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Actualisation portrait du jour Sophia Clément-Mavroudis

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs  et reçoit avec infiniment de plaisir Sophia Clément-Mavroudis

Bienvenue Sophia sur le très discret et prisé Culture et justice

Sophia MAVROUDIS est gréco-française. Elle est née à Casablanca et a grandi en Grèce. Docteur en Sciences politiques, spécialisée dans les Relations internationales et la Défense, elle a été enseignante et consultante avant de commencer à écrire. Elle est une lectrice compulsive, une passionnée de jazz et une adepte du krav-maga. Ses romans noirs se déroulent dans la Grèce actuelle frappée par la crise économique et l’instabilité à ses frontières orientales, loin des images de cartes postales. Au-delà de l’intrigue et de l’enquête à rebondissements, ils nous racontent l’intimité des Grecs, leurs craintes et leurs espoirs, non sans une dose d’humour. Son commissaire cinquantenaire, STAVROS NIKOPOLIDIS, nonchalant, instinctif, bon vivant et amateur de Tavli, porte sur son pays un regard acéré, désabusé et attendri. Ses trois romans noirs – STAVROS (2018), STAVROS CONTRE GOLIATH (2020) et, STAVROS SUR LA ROUTE DE LA SOIE (2021) - sont publiés aux Éditions JIGAL. Ils sont en cours de traduction par la maison d’Édition italienne E/O (Este/Oveste éditrice d’Elena Ferrante).

Sophia Mavroudis, lauréate du "Grand prix du jury du festival Pôle Art 2021"pour " Stavros contre Goliath" !

 

 

Entretien de Sophia MAVROUDIS par le jeune journaliste, Marco NOGUIER.

Sophia MAVROUDIS - Des romans noirs sur la Grèce

Pourquoi as-tu commencé à écrire ?

Depuis mon plus jeune âge, je suis une lectrice compulsive d’essais politiques, de classiques, de romans historiques ou noirs et de polars. J’y puise, au choix, l’évasion, le rêve, l’analyse critique de ce monde. Mais de là à écrire … même si j’ai des liasses d’ébauches de romans qui traînent dans mes tiroirs.

J’ai adoré mon métier, la rencontre avec l’Homme dans ce qu’il a de meilleur et de pire, des immondes lâchetés au plus pur code de l’honneur. Mais il y a un temps pour tout. Un jour, j’ai ressenti le besoin de passer de l’autre côté de l’Histoire, de la raconter à ma manière, avec mes mots et mes priorités, de me recentrer sur moi-même.

La crise grecque y a été pour beaucoup. Ma famille l’a vécue de plein fouet, et n’en est pas ressortie indemne. Certains ont coulé, d’autres se sont exilés, et une minorité enrichie. En dix ans, mon pays, et mon monde personnel, ont subi des changements structurels et existentiels qui les ont transformés à jamais. C’est violent et dur à vivre. Il faut se le réapproprier et s’y habituer.

A mon modeste niveau, il m’était urgent de parler de la Grèce qui, en plein cœur de l’Europe, subissait, sous le regard et les critiques de tous - comme dans une émission de téléréalité de mauvais goût - les assauts répétés d’une politique d’austérité d’une rare violence. J’avais besoin de m’exprimer, de répondre au tir groupé de questions sur la nature de la crise, ses causes et ses conséquences, les supposés faiblesses, mensonges et indolence des grecs. Je l’ai d’abord fait par impératif personnel. Et j’ai eu la chance inouïe d’être immédiatement publiée par un éditeur indépendant de qualité, Jigal Polar, dirigé par le formidable Jimmy Gallier et son équipe efficace et soudée.

Pourquoi le roman noir ?

La Grèce actuelle, avec son lot de crise économique, de menaces géopolitiques, de violence psychologique et matérielle, donne matière au noir. De par sa dimension sociale et politique, le roman noir est le moyen d’expression le plus approprié pour dépeindre une société déstabilisée et en errance, ses clivages, ses maux, ses doutes, ses regrets. Écrire face au silence assourdissant, armée d’un langage cru et sans détours, hors des clichés et des idées réductrices, n’en déplaise au lecteur policé européen.

Car il n’est pas question de parler ici de feta, de plage et de mer bleue. Les grecs ne sont plus en vacances dans leur propre pays. Il n’est pas question non plus de refaire ce que d’autres écrivains grecs de romans noirs ont fait brillamment, mais de parler à ma façon de ma génération, celles des cinquantenaires. Ceux qui avaient vingt ans lors du « miracle » grec des années 80 et de la vache à lait européenne, celle qui a été trahie par ses aînées mais a aussi  raté un coche, celle dont les parents et grands-parents ont vécu dans leur chair l’histoire du XXe siècle grec avec guerres, dictatures, échanges de population, exil, et dont ils sont les héritiers.

Parle-nous de ton personnage principal, STAVROS, au caractère bien trempé.

Le commissaire Stavros Nikopolidis, est issu de cet état d’esprit. Athénien dans l’âme, comme moi, il est la quintessence de ma génération, de mes amis, de ma famille, avec ses joies, ses travers et ses contradictions. Il parle comme nous nous parlerions entre nous à la taverne, avec nos mots, nos soucis, nos contradictions, notre autodérision. Il n’est pas là pour plaire mais pour s’exprimer. Et comme il est en pleine crise, personnelle et nationale, il ne fait pas dans la dentelle.

