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Nouveau portrait du jour de Regine Ghirardi
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs et reçoit avec infiniment de plaisir Regine Ghirardi
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Régine Ghirardi est une auteure érudite aux nombreuses passions artistiques se sert de sa plume comme d’autres se servent des touches d’un piano ou d’un pinceau. Artiste aux mille couleurs, son livre « Villa des orangers » envoûtera vos sens .
Villa des orangers est paru en novembre 2020 chez JDH ÉDITIONS. 540 pages Il a été sélectionné pour le prix des Nouveaux Auteurs en "Développement personnel" présidé par Florence Servan Schreiber. Finaliste pour le Prix Machiavel du Cercle Leonardo da Vinci.
Bienvenue Regine sur le très prisé et discret Culture et justice
Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?
Je suis née à Paris en 1954 et je vis actuellement à Concarneau.
Je suis d'origine bretonne, mais je n'ai jamais eu de port d'attache puisque, de par la profession de mon père, nous changions de villes tous les deux ou trois ans. J’ai adoré cette effervescence, mais au dernier déménagement, j’ai souffert d’une perte d’identité et d’une sorte de décalage.
J’ai 9 ans lorsque mes parents s’installent en Provence et 13 ans lorsqu’ils décident de rejoindre définitivement la Bretagne, le berceau de mes aïeux, où je n’avais encore jamais vécu.
J'ai été littéralement déracinée… J’étais en quelque sorte une immigrée. Je ne parlais pas comme eux, je ne pensais pas comme eux. Je ne me comportais pas comme eux. Nous ne partagions ni les mêmes odeurs, ni les mêmes couleurs, ni le même climat. On m’évinçait des jeux et des papotages entre filles et lorsque je parlais, on se moquait de mon accent… Ce fût une période très compliquée. J'ai appris à me faire oublier, à être un peu transparente, à me taire et à écouter. Et aussi à m’assimiler pour sortir de cette solitude.
J'ai dû faire une sorte de deuil de « mon pays du Sud », mais il ne s’est jamais achevé. En Provence, j'étais à cet âge où l’on engrange les mémoires visuelles et olfactives. L’atmosphère, les paysages, la terre, les couleurs, l’air qu’on respire… Il est bien possible que tout cela nous définisse, au fond ! Pour ma part, je me suis approprié ce territoire comme une patrie.
Et je l’ai eu longtemps le mal de cette patrie ! Je me revoyais jouer avec la menthe et les lézards, traverser les vignes pour aller à l'école, regarder les montagnes mauves dans le lointain, remonter les sentiers caillouteux écrasés de soleil, m’allonger sous les oliviers, croquer les pignons qui tombaient lorsqu’on secouait les pommes de pins, écouter les stridulations des cigales, danser à moitié nue dans le jardin pour accueillir la pluie bienfaisante…
En Bretagne, je me suis toujours sentie comme une « impostrice ». Une plante de garrigue chétive, perdue parmi les pommiers, les patates et les poireaux, dans de grandes étendues vertes, inodores et humides.
J’ai fini par prendre racine. Mais toute ma vie, mon unique souhait a été de partir pour une autre vie dans un autre lieu. Ce qui ne s’est jamais fait, par obéissance à une autorité familiale ou… par lâcheté.
À 60 ans, il y a eu comme une urgence, alors j'ai écrit. J’ai écrit une autre vie. La vie que j’aurai pu… si…
D’avoir écrit ce livre m’a totalement apaisée. Ma vie fantasmée a pris la fuite. Mon regard a changé. Aujourd’hui, je suis extrêmement heureuse de vivre en Bretagne.
Votre itinéraire ?
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Bien que très attirée par un parcours artistique, ayant passé une année aux Beaux-arts, la vie a choisi pour moi et m'a dirigée vers une carrière dans l’Administration. Mes fonctions, axées sur les relations humaines, m'ont donné la chance de m'épanouir. Mais, aujourd'hui encore, je ressens les regrets d'avoir abandonné mes rêves...
