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Nouveau portrait du jour Maïna Chapon

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Maïna Chapon

Bienvenue  Maïna  sur le très prisé et discret Culture et justice

"Maïna Chapon est une autrice atypique. Son cheminement intérieur est complètement lié à l’évolution de son style, de son écriture et de son rapport à l’écriture. Elle vit l’écriture comme elle raconterait des sensations, comme elle réaliserait un film, comme elle mettrait en scène une pièce de théâtre ou encore, comme elle prendrait en photo des détails étranges voire surréalistes. Elle est passionnée par ce qui surgit d’inhabituel et de fantastique dans une apparence extrême de normalité. Autrement dit, la vie intérieure ou ce que certains appellent l’inconscient, la fascine au plus haut point. Ces écrits parlent essentiellement de cela : voyage intérieur, insolite ou hantise.

Qu’est-ce qui habite telle ou telle personne ? Quels sont les tourments de cet autre ? Qu’est-ce que ce dysfonctionnement représente ou dit de nous-mêmes ?

Adolescente, Maïna écrivait des romans fantastiques très imprégnés des thèmes du vampire, de la transformation et de la mort. Elle écrivait sans s’en rendre compte. Comme si elle était possédée.

Elle ne savait pas qu’à l’époque, écrire était une manière de se sauver, de se protéger, de se mettre dans une bulle. Réfléchir à la mort et à la destruction permettait sans doute de se protéger de son univers familial fragile et déséquilibré.

Lorsqu’à l’âge adulte elle s’est remise à écrire - après quinze ans d’arrêt - c’était dans le cadre d’un soin. L’objectif était de se faire du bien, de faire quelque chose pour soi. Ce qui au départ d’un travail analytique dans le cadre d’une thérapie, semblait anodin et léger, presque sans conséquences, s’est avéré un formidable amplificateur de guérison. Il s’agissait donc bien là de se soigner et non plus d’un passe-temps. C’était il y a deux ans; une écriture automatique d’une heure ou deux, tous les soirs pendant le confinement et pendant quelques mois, jusqu’à l’issue du travail psychothérapeutique qui donnera naissance à son premier roman : La Sirène des Mascareignes paru aux Editions Hugo Stern.

Comme lors d’une entrée en analyse, Maïna Chapon était entrée dans le cabinet de son psychologue avec une question, une problématique. Elle en est ressortie avec une autre conclusion, bien d’autres perspectives. C’est exactement ce qui s’est passé pour l’écriture. Elle a repris l’écriture sans trop y croire, avec détachement, et elle a compris que c’était désormais une partie fondamentale de sa vie et que cela l’avait sauvée.

L’écriture lui a permis de se reconnecter à la petite fille et à l’adolescente perturbée qu’elle était, et en les laissant parler à nouveau, elle les libérait et se libérait en même temps du carcan de la maltraitance et du traumatisme de l’abandon qui grevaient sa vie d’adulte.

Retrouver son enfant intérieur lui a permis d’exorciser la souffrance et la colère et de s’engager sur le chemin du pardon envers soi-même. Elle comprend combien l’être humain est mû par des forces intérieures parfois monstrueuses et combien cela peut affecter notre regard sur autrui et sur notre vie en général. Ce fameux « voir le verre à moitié plein ».

Lors de l’écriture de La Sirène des Mascareignes, elle saisit la force du symbolisme, et prépare déjà sans le savoir encore, son prochain livre qui, bien qu’estampillé roman fantastique-horreur, est davantage un conte cruel qui finit bien. Dans La Lune en vavangue paru aux éditions du Net en octobre 2022, elle se sert de son propre fantôme, une petite fille-vampire, pour exorciser au propre comme au figuré, la douleur d’une enfance malmenée.

En attrapant son ombre et en la réintégrant en elle-même, elle continue d’apprendre sur les mécanismes psychologiques que nous mettons en place pour nous défendre et survivre. Elle apprend que l’écriture est ce recul nécessaire pour avancer en paix et pouvoir se ressourcer lorsque certaines choses nous dépassent. La psychologie est un domaine décidément passionnant et qui ne cesse d’apporter de la matière à Maïna Chapon.

Ainsi, pour son prochain roman qui paraîtra en 2023, elle a choisi d’explorer le processus de dissociation. Ce processus qu’elle avait elle-même mis en place pour s’en sortir. Deux héroïnes, deux voix et deux regards viendront se télescoper, s’opposer et bien plus souvent se réunir, pour parler d’un passé commun.

Outre le mélange de fantastique et de réel, le trait commun à ses romans c’est un lieu empreint de magie, de nature sauvage et de résonance, l’Ile de la Réunion. Une île riche de contrastes et de mélanges qui influence ses écrits comme une coulée de lave sous le basalte à peine refroidi. Car, c’est ici que Maïna a grandit.

Pour cette enfance qu’elle qualifie à présent d’« originale » et pour cette île qui l’a également façonnée et lui a tant apporté, elle a souhaité se prêter au jeu du portrait chinois littéraire afin de se présenter comme elle écrit : par touches impressionnistes et sensations.

1 - Si j’étais un écrivain, je serais Anne Rice ou Eva Ionesco car ce sont mes jumelles littéraires. L’une a influencé mes écrits et m’a donné envie d’écrire, l’autre me surprend par son écriture envoûtante et son enfance similaires aux miennes.

2 - Si j’étais un roman, je serais Les enfants de la nuit d’Eva Ionesco parce que je ne dansais pas au Palace mais que je traînais dans des endroits où une enfant n’avait pas sa place.

3 - Si j’étais un héros de littérature, je serais Jonathan Harker dans Dracula, car il s’en est sorti, contre toute attente…

4 - Si j’étais un signe de ponctuation, je serais trois petits points, comme une respiration, une réflexion. Un temps qui suspend son vol.

5 - Si j’étais une langue, je serais le créole réunionnais, car il n’y a rien de mieux pour exprimer sa colère, son émotion, sa vulgarité.

6 - Si j’étais un poète, je serais Arthur Rimbaud car c’est le poète des sensations.

7 - Si j’étais une BD, je serais la saga Sambre d’Yslaire, romantique, ténébreuse et violente à souhait.

8 - Si j’étais un manga, je serais Inuyasha de Rumiko Takahashi car c’est un extraordinaire mélange d’époques féodale et moderne, de personnages humains et de démons, de romantisme et de fantastique bien sûr.

9 - Si j’étais un conte de fées, je serais Le petit Poucet de Charles Perrault car c’est un enfant qui refuse son sort : mourir.

10 - SI j’étais une pièce de théâtre, je serais Hamlet de William Shakespeare car cette oeuvre résume le désir de toute une vie : « donner la place à ce qui est en nous ».

11 - Si j’étais une légende, je serais Le pirate Olivier Levasseur dit La Buse qui a sévit dans l’Océan Indien.

12 - Si j’étais un dieu grec, je serais Dionysos pour…le vin et les Bacchanales !"

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P 

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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