La guerre de Succession d’Espagne bouleverse durablement les relations internationales européennes : à l’hégémonie franco-espagnole se substitue un équilibre des puissances inédit. Les contours de la diplomatie moderne s’esquissent peu à peu et le renseignement prend une importance jamais atteinte auparavant. Les espions essaiment dans les cours d’Europe et sont souvent des diplomates chargés de missions plus confidentielles, à l’instar du chevalier d’Éon, envoyé en Angleterre pour concocter un plan secret d’invasion sous couvert de négociations de paix.
Les espions sont aussi des civils anonymes, chargés de missions de renseignement à la faveur des circonstances. Il peut s’agir de paysans proches des lignes ennemies chargés d’informer l’armée quant aux positions ou au nombre des troupes adverses, ou de perruquiers qui tâchent discrètement de soutirer des informations aux têtes qu’ils coiffent… Appât du gain, loyauté au roi ou goût de l’aventure, les motivations ne manquent pas pour devenir espion, malgré les risques du métier. Les espions des Lumières usent de méthodes diverses pour arriver à leurs fins, de l’encre sympathique au déguisement en passant par l’interception des correspondances.
Dans cette frénésie du renseignement, les agents essaiment aussi au sein même du territoire. Ils sont chargés de surveiller les activités des populations les plus suspectes et de veiller sur les zones stratégiques. Ces activités entretiennent un climat de suspicion permanent, qui explique aussi la généralisation du passeport au XVIIIe siècle. Comment le Secret du Roi a-t-il institutionnalisé et centralisé l’espionnage à la française ? Quelles qualités fallait-il avoir pour être un parfait espion au XVIIIe siècle ? Les espions étaient-ils des personnages appréciés ? Quel type d’informations leur demandait-on de soutirer à l’ennemi ? Quel a été leur rôle dans la politique étrangère de la France des Lumières ?
Intervenant·e·s
Stéphane Genêt est agrégé et docteur en histoire, professeur d'histoire-géographie au lycée Choiseul de Tours. Spécialiste de l’histoire de l'espionnage et du XVIIIe siècle, il est par ailleurs producteur et animateur du podcast T'as qui en Histoire ? Il est l'auteur de :
- Les Espions des Lumières. Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV (Nouveau Monde, 2017)
- Leslie, espion du roi - L’affaire écossaise (Librinova, 2020)
Évelyne Lever est historienne, spécialiste du XVIIIe siècle. Ancienne chercheure au CNRS, elle a notamment publié :
- Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (avec Maurice Lever, Fayard, 2009)
- Le Temps des illusions. Chroniques de la Cour et de la Ville, 1715-1756 (Fayard, 2012)
- Le Crépuscule des rois. Chronique 1757-1789 (Fayard, 2013)
- Dictionnaire amoureux des reines (Plon, 2017)
- Paris sous la Terreur (Fayard, 2019)
- Le Grand amour de Marie-Antoinette. Lettres secrètes de la reine et du comte de Fersen (Éditions Tallandier, 2020)
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