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Nouveau portrait du jour Cara Vitto

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Cara Vitto

Bienvenue Cara sur le très prisé et discret Culture et justice

 

Comment passer de la Finance à l’écriture ?

Je me demande souvent comment j’en suis arrivée là… il y a quelques années, j’étais Responsable coordination et méthodes (oui, je sais ça ne veux rien dire, mais tel était l’intitulé de ma fonction) dans une grande compagnie d’assurance, à Paris. Aujourd’hui, j’écris, je dessine et je peins dans le sud-ouest de la France… un sacré changement de vie !

Tout a commencé alors que je venais de changer de poste au sein de mon ancienne société. J’étais heureuse d’évoluer vers de nouvelles fonctions, mon bureau avait une jolie vue sur la tour Montparnasse, je profitais de mes pauses déjeuner pour flâner dans les rues du Quartier latin et j’utilisais mes trajets en métro pour dévorer tous les romans de la planète.

Puis, un beau matin, juste avant de partir en réunion, je reçois un mail de mon tendre époux :

«  Ma chérie, je pensais que ce n’était plus d’actualité, mais il semblerait que mon employeur ait des projets d’expatriation me concernant. Alors tu préfères quoi : le Nigéria ou le Congo ?

Ce petit mail de 33 mots a bouleversé ma vie.

Mon premier réflexe a été de nier les faits « Mais non, ils se sont trompés, ils vont changer d’avis, ils vont trouver quelqu’un d’autre, un petit jeune tout neuf, tout beau, tout propret et prêt à tout… » Et puis, on continue la réflexion « En plus, on vient tout juste d’acheter un appartement. Et mon boulot, j’en fais quoi ? Et notre deuxième enfant qu’on essaie d’avoir ? Et la famille, les amis, les voisins ?… non, non, non je crois pas que ça va être possible. »

Puis, d’autres réflexions sont venues effacer les premières. Décision professionnelle, décision personnelle, nous avons finalement choisi de partir à l’aventure avec un grand A….

Entre-temps, notre deuxième enfant (sûrement motivé par cette folle aventure) décide de poindre le bout de son adorable petit nez, et nous voilà en route pour le Congo, dans un continent que je ne connaissais pas et avec le nouveau statut de « femme d’expatrié »… c’est-à-dire que je n’avais rien d’autre à faire que… faire les courses !

L’occasion était trop belle. Je disposais d’un espace de liberté phénoménal, j’avais du temps, je pouvais laisser libre cours à mes inspirations les plus baroques et mener des projets créatifs, même les plus farfelus. Personne n’était là pour me juger, j’avais quitté mon costume de « Responsable coordination et méthode » d’une société où faire la tête était la norme et je me trouvais désormais entourée de couleur, de soleil, de gentillesse, de gaieté et d’humour. Autant dire un choc pour une Parisienne habituée au stress, au métro bondé et à la grisaille ambiante.

Installée à Pointe-Noire, j’ai commencé par refaire un des exercices d’un séminaire de scénariste que je venais de suivre. J’ai pioché au hasard trois mots dans le dictionnaire et j’ai imaginé une histoire qui allait avec.

Curieux et heureux hasard qui m’a emmenée sur l’écriture de L’élément 119, un roman à mi-chemin entre le thriller et le fantastique où Philippe, un géologue insomniaque, fait face à une aberration scientifique sur une plateforme pétrolière au large de la mer du Nord.

L’écriture n’a pas été ma seule excentricité africaine. J’ai également découvert la peinture grâce aux cours du peintre Guillaume Makani. J’ai réalisé que peindre et écrire étaient des disciplines qui allaient très bien ensemble. D’ailleurs, pour chacun de mes romans, je peins une ou deux toiles en lien avec l’écriture du manuscrit. L’association des couleurs et des mots provoque des émotions étonnantes. Je dois beaucoup à Guillaume. Sans lui, je n’aurais jamais persévéré dans l’art de la peinture. Il m’a offert un cadeau inestimable : une bienveillance absolue. Je l’entends encore me prodiguer inlassablement ses encouragements « oui, c’est bien, continue, tu vas y arriver. »

Oser peindre, écrire, et s’autoéditer. Voilà, j’étais lancée.