La société grecque est peut-être habitée par le Filotimo et la Philoxénia dont tout le monde parle et est ravie de trouver à son arrivée chez les Hellènes, mais, elle est d’abord et surtout meurtrie, endurcie, amère et désorientée. Et ça, personne n’a envie de le voir. A cela, j’ajouterais le fait très personnel que je ne sais pas bien écrire le romantisme, les sentiments, la douceur. Par mon caractère plutôt réservé, et par mon passé professionnel, un monde très terre à terre et sans fioritures, fait de conflits, de secrets, et d’hommes.

Vas-tu écrire d’autres STAVROS ?

Oui, c’est une série de 5 romans noirs déjà esquissés dans ma tête et sur le papier. Chacun traite d’un thème qui m’est cher et que je souhaitais aborder. STAVROS parle de l’identité culturelle et collective de la Grèce d’aujourd’hui depuis la crise et les bouleversements sociaux qui la traversent. C’est pourquoi j’ai choisi le vol d’une frise du Parthénon, emblématique de son identité, l’arrivée des mafias et de l’insécurité.

Le second roman porte sur les nouvelles menaces géopolitiques auxquelles la Grèce est confrontée, les conflits à sa périphérie, notamment avec la Turquie, les flux migratoires, le terrorisme, et l’absence totale de solidarité de l’Europe à son égard. Aberrant au vu de l’ampleur des enjeux collectifs, des faibles moyens économiques de la Grèce, des prétentions politiques, militaires et morales de cette même Europe, sans parler du droit international et des Traités.

Les trois autres opus porteront eux aussi sur des thèmes spécifiques et distincts. Le troisième est d’ailleurs en cours d’écriture.

Tes personnages sont hauts en couleurs, très différents les uns des autres.

Le choix des personnages ne s’est pas fait par hasard. Je les ai choisis, ou plutôt ils m’ont choisie, ils existaient déjà dans ma tête. Ils me parlaient et m’ordonnaient de rapporter leurs propos. Ils représentent chacun une facette de la Grèce, qu’il s’agisse d’une région, d’une tranche sociale, d’un genre. Ils existent pour balayer le spectre des opinions. Ils sont là pour vider leurs doutes et leurs angoisses, s’affronter, s’aimer aussi.

Pourquoi as-tu écrit en français et pas en grec ?

Judicieuse remarque ! En réalité, j’écris Stavros en grec dans ma tête et mes doigts tapent en français sur le clavier. Cela relève de la schizophrénie mais c’est le propre des bilingues et bi-culturels de naissance, je suppose. C’est pourquoi il m’a fallu beaucoup me relire car dans la réalité, Stavros s’exprime, s’emporte, s’enivre en grec. Il me dit bien « ré gamoto » et pas « et merde ». D’où les phrases en langue « originale » parsemées régulièrement dans le texte, parce que parfois rien ne peut traduire mon ressenti. D’où aussi le fait que quand il y aura « traduction » en grec, j’en aurai la supervision.

 

Nouvelle enquête à Athènes du commissaire Stavros Nikopolidis

Juin 2020. En plein centre d’Athènes, le corps d’un homme d’affaires chinois est retrouvé écrasé au pied d’un hôtel en construction. Le commissaire Stavros Nikopolidis est chargé d’enquêter sur le meurtre de ce monsieur Lee, un des principaux investisseurs chinois en Grèce. Ses pérégrinations, très loin d’une simple enquête de routine, vont le conduire rapidement vers la séduisante Yi Ho, vice présidente de la société de monsieur Lee, qui semble se mouvoir avec beaucoup d’aisance dans les milieux opaques du transport maritime, de l’immobilier et de la politique. Les meurtres successifs d’un banquier et d’un journaliste vont plonger Stavros dans les méandres d’un vaste complot politico-financier qui va s’avérer être un des cocktails les plus explosifs dans une Grèce de l’après crise, ouverte à toutes les convoitises, et où tous les coups sont permis…


« Il s’agit avant tout de la Grèce éternelle, de celle des philosophes et des poètes… De la Grèce fière de sa culture, de sa cuisine, de sa musique… De la Grèce que les dieux ont abandonnée, que la troïka bruxelloise a outragée, brisée, martyrisée… De la Grèce qui, par delà son épuisement, reste fidèle à l’humanisme… Stavros c’est tout cela et bien d’autres choses ! » Le Rayon Polar.

Loin du Sea, Sand, Sex and Sun, Sophia Mavroudis poursuit son analyse de la Grèce d’aujourd’hui autour des enquêtes du commissaire Stavros Nikopolidis. Ce roman noir sur l’avancée chinoise en Grèce, et en Europe, est le 3ème volet d’une série. Après Stavros qui traite d’archéologie, d’histoire et de mémoire sur fond de trafics d’œuvres d’art, et Stavros contre Goliath qui aborde la question des relations gréco-turques et de la sécurité de l’Europe sur fond de crise des migrants et de terrorisme à la frontière sud de l’Union, ce nouveau roman est tiré d’une histoire vraie mais largement romancée avec un commissaire Stavros Nikopolidis survolté par des mois de confinement et exaspéré par les soubresauts de son pays en pleine reconstruction.

 

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P 

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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