’adopter le ton d’un magasine People. Tout est dans l’humain, dans le ressenti, chacun à sa façon, des personnages.

Justement, ces personnages, ont-ils réellement existé ou les avez-vous imaginés ?

Moitié-moitié. Je me suis appuyée sur l’histoire véridique de mes grands-parents qui, même s’ils n’ont jamais été déclarés Justes, ont œuvré dans ce sens en cachant des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, en permettant à des internés du camp de Gurs de s’évader. Et autour d’eux, j’ai imaginé. Les juifs qu’ils ont accueillis, pour lesquels je n’ai eu que très peu de renseignements, si ce n’est leurs prénoms et leur profession. Et ces « gens du peuple », la jeune paysanne, le transmetteur radio, le résistant, l’homme à tout faire du camp. J’ai eu besoin de les insérer dans le récit, dans cette spirale de personnages, pour que les points de vue se croisent et permettent au lecteur de mieux comprendre comment ce camp de Gurs était vécu par les habitants proches. Écrire un roman choral s’est imposé.

Votre livre est un roman historique, en avez-vous eu conscience en l’écrivant ?

Complètement. Avant même de commencer à en écrire les premières lignes, j’ai réalisé un travail de recherche très important, par des recueils de témoignages, des lectures… Sur le contexte, les événements de cette période, les conditions de vie dans le camp. Il m’a semblé que la précision historique, outre le fait qu’elle rend le récit crédible, est une manière de saluer, honorer tous les protagonistes. On ne plaisante pas avec les vies des persécutés, il est hors de question de bafouer l’Histoire. C’est une question de respect.

Après ce roman témoignage, avez-vous d’autres projets en tête ?

Le roman suivant, un roman préhistorique, est terminé. Il est actuellement en lecture chez plusieurs éditeurs. Verdict dans quelques mois. J’y ai approfondi encore un peu plus cette écriture épurée, cette entrée dans le sensible que j’avais déjà bien amorcée, je crois, avec Au creux des ombres. Je pense avoir trouvé mon chemin d’écriture.

 

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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