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Nouveau portrait du jour Sébastien Monod
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs et reçoit avec infiniment de plaisir Sébastien Monod
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Après avoir travaillé comme journaliste et dans la communication, Sébastien Monod se consacre désormais exclusivement à l’écriture. Amateur de voyages, il aime s’isoler dans des lieux atypiques pour écrire (un sémaphore sur l’île d’Ouessant, un monastère en montagne dans la vallée de la Roya, un mas en Camargue). Il a, à ce jour, publié quatorze romans et plusieurs nouvelles, mais aussi des livres de photos (Mimêsis, Jacques Flament Éditions et Ouessant, mon sang, Éditions des Deux Anges).
Il est aussi l’auteur en 2017 d’un essai consacré à Montgomery Clift, L’Enfer du décor (Éditions LettMotif), encensé par la presse (Télérama, L’Obs, France Inter, La Septième Obsession, OCS) et qui signe un retour à ses premières amours, le septième art qu’il avait délaissé après ses études de cinéma. Il a écrit le scénario d’un court métrage destiné à dénoncer l’homophobie, Je suis pas comme ça, un film tourné début 2020 par Jean-Claude Guézennec, un de ses professeurs de cinéma.
Etienne Daho fête ses quarante ans de carrière. A cette occasion, un nouvel album et deux rééditions de disques sont prévues pour célébrer cet événement ainsi que des concerts. Depuis quarante ans, il vient de sa voix douce bercer nos oreilles de ses titres pop qui ne prennent pas une ride. Si des bios ont déjà été écrites sur cet artiste, personne auparavant n’est allé fouiller dans l’univers de Daho. C’est le pari qu’à engager Sébastien Monod, à qui on doit plusieurs romans et dernièrement une biographie de Montgomery Clift très remarquée et récompensée.
Bienvenue Sébastien sur le très prisé et discret Culture et justice
L'interwiew est réalisé par notre ami Christian Dorsan
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Nantais d’adoption, originaire de la région de Bagnols sur Cèze, Christian Dorsan s’intéresse à la théosophie, le martinisme, tout ce qui gravite autour de l’essence de l’homme.
Il collabore au magazine "L’Indic". Après "Les saisons de l’Isthme" (Paulo Ramand, 2012), il fait parti des 68 nouveaux écrivains de la rentrée littéraire de 2015 avec "Papa, c'est encore loin quand je serai grand ?" publié chez Paul&Mike.
"Le quart d’heure bagnolais" (2017) est son premier polar...
Sébastien Monod a pris le parti de ne pas raconter Etienne Daho, mais de nous proposer une rencontre avec son univers. Il s’est prêté au jeu des questions :
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Parler de l'univers d'Étienne Daho, est-ce une manière d'aborder son œuvre ?
Quand on connaît la fidélité et l’attachement d'Étienne Daho aux êtres en général, aux artistes en particulier, mais aussi aux choses, aux lieux et aux symboles, évoquer son environnement, c’est inévitablement évoquer qui il est en tant qu’homme et en tant qu’artiste. Plus que pour n’importe quel autre chanteur, ses influences artistiques permettent de cerner son travail. Il n’a par exemple jamais caché son admiration pour David Lynch. L’univers du cinéaste est donc présent dans celui de Daho. Pas frontalement, bien sûr – une citation n’a de valeur que si elle apporte quelque chose d’autre. Dans la chanson « L’homme qui marche », il dit : « L’homme qui marche devant moi, est-ce moi ? » Il fait allusion à Dale Cooper, dans la série Twin Peaks, quand celui-ci poursuit son propre double noir. Toujours dans cette chanson, il fait référence au héros de L’Étranger d’Albert Camus, « le héros d'un livre qui ne souffrirait plus du froid ». Dahovision(s) permet d’aborder l’œuvre de Daho sous un angle nouveau.
Chaque album est construit comme un court métrage, l'univers de Daho est-il onirique ?
Chaque album raconte l’histoire des trois ou quatre dernières années du chanteur. Cela a été flagrant avec l’album Blitz (2017), le dernier en date si on exclut Surf, un disque de reprises. Étienne évoque l’hospitalisation qui a failli lui ôter la vie en 2013 suite à une péritonite qui a provoqué une septicémie (« Les flocons de l’été »). Dans ce disque, il aborde aussi le sujet du terrorisme, notamment les attentats du Bataclan à Paris ou du Pulse à Orlando (« Après le Blitz »). L'univers de Daho est donc très peu onirique, il est au contraire très ancré dans la réalité, dans la sienne ou dans le monde qui l’entoure.