Et la suite ? J’avais écrit un roman, je pensais m’arrêter là et reprendre une vie normale. Mais c’était sans connaître le virus de l’écriture. J’ai très vite compris que cette curieuse bestiole ne se laisserait pas vaincre aussi facilement.

J’avais commencé, je ne pouvais pas interrompre le processus. Je vivais au Congo, j’avais la chance de côtoyer un univers différent - le monde expatrié - et, bien sûr, la culture africaine : fascinante, et tellement envoûtante ! J’avais tant d’anecdotes à raconter qu’il m’était impossible de laisser couler cette expérience sans la fixer à travers une histoire : Le sorcier blanc.

On y découvre le personnage de Gérard Coutard qui tient le premier rôle.

Le sorcier blanc, d’abord autoédité a été par la suite publié par Thomas et Mercer Éditions.

Une fois Le sorcier blanc terminé, j’ai réalisé qu’il ne restait plus aucune place sur les murs de notre appartement pour y accrocher une nouvelle peinture. Les trois années de notre expatriation s’étaient écoulées et ainsi prenait fin cette merveilleuse parenthèse enchantée.

Seulement, je ne suis pas retournée à Paris. Je n’ai pas repris mon poste de « Coordination méthodes et procédures », je n’ai pas remis mes chaussures de Parisienne toujours pressée, j’ai fait un autre choix, professionnel et personnel, celui de m’installer dans le sud-ouest de la France où la vie est plus douce et plus épanouissante pour une famille.

Comme disent les Ponténégrins : vous, les Blancs, vous avez des montres, mais vous n’avez jamais le temps !

J’avais retiré ma montre à Pointe-Noire, je ne l’ai jamais remise.

À Pau, j’ai découvert le sud-ouest, le canard, le Jurançon, les Pyrénées et les pluies sans fin du Béarn. Je pensais avoir abandonné le virus de l’écriture sous le soleil rouge de l’équateur, mais je n’ai pas survécu au premier hiver et j’ai écrit Une fille en danger.

On y retrouve le détective Gérard Coutard chargé de surveiller l’unique suspecte d’un meurtre insolite : Alena, une photographe apparemment sans histoire.

Le roman a gagné le speed dating Amazon du Salon du livre de Paris en mars 2018.

Quelques mois plus tard, nous voilà repartis en expatriation. Destination : le Moyen-Orient, le sable, les dunes, la mer chaude d’Abu Dhabi et le désert brûlant d’Oman.

Mes yeux se sont délectés des couleurs du désert, j’ai écouté le chant du sable, les étoiles ont dansé pour moi et la douceur omanaise m’a bercée jusqu’à ce que le Covid avale le temps.

C’est curieux le temps, on ne le voit pas et pourtant il existe. Il semble se distordre, s’allonger ou rétrécir selon les circonstances et pourtant, selon les experts, il bat toujours au même rythme. Tout le temps. Moi, j’ai un peu des doutes. Mais bon, je ne suis pas experte, j’évite de ramener ma fraise sur le sujet d’autant plus que la plupart de mes connaissances ne me voit plus, à présent, comme « Responsable coordination et méthodes » d’une société d’assurance, mais comme une nana un peu barrée qui écrit, qui peint et qui fait des trucs créatifs un peu bizarres.

Entre deux confinements, où le temps n’avait plus d’importance et où tout dérapait donc, j’ai écrit Le temps des scarabées.

On y rencontre Julien, chercheur en micro robotique qui a perdu la mémoire suite à un accident.

Aujourd’hui plusieurs idées de romans se bousculent dans ma tête, mais le plus difficile, c’est de choisir la couleur de ma prochaine histoire et il s’agit de faire le bon choix, car les romans qu’on écrit, on les vit aussi. J’espère donc trouver une belle, chouette et sympathique histoire à vous raconter !

 

 

Relecture et mise en page  Ph.P 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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