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Nouveau portrait du jour : Laurence Voïta 

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Laurence Voïta

Laurence Voïta a été professeure de français avant de se tourner avec succès vers l’écriture. Elle est l’auteure de plusieurs romans, dont Au point 1230, couronné par le Prix du polar romand. Elle est aussi dramaturge et ses pièces sont adaptées pour la scène.

Bienvenue Laurence sur le très prisé et discret Culture et justice. 

Extraits de l’article d’Isabelle Falconnier paru dans « Le Matin » dimanche 7 mai 2023

(…) Cinq romans en moins d’une décennie ont imposé doucement mais sûrement Laurence Voïta comme une personnalité appréciée et désormais attendue de la scène littéraire suisse. « J’ai toujours écrit, mais je m’y suis mise vraiment deux ans avant d’arrêter d’enseigner, soit en 2015. Je trouvais que ce serait idéal de quitter une vie professionnelle pour en commencer une autre. La vie a fait que j’ai repoussé cette envie pendant quarante ans. Pendant ces années d’attente, je me suis construit un grand meuble à tiroirs plein d’histoires et dont maintenant j’ouvre les tiroirs avec appétit et beaucoup de plaisir ».

(…) Je ne me suis jamais sentie aussi libre qu’aujourd’hui ! Certes je me mets un cadre de travail, mais c’est moi qui décide de tout, des horaires au destin de mes personnages !

(…) On retrouve dans « Aveuglément » pour la troisième fois l’inspecteur Bruno Schneider, apparu dans « …au point 1230 » toujours aussi attaché à sa petite fille et passionné de trains miniatures, désormais à la retraite. « Je ne pensais pas qu’il ferait partie de ce roman. Mais il s’est imposé. Bruno, je le connais comme un intime, je partage avec lui bien des points de vue sur la vie. Je sais qu’il n’a pas dit son dernier mot, je sais aussi que je n’ai pas envie de passer toute ma vie d’écrivain avec lui et que le moment où je lui ferai un sort ne sera pas simple. »

En créant un personnage récurrent inspecteur, Laurence Voïta s’est retrouvée à écrire des polars ce qu’elle n’avait pas prévu. « Du genre polar, j’aime l’obligation d’aller d’un point à un autre, la résolution d’une intrigue, les fausses pistes que l’on sème de manière ludique. Et mes collègues auteurs de polars sont fort sympathiques ! Mais je ne suis pas attirée par la violence et les amateurs de thrillers purs et durs ne se retrouvent pas dans mes livres », Sa patte, sa petite musique à elle, c’est une formidable empathie pour ses personnages doublée d’une plume élégante, fluide et précise. Secrets de famille, blessures d’enfance, peur de l’abandon, complexité des liens d’amitié ou d’amour, défis posés par les différents âges de la vie : ses thèmes explorent ce qu’il y a de profondément humain et familier en chacun de nous.

(…) Pour son éditrice Sophie Rossier, Laurence Voïta est une « fine analyste de l’âme qui sait mettre des situations de tension extrême sans recourir à la violence gratuite. Les relations entre les personnages sont subtiles et captivantes. Ce sont des romans où l’enquête est très bien menée, solide, convaincante, passionnante, mais l’aspect humain nous touche souvent encore plus.

Avec son mari le comédien Michel Voïta, ils ont élevé deux fils, désormais âgés de 51 et 43 ans, et cinq petits-fils. « Je pourrais me plaindre, expliquer que j’ai dû faire beaucoup de ménage, que je n’ai pas pu écrire parce que je devais travailler et que vivre avec un comédien n’est pas facile. Or non, j’ai fait ce que j’ai voulu de ma vie. » C’est loin d’être fini.

Extrait de l’article de Anne Rey-Mermet à propos d’ «Aveuglément », paru dans Riviera-Chablais du 5 mai 2023
(…) Chaque chapitre emboîte le pas d’un autre protagoniste, donnant beaucoup de dynamisme au récit. La tension monte au fil des pages de ce récit ciselé.

(…) Laurence Voïta dépeint avec finesse des personnages complexes. La multiplicité des points de vue enrichit le récit sans l’alourdir. (…) pas besoin de coup de théâtre toutes les fins de chapitre pour donner envie aux lecteurs de poursuivre, la construction du roman le rend difficile à lâcher »


Quelques réponses au questionnaire de Bolano (adapté à la Suisse pour l’une ou l’autre question).

Quel est le premier mot qui te vient à l’esprit ?

Aujourd’hui narcisse. C’est une fleur qui me chavire et me fait attendre la fin du mois de mai avec impatience chaque année.

Quelle est la différence entre ce mot et le mot « écrivain ».

Mis à part les deux s le v et le é peut-être pas autant qu’on pourrait croire.

Si tu l’avais connu, qu’aurais-tu dit à Ramuz ?

Je lui aurai demandé de parler dans la langue de ses romans. Cette langue qui mime l’oralité tout en étant absolument écrite.

Et Hodler ?

Rien. J’aurais simplement regardé par-dessus son épaule pour avoir son point de vue sur ce lac que j’aime tant et dont ses représentations m’enchantent.

De quoi te souviens-tu de ton enfance ?

De la solitude de l’enfant unique que j’étais. De l’obligation d’écouter et d’observer que cela implique. Et de moments de bonheur parfait dans les Préalpes, à la découverte du premier champignon de la saison par exemple.

A quel personnage de l’histoire universelle aurais-tu aimé ressembler. 

A personne ou à toutes celles et ceux qui ont fait preuve de courage. Sans avoir envie de lui ressembler, j’aurais aimé croiser Sissi lorsqu’elle marchait dans mes montagnes.

Qu’est-ce qui provoque l’ennui chez toi ?

Ennui banni. Il ne me reste plus assez de temps pour m’ennuyer.

Quel écrivain admires-tu le plus profondément ?

Jim Harrisson. Dalva est la plus belle des héroïnes

As-tu de l’espoir ? En quoi ? en qui ?

L’espoir pour moi cela se conjugue au présent, ce n’est pas pour après, pas pour une autre vie. C’est « parier sur les clartés », comme dit Andrée Chedid, ici et maintenant.

Qui suivrais-tu « Aveuglément » ?

Mes personnages quand ils m’échappent.

Qu’évoque pour toi le mot « posthume » ?

Pour répondre dans l’esprit de Coluche je dirais que j’aimerais bien être posthume de mon vivant. Pour le reste, faire partie des souvenirs de ma famille et de mes amis me suffit.

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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