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Nouveau portrait du jour Denis Brillet

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Denis Brillet.

Denis Brillet : Il vit en Normandie, dans le Pays d'Auge. Auteur de romans et de nouvelles, il a obtenu le Prix Gustave Flaubert en 2013 pour Lignes de Vie, le Prix des Bibliothécaires de Douvres-la-Délivrande en 2014 et le Prix de Littérature du Lions Club de Normandie en 2015 pour Mille raisons d'aimer Lilo, le Prix de la Ville de Grandcamp-Maisy en 2017 pour L'Entaille et, en 2018 le Prix de la Nouvelle de Decize pour Arc Atlantique. Il a publié plus récemment deux romans: 

La disparition de Simon Weber, et Trois jours, ainsi qu'un recueil de nouvelles Zone sensible Finaliste du Prix Boccace 2022. 

 

Bienvenue  Denis sur le très prisé et discret Culture et justice. Ph.P.

 

D’abord, les mots.

Le pouvoir des mots. Les mots articulés, les mots écrits, les mots tus. Avec leurs nuances, leurs colorations, leurs tonalités qui font qu’il n’existe jamais de vraie synonymie entre deux mots. Chacun d’eux a sa propre texture, sa propre personnalité. C’est cette espèce de prodige ou de magie qui me fascine chaque fois que j’y pense. Quelques lettres assemblées selon un ordre donné et c’est notre manière de voir, de définir et de comprendre le monde qui s’en trouve modifiée, élargie, précisée.

Historien de formation, je m’amuse de voir que les mots ont souvent mieux traversé les siècles que les édifices. À titre d’exemple, je citerai l’époque carolingienne sur laquelle j’ai travaillé durant mes études. Il nous reste assez peu de constructions de cette époque, contrairement aux textes, à travers les chroniques, textes de lois, traités, récits hagiographiques qui nous renseignent assez précisément sur le fonctionnement et les mentalités de cette société. On pourrait élargir les exemples à d’autres périodes…

J’ai compris très tôt que les mots, à travers la littérature, possédaient le pouvoir de créer d’autres mondes. En somme, d’ouvrir un champ de possibilités infinies, d’échapper aux contingences, règles et contraintes du quotidien ordinaire. Dès l’âge de onze ans, j’ai pris le crayon pour écrire des intrigues assaisonnées de mes propres ingrédients. Soudain, quel privilège ! Malheureusement, je n’ai rien conservé de ces écrits, car sitôt que j’entrevoyais le dénouement, le texte cessait de m’intéresser et je le déchirais pour en commencer un nouveau. Aujourd’hui, quand j’écris, je tiens à conserver ce plaisir du lecteur, c’est-à-dire l’effet de surprise, avancer comme lors d’un voyage, sans itinéraire prédéfini. S’il y a une chose que je refuse, dans l’écriture, c’est l’ennui.

La nouvelle.

Peu à peu, j’ai composé des textes sous le format de la nouvelle, dont j’ai publié plusieurs recueils avant d’aborder ce qui me semblait un travail de haute voltige, le roman. Ce en quoi je me trompais : les deux genres sont différents. La nouvelle n’est pas un roman en réduction, elle nécessite une écriture serrée, dense, éreintée, à l’os dirait Marie-Hélène Lafon. C’est un exercice qui requiert d’autres exigences que le roman, qui nécessite de presser les mots pour en extraire tout le jus, rien que le jus. Je dirais trivialement qu’il s’agit de réduire la sauce pour mieux en révéler le goût.

Le roman.

En 2014, je publiais mon premier roman « Mille raisons d’aimer Lilo », récompensé l’année suivante par le Prix de littérature du Lions Club normand et le Prix des Bibliothécaires de Douvres-la-Délivrande. Puis ce fut  « l’Entaille », qui se vit décerner le Prix de la ville de Grandcamp-Maisy. À partir de là, j’ai publié d’autres romans, sans pour autant négliger la nouvelle, notamment avec « Arc Atlantique » en 2017 (Prix de la ville de Decize) et « Zone sensible » en 2021 (Finaliste du Prix Boccace en 2022).

« La diagonale Anderson »

Ce qui m’intéresse dans le roman, c’est de percer l’écorce, autrement dit d’explorer cette part de soi, cette part d’intime qui échappe au regard et demeure souvent inaccessible à autrui. C’est ce à quoi je me suis employé dans mon dernier ouvrage « La diagonale Anderson » (In Octavo éditions), à travers le personnage de Samuel, aux stades de sa vie d’enfant, d’adolescent et d’adulte. C’est un livre sur la quête du père après que celui-ci a quitté le domicile familial, un livre sur le mensonge élaboré par Samuel suite au drame qu’il a commis, enfin un livre sur son amitié avec Augustin, les moyens qu’il déploie dans le but de sauver celle-ci et de se sauver lui-même. Reste à savoir s’il y parviendra, et à quel prix.

 

 

 

Samuel Anderson arrive en été 76 dans un village de la Nièvre, au coté de sa mère, infirmière, venue s'occuper d'Alban Steiner, vieil écrivain malade au caractère irascible. 

L'enfant, de nature solitaire et à l'imagination débridée, se plaÎt à inventer des histoires entremê­lant fiction et réalité. Son père, qui a déserté le foyer familial pour rejoindre les siens à Cardiff, est au coeur de ses préoccupations en cet été caniculaire. Il espère son retour une fois que sa mère et lui auront regagné Marseille. Mais le séjour se prolonge et mère et fils s'installent à demeure chez Steiner. Ce dernier, sous ses airs rogues, sait s'intéresser à ce garçon singulier et une réelle affec­tion naÎt entre eux autour d'un attrait commun pour l'imaginaire et la littérature. Dans le cercle des relations de Samuel figurent aussi Romain, Augustin, le presque frère et Mariette, objet de sa détestation. 

Cependant, à l'adolescence, pris entre ses sentiments et ses contradictions, il en vient à commettre l'irréparable. Qui est Samuel ? Un être dénué de scrupules, manipulateur et amoral ou un fils déchiré par l'abandon du père et, de ce fait, prêt à tout pour garder l'affection de ceux qu'il aime, fût-ce au prix de la vérité ? 

De la Nièvre à la Normandie où il s'établit à l'âge adulte, c'est moins la fuite du passé que la quête d'un père insaisissable qui dirige ses pas. Là, il y a l'écriture et le succès, sous l'ombre tutélaire de Steiner. Et le fantôme de Mariette, qui le hante nuit et jour, et dont il n'ignore rien des intentions. 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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