Je suis transportée par l'art, vous l'avez compris, et ce depuis mon enfance. L’art et la beauté sont nécessaires à ma vie, à ma respiration. L’art, tel que je le ressens, englobe le regard posé sur la nature et sur les choses, qu’elles soient ordinaires comme extraordinaires. C’est pour moi un état d’être, comme l’écriture.
Très jeune, j’ai commencé à inventer des histoires et à les écrire dans des cahiers. J’ai toujours su qu’écrire était un moyen de capturer mes rêves, de graver et d’immortaliser mon imagination et mes pensées entre des pages. Comme une collection…
Aujourd’hui, l’écriture m’offre la possibilité de transcender la réalité perçue.
Vos influences littéraires ?
Les romans qui m’ont marquée à l’adolescence, sont principalement les romans des sœurs Brontë, ainsi que ceux de Jane Austen et de Charles Dickens.
Puis, ma rencontre avec Balzac qui a transformé mon regard. Grâce à lui, j’ai développé un goût de l’observation et du détail qui ne m’a jamais quitté. Cet auteur a nourri ma jeunesse en me transportant vers un monde littéraire quasi cinématographique. En le lisant, je n’existais plus.
Par la suite, j’ai surtout lu des ouvrages philosophiques, scientifiques ou médicaux, des ouvrages sur l’évolution des espèces, l’ADN, l’attraction terrestre, le monde végétal et minéral, d’autres sur les mystères de la vie et beaucoup de livres d’art et d’architecture.
Vous voyez que mon parcours littéraire est peu habituel… J’avais plutôt des préoccupations métaphysiques et la volonté d’essayer de comprendre le monde.
Avez-vous d’autres passions ?
Je suis fascinée par la communication entre les humains, c'est pourquoi j'ai fait un travail analytique sur neuf ans et suivi de nombreuses formations en développement personnel, PNL, Hypnose Ericksonienne, Rebirthing, Gestion du stress, Catharsis, Biosynergie, Psychogénéalogie, etc. Aller chercher toujours plus loin en moi, explorer ce que j'appelle mes "terra incognita" est mon leitmotiv.
L'étude de l’arabe littéraire est une autre de mes passions. C’est une langue exigeante et magnifique que j'ai étudiée pendant 13 ans. Cette démarche m’a demandé un gros effort d’apprentissage. En contrepartie, elle m’a ouvert des portes extraordinaires en me faisant sortir de mon cadre et en m’offrant une vraie possibilité d’aller vers l’autre dans un esprit de fraternité.
Reste à vous parler de ma passion pour la cuisine, en particulier la cuisine du monde qui m'entraîne vers la richesse des cultures et la beauté de la diversité.
Et puis… oui, j'allais quand même oublier le plus important, mon amour inconditionnel pour l’odeur des fleurs d’orangers...
Ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
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Comme la musique, comme les couleurs, les odeurs ont un puissant pouvoir pour stimuler l'imagination car elles nous ramènent à une part très intime, à la mémoire de l’enfance. Les odeurs touchent aussi à l’identité. Et c'est du parfum des fleurs d'un oranger qu'est né mon livre…
L'idée était aussi d'avoir un thème en contrepoint avec la dureté de notre société et toute cette violence que les médias nous apportent. Dans ce roman, j'ai pris le parti de faire l'apologie de la joie et de la beauté.
Et ma vie est ainsi faite. Je n'ai aucun besoin de monter sur des barricades. Je ne compte rien, sinon les heures sereines.
De quoi parle le livre ?
Claudia est conservatrice et restauratrice d'art au Musée des Offices.
L'histoire se déroule en Toscane, entre Florence et Montalcino, avec ses paysages méditerranéens, les vignes, les oliviers, les orangers, les cyprès et les cigales.
Cette femme, elle est là avec ses doutes, ses failles, mais elle est là aussi avec ses envies, ses passions, son énergie, son optimisme et son irrépressible besoin de cultiver la joie.
