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Nouveau portrait du jour Athalie Nac (Charlotte Cayeux) 

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs  et reçoit avec infiniment de plaisir Athalie Nac (Charlotte Cayeux)

Charlotte Cayeux est née en Normandie en 1986. Elle a obtenu un Master en Études Cinématographiques à l’Université Paris III et a réalisé plusieurs courts-métrages de fiction dont “Une scène”, “Nassara” et “Ceux qui peuvent mourir”. Elle a publié son premier livre en 2021 aux Editions Chèvre-feuille étoilée : "L'Autre Ahmed ou l'Attente".

Bienvenue Charlotte sur le très prisé et discret Culture et justice

"J’ai grandi en Normandie, dans une maison pleine de livres et de cassettes vidéos.

Mes parents lisaient beaucoup, mon père écrivait - il avait publié quelques livres - et je me suis mise à écrire des nouvelles assez jeune.

À l’adolescence, j’ai été marquée par trois écrivains en particulier, dans des styles pourtant très différents : Virginia Woolf, Cormac McCarthy et Armand Gatti. J’ai toujours lu énormément, tous les jours, je m’intéresse à tous types de littérature. Côté cinéma : les films d’Ingmar Bergman, de John Cassavetes, Mort à Venise de Visconti et Le bois de bouleaux d’Andrzej Wajda. Ce sont ces cinéastes qui m’ont donné envie d’intégrer une option cinéma audiovisuel au lycée, puis de poursuivre en Études Cinématographiques à l’université Paris III. Mes réalisateurs contemporains préférés sont le hongrois Béla Tarr et le turc Nuri Bilge Ceylan.

Je suis restée à Paris après mon Master, dans le cadre duquel j’avais rédigé un mémoire sur le cinéma libertaire d’Armand Gatti, et un autre intitulé : « Cinémas et genres : l’émergence d’un point du vue féminin sur le désir ».

J’ai commencé à écrire et réaliser des courts-métrages de fiction en autoproduction : Une scène, Résurgences, Trois aventures inédites de Tapi, Nassara. En 2017, un premier court-métrage professionnel, produit par respiro productions : Ceux qui peuvent mourir, mêlant des éléments fantastiques, de science-fiction et de thriller. Je continuais à écrire des textes courts, poèmes et nouvelles, parfois publiés dans des revues (L’Intranquille), fanzines ou recueils collectifs.

J’ai rencontré « Ahmed » en 2018. Il avait, lui aussi, écrit et réalisé plusieurs courts-métrages. Nous sommes devenus un couple assez naturellement, liés par une entente, une attirance et notre désir commun de faire des films. Pourtant j’étais troublée par certaines attitudes, des absences, son côté très secret. Par des éléments de son passé que je découvrais peu à peu. Sa peur d’être « fou » et ses moments de paranoïa. Mais le Ahmed solaire et plein de vie reprenait toujours le dessus et je chassais ces inquiétudes.

Et puis, en 2019, il disparaît. J’apprends quelques jours plus tard qu’il a été arrêté, pour des faits que j’ignore encore, le lendemain qu’il est passé devant le juge, qu’il est en prison pour plusieurs années. Pour moi c’est aussi le début d’un calvaire, « l’autre peine », celle que vivent les proches de prisonniers : un présent fait d’attente, de lettres et de parloirs.

Pendant son incarcération, Ahmed décrit son quotidien en BD. Chaque jour il dessine un strip de trois cases, pour raconter une anecdote, une réflexion. Il m’envoie ses feuillets par la poste, avec son accord je crée un blog pour les publier : « Brèves de prison » : https://brevesdeprison.tumblr.com. Plus tard une sélection de strips sera publiée sous forme de livre et sous le même titre par les éditions de la Pigne 

(https://lapigne.org/livres/breves-de-prison/).

De mon côté, j’écris. Je décide de raconter notre histoire. J’essaie de comprendre ce qui s’est passé. Je témoigne aussi de la prison, de mon point de vue de compagne. Ce récit, « L’autre Ahmed ou L’attente », est fortement autobiographique, mais rédigé de façon romanesque. J’avais depuis longtemps le désir de me plonger dans l’écriture d’un texte plus long, sans pour autant en ressentir l’urgence. À ce moment-là ça a été une évidence : partager cette expérience pour en tirer quelque chose de positif. L’écriture m’a été d’un grand secours. Je l’ai proposé à quelques éditeurs et il a été publié en septembre 2021 aux éditions Chèvre-feuille étoilée (https://www.editionsfemmeschevrefeuille.fr/produits/lautre-ahmed-ou-lattente/), une maison d’édition franco-algérienne qui publie essentiellement des textes de femmes, fictions ou essais (et aussi depuis quelque temps une collection de romans noirs féminins !)

Entre temps, Ahmed a été libéré, mais la prison n’a pas fini de nous hanter. J’ai senti le besoin d’y revenir sous la forme d’un film que je finalise en ce moment. C’est un documentaire expérimental et épistolaire, dans lequel je lis des lettres qu’il m’écrivait de la prison de Fresnes, sur des images de paysages et de mer qui disent l’absence et la séparation. Il s’appellera « Nos Horizons ».

Sur mon site internet, http://athalieproductions.org , on peut lire certains de mes textes (nouvelles et analyses de films) et regarder certaines de mes vidéos. J’y annonce également les événements concernant ce premier livre : salons du livre, dédicaces ou émissions de radio…"

 

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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