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Nouveau portrait du jour Marc Bruimaud
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs et reçoit avec infiniment de plaisir Marc Bruimaud
Bienvenue Marc sur la page du très discret et prisé Culture et justice
Après une vingtaine d’années (1990-2010) consacrées à la critique de cinéma et de télévision pour des revues et des magazines aussi divers que Mad Movies, Impact, Les Inrockuptibles, Vertigo ou La Voix du regard, Marc Bruimaud a progressivement glissé vers la fiction, alignant sans discontinuer recueils de nouvelles, novellas, romans et sagas feuilletonesques… Bilan rapide de ses activités multiformes au fil d’une interview réalisée à Limoges durant les fêtes de Noël par Guy Misty.(Photo : Louise Lenepveu, 2018)
Bonjour… Pourriez-vous nous expliquer comment s’est produit ce passage de la critique à la fiction.
Il y a eu deux principaux déclencheurs : en premier lieu ma seconde femme, Nelly Defaye, une grande lectrice qui, un jour, a regardé en vitesse ce que je stockais dans mon ordinateur. Elle a été effrayée par le nombre invraisemblable de textes de fiction qui y croupissaient sans que je tente de les diffuser. C’est donc elle qui m’a suggéré de désengorger l’appareil, j’ai commencé à envoyer quelques nouvelles à des revues ou à des maisons d’édition, et ça a tout de suite fonctionné. Résultat : en à peu près dix ans, j’ai publié presque une centaine de textes courts, des recueils, des romans, et le fameux Cycle de Catalpa sur lequel je reviendrai tout à l’heure.
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La deuxième raison, c’est qu’après vingt ans de critique cinématographique et télévisuelle passés à disséminer des dizaines d’analyses dans des magazines plus ou moins éphémères, je me suis lassé de ce mode de diffusion qui faisait que mes articles, sitôt publiés, disparaissaient dans le puits sans fond de l’oubli, alors qu’ils m’avaient demandé énormément de recherches et de travail.
Il était donc temps (en 2010) de passer à autre chose.
Comment classeriez-vous vos œuvres ? Existe-t-il différentes catégories dans votre production ?
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D’un côté on trouve ce qui relève de l’ « autofiction », essentiellement des récits plus ou moins sentimentaux que, pour la plupart, j’ai publié aux Éditions Jacques Flament, notamment les recueils La Vie coule et Penser/Lister, ainsi que le mini-roman 22/10, 22 :10.
De l’autre, des histoires de pure fiction, dans un registre plutôt noir, comme la novella Makolet (qui vient d’être adaptée au théâtre et dont la première aura lieu le 20 janvier prochain à l’Espace Noriac de Limoges) ou les deux recueils Ici et Maintenant (aux Éditions Black-out) qui sont un peu des « contes de la folie limougeaude », si je puis me permettre ce rapprochement sans offenser la mémoire de Bukowski… Là, on rejoint d’ailleurs l’idée de « justice », chère à ce blog qui accueille mon interview, car j’y développe l’idée que, d’une certaine manière, la sévérité est une vertu. Les personnages qui y sont portraiturés sont donc montrés tels quels et sans indulgence, car il faut bien que la littérature serve aussi à faire réfléchir sur une forme de morale civile, qu’elle épingle les comportements antisociaux et les abus de toutes sortes. Si on laisse les nuisibles continuer à sévir sans les rappeler à l’ordre, ils s’en donnent à cœur joie éternellement.
Ceci étant, quand on circule à travers le dédale de vos multiples publications, on s’aperçoit vite qu’une autre de vos préoccupations, c’est tout simplement l’écriture.
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Évidemment ! Pour résumer, il y a deux aspects : premièrement, il n’est pas rare que mes histoires soient des prétextes à une réflexion sur le simple fait d’écrire, pas forcément une mise en abyme systématique, seulement l’obsession qu’a le narrateur, directement ou à travers certains personnages, de s’interroger sur la « forme juste » qui va permettre de relater les intrigues avec sincérité.
Cette quête de la justesse passe donc par un travail ascétique qui consiste à progressivement éliminer, au fil de multiples relectures, ce que j’appelle les « scories », c’est-à-dire tout ce qui ne sert à rien ou contribue à prendre le lecteur pour un imbécile en alourdissant les phrases par l’accumulation de redondances tout à fait inutiles. À travers cela, je vise également une fluidité maximale rendant la lecture « facile », comme si je n’avais pas vraiment écrit. Ce que faisaient, par exemple, Hemingway, Duras ou Emmanuèle Bernheim, qui sont des grands modèles pour moi… Côté construction narrative, je m’inspire surtout de l’OuLiPo et des « contraintes libératrices », de Queneau et de Georges Perec avec sa théorie des « échafaudages » qui disparaissent une fois que la maison est construite. Pour un livre, c’est pareil.
Alors justement, parlez-nous du « Cycle de Catalpa » qui représente bien votre conception de la structuration romanesque.
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C’est un projet en cours, une sorte de saga chorale avec un nombre incalculable de personnages et de lieux (réels ou fictifs), qui s’étend sur sept volumes (le quatrième paraîtra début 2022) et raconte une histoire énigmatique très noire, à la manière des feuilletons anciens ou des séries télé modernes comme True detective où les résolutions, constamment suspendues, se font en cascade jusqu’à l’éclaircissement final. Ça demande au lecteur une grande abnégation, car il faut constamment recoller les morceaux d’un puzzle dont on ne saisit pas toujours la vraie nature ni les finalités. Une œuvre exigeante, sans doute ce que j’ai fait de mieux, mais moins accessible que le restant de mon travail, et donc, malheureusement, moins lue.
Pour terminer, je crois que vous voulez rendre hommage à un certain nombre de vos collaborateurs…
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Ah oui ! Tout d’abord, mes deux principaux éditeurs, Jacques Flament, qui publie surtout mes ouvrages d’autofiction avec une constance exemplaire, et Fabrice Garcia-Carpintero, des Éditions Black-out, dont l’un des principaux mérites a été de se lancer dans l’« aventure Catalpa » avec ce qu’elle comporte de risques (s’engager sur presque dix ans sans savoir si le Cycle trouvera son lectorat).
Ensuite, j’ai la chance (et la joie sans cesse renouvelée) de travailler avec des illustrateurs formidables, Pascal Leroux (alias Xuorel) pour le Cycle de Catalpa, Valérie Pillon pour mes nouvelles noires (Ici er Maintenant), sans oublier Alexis Horellou qui en réalise les couvertures… Leur travail apporte une plus-value incontestable à mes livres. (Valérie Pillon pour Ici)
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A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."
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portrait du jour criminocorpus - Le blog de Philippe Poisson
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