C'est l'histoire de sa rencontre amoureuse avec Marc, de la construction d'un couple et du parcours d'une vie à deux.
C'est aussi sa rencontre avec Maria-Maddalena autour de la restauration d'une toile du peintre anglais préraphaélite Anthony Frederick Sandys, puisque Maria-Madalenna est la descendante de ce peintre. C'est donc le hasard des rencontres de la vie et comment nos chemins peuvent prendre des directions différentes voire inattendues. Et, c'est en partie ce qui amènera Claudia à la Villa des orangers.
Dans ce livre, on voyage beaucoup puisqu’on se retrouve tantôt en Italie, tantôt en Grèce, à Marrakech et dans certains quartiers de Paris. On peut aussi plonger dans la ville de Florence par de nombreuses entrées, qu’elles soient artistiques, historiques ou gastronomiques. C'est d'ailleurs un livre dans lequel on mange beaucoup ! On goûte à la cuisine de Claudia, on s'amuse, on rit, on s'engueule, on pleure parfois. On apprivoise la vie côté cœur et côté couleur.
Je rajoute couleur, car c’est un livre où l'on parle beaucoup d'art mais vraiment à doses homéopathiques. On pourrait dire qu'au fil des chapitres, c'est un peu de la vulgarisation sur l'art. J'évoque, entre autres, les peintures de la renaissance italienne, la loi des contrastes de couleurs de Johannes Itten, les PRB, le Bauhaus, les impressionnistes, le métier de restaurateur d'art, la théorie d'Euclide, (mais je le répète, tout cela à petites doses)
Ce fût un énorme travail pour réussir à résumer le plus brièvement possible des sujets passionnants sur lesquels j'aurais pu m'étaler indéfiniment.
C'est aussi un livre qui pose des questions d'éthique, car il aborde des sujets un peu tabous comme la passion amoureuse chez nos aînés et des sujets plus difficiles comme la maladie, la fin de vie, la mort. Je parle aussi des expériences de mort imminente.
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C'est également un livre sur les relations humaines, sur l'amitié, la fraternité, sur la découverte et la curiosité vis-à-vis de l'autre, sur la richesse que chacun peut apporter, richesse de la diversité culturelle et sociale, et bien sûr la bienveillance.
Dans le roman je parle beaucoup du Maroc et de Marrakech, ma ville de cœur. De mon inoubliable rencontre avec le renommé parfumeur Abderrazzak Benchaâbane. De mon amitié avec Fatema Hal, anthropologue, Cheffe cuisinière propriétaire du restaurant le Mansouria à Paris. De mon ami Saadane Benbabaali, professeur de littérature arabe et maître de conférence à la Sorbonne.
À travers les récits d'Hicham, (Mustapha Imzilen), je témoigne aussi de la vie quotidienne des Berbères. J'explique également pourquoi j'ai appris la langue arabe et de quelle façon m'est venue cette envie.
C'est aussi comment chacun de nous peut s'arrêter un instant et profiter de la beauté du monde. N'importe où que l'on soit, il y a toujours juste sous nos yeux, du merveilleux à observer, à écouter, à savourer.
Ce livre est une sorte d'hymne à la vie. C'est un livre généreux, riche de couleurs, de senteurs et de saveurs. En un mot, c’est « merci la vie » !!!
Et pour finir, qualifieriez-vous votre roman de roman initiatique dans le monde de l’art ?
Il est vrai que ce roman m'a donné l'opportunité de transmettre certaines connaissances que je trouvais fascinantes. J’ai ainsi pu partager mes passions et entrouvrir, je l’espère, quelques portes sur l'art. En ce sens, on pourrait dire que c'est initiatique...
Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."
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Villa des orangers de Régine Ghirardi - Le blog de Philippe Poisson
Un Bleu Klein parisien. Et puis un jaune américain à la Newman. Une touche de vert à la Chagall vu depuis une fenêtre sur l'île de Bréhat. C'est étrange de retrouver naturellement ces couleu...
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