Étienne Daho est un chanteur populaire, dans le sens où tout le monde connaît au moins une chanson, pourtant ses chansons sont truffées de référence littéraires, cela fait-il de lui un artiste à part ?
C’est vrai, quand on songe à Étienne Daho, à la pop d’une manière générale, on imagine quelque chose de léger. Si ses musiques le sont, il n’en est pas de même pour ses textes. Au contraire, ils sont parfois très sombres. Son premier succès « Le grand sommeil » possède un rythme très dansant, pourtant il y évoque le suicide. Je suis persuadé que c’est ce paradoxe qui a contribué au très vif intérêt de la presse dès les premières années : les journalistes ont perçu que Daho n’était pas un coup marketing et qu’il y avait quelque chose de plus profond sous les abords un peu faciles un peu « lisses » pour certains.
Ses textes se sont affirmés au fil du temps, ils ont pris une ampleur dramatique. L’album Éden fourmille de références bibliques – La Bible étant l’un des plus gros best-sellers de l’histoire de l’édition. Dans l’album « Corps et Armes », ses textes deviennent poésie, on s’approche de Prévert, quasiment cité dans « Le brasier » lorsqu’il chante « la perfection pure n’a souvent pas de prix », une évocation du film Les Enfants du paradis dont le poète est le scénariste, quand Édouard de Montray (Louis Salou) dit à Garance (Arletty) : « La beauté est une exception, une insulte au monde qui est laid. […] Rarement les hommes aiment la beauté. ».
Dans « Les mauvais choix », il y a cette phrase très poétique : « Quand on veut offrir ce que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut vraiment pas. » C’est très clairement un clin d’œil à des propos tenus non pas par un poète, mais par le psychiatre et psychanalyste Jacques Lacan : « L’amour, c’est offrir à quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose que l’on n’a pas. »
Vous êtes fan d'Étienne Daho, avez-vous fait des découvertes ?
J’utilise souvent une métaphore pour expliquer mon travail sur ce livre, celle de la pelote de laine : un fil en dépassait, il m’a suffi de tirer dessus et alors la pelote s’est déroulée ! J’avais pris des notes au fil du temps, mais quand je me suis sérieusement mis à travailler sur mon livre, j’ai déniché tout plein de choses. J’ai fini avec 80 pages de notes A4 ! Dans le lot, il y avait des choses qui coulent de source, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de doute possible sur les références. Parfois, je suis davantage dans la supposition, et dans ce cas je le dis, je n’affirme pas. Et puis, je suis parfois tombé sur des références de façon tout à fait inopinée. Par exemple, je lisais La chambre de Giovanni de James Baldwin pour mon plaisir personnel quand, au détour d’un paragraphe, une phrase a fait tilt dans mon esprit. Cela m’a immédiatement fait penser à un vers dans une chanson d’Étienne. Je me suis dit que ce n’était pas un hasard. Il n’y en a pas, du reste, du propre aveu du chanteur… qui reprend dans « Ouverture » une phrase attribuée à Paul Éluard : « Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. » Dahovision(s) en fut un.
Ce livre est une mine d’or, une malle aux trésors où chacun trouvera de quoi s’émerveiller et se documenter sur l’univers de ce chanteur atypique. Ne vous attendez pas à un catalogue discographique, Sébastien Monod a entrepris un travail colossal sur les références du chanteur, sa vie, ses projets, pour nous offrir une vision juste et riche d’Etienne Daho. Et il ne se contente pas d’être un simple biographe, il possède une belle plume – le chapitre consacré à la Master Class de Fribourg confirme une très belle écriture- et nous entraine de découverte en découverte avec un style particulier qui le distingue des œuvres biographiques traditionnelles. Sébastien Monod à qui on doit entre autres Sitcom, Nous irons presque tous au Paradis, Le Chat Bleu… consacre désormais sa vie à l’écriture pour notre plus grand plaisir.
Le tout est agrémenté de photos de Nicolas Comment et des entretiens avec les proches du chanteur et une interview d’Etienne Daho.
Si vous êtes en panne d’idée de cadeau pour Noël, Dahovision(s) sera à coup sûr une bonne surprise au pied du sapin.
Dahovision(s) de Sébastien Monod
éditions Médiapop ( novembre 2021)
Prix 32 euros ISBN 978-2-491436-41-4
Il a fait l'objet d'une coédition, l'autre éditeur est Chicmedias
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A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."