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Photographie Nathalie Glévarec

 

Nouveau portrait du jour : Philippe Lauga

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Philippe Lauga

Véritable touche à tout entre musique, peinture, écriture et photographie, Philippe Lauga, né à Dax dans les Landes en 1964, est enseignant dans un lycée de Bayonne. Il est l’auteur de Nuit tragique à la feria et Le silence des abîmes, parus dans la collection Du Noir au Sud aux éditions Cairn, et qui ont tous deux rencontré un vif succès...

Bienvenue  Philippe sur la page des aficionados du crime de Culture et justice

 

 

Depuis quand et pourquoi écris-tu ?

J’ai toujours aimé l’écriture. Lorsque ma sœur et moi étions bien plus jeunes, nous aimions nous envoyer de longues lettres, écrites parfois sur des supports improbables. Nous jouions avec les mots, nous nous racontions nos vies, nos amours et nos emmerdes. J’en ai retrouvé une il n’ y a pas longtemps chez nos parents, écrite en gros caractères sur un rouleau de papier calque découpé façon parchemin et fermé par un ruban en velours rouge. Ma sœur me l’avait envoyée dans un tube cartonné.

Bien des années plus tard, au début des années 2000, une amie toulousaine et moi nous sommes lancé un défi : celui d’écrire un roman à quatre mains au travers d’une correspondance épistolaire. Encore (rires). Nous nous sommes échangé des centaines d’e-mails et avons accouché d’un thriller que nous avons appelé « Crimes.com ». Le manuscrit a été publié sous pseudos aux éditions Amalthée en 2005. Une expérience passionnante. Vite après, suite à une rupture douloureuse dans des circonstances qui l’étaient encore plus, j’ai senti le besoin d’exprimer ma peine et ma colère au travers de l’écriture. Et puis, j’ai laissé tomber pendant presque dix ans. En 2018, j’ai repris mon texte, je l’ai retravaillé, j’ai construit une intrigue policière tout autour et ça a donné « Nuit tragique à la féria », qui a été édité en juin 2019 chez Cairn. Sans vouloir jouer avec l’actualité, je crois que le virus m’a définitivement contaminé…

Pourquoi le policier ? Quels sont les auteurs qui t’ont inspiré ?

Les romans policiers m’ont accroché lorsque j’étais étudiant. Mais pas n’importe lesquels. Ceux du « Masque et la plume » et surtout ceux de Georges Simenon. La durée du voyage en train entre Dax et Saintes était parfaite pour les dévorer. J’ai beaucoup aimé Simenon, les portraits qu’il brosse des lieux et des personnages, la mélancolie, l’humanité, l’ambiance, la folie et la passion qui se dégagent de ses romans. Simenon n’a pas écrit que des polars. Ses romans de voyages sont passionnants. Plus tard, grâce à ma sœur qui me l’a fait découvrir, je suis devenu un fidèle d’Henning Mankell. D’une certaine manière, je vois une sorte de filiation entre Simenon et Mankell. J’adore Fred Vargas, surtout les premiers Adamsberg et sa série « Les Évangélistes ».

Quels sont les thèmes qui t’inspirent ?

Je ne suis, pour l’instant en tout cas, ni un adepte de psychopathes machiavéliques qui commettent des crimes sordides et rituels ni de descriptions détaillées de tortures et d’autopsies. Je m’intéresse davantage aux individus ordinaires qui vont franchir la ligne qui sépare la raison et la déraison dans une relative immédiateté ou au bout d’un long processus de maturation. Je m’interroge. Pourquoi ces individus vont-ils commettre un ou plusieurs actes criminels ? Pourquoi vont-ils s’embarquer dans l’inextricable spirale générée par le refus d’assumer leurs fautes et de recevoir le châtiment qui en découle nécessairement ? Pourquoi ne parviennent-ils pas à réprimer leurs pulsions ? J’ai envie que mes lecteurs se posent les mêmes questions que moi. J’ai envie qu’ils s’identifient à mes personnages, qu’ils s’attachent à eux ou qu’ils les détestent, qu’ils éprouvent de l’émotion. Plein d’émotions.

J’aime les romans à tiroirs, les intrigues parallèles qui semblent ne pas avoir de points communs entre-elles et qui se rejoignent à la fin. J’aime brouiller les pistes.

Qui est Francis Sanlucar ?

Il est d’origine espagnole. Il a la quarantaine et porte le nom d’une petite ville de pêcheurs située à l’embouchure du Rio Guadalquivir en Andalousie. Physiquement, il ressemble d’ailleurs beaucoup à un illustre personnage qui a grandi dans cette région et a connu la gloire dans les années 80. Il vit seul dans une petite maison avec son labrador sable. C’est un homme qui apprécie la solitude. Il est mélancolique, maussade parfois, sensible, un brin idéaliste mais opiniâtre et courageux. Il commande une brigade composée de flics au caractère bien trempé. Il s’efforce de comprendre comment fonctionnent ceux qu’il traque, autant dans la lumière que dans l’ombre et peut éprouver pour eux une certaine compassion. Il aime la musique et les longues promenades en bord de mer. Il a vécu une période personnelle douloureuse par le passé mais il a su faire preuve de résilience et croit toujours au grand amour.

Dans « Le silence des abîmes »

Dans « Le silence des abîmes », l’enquête démarre suite à la mort d’un vieil homme au passé trouble et va faire remonter à la surface le souvenir tragique d’une nuit de tempête, vieille de près d’un demi-siècle. Au cours de cette nuit de 1969, une famille originaire d’Algérie est doublement affectée au travers d’un double meurtre commis dans une villa de Capbreton et du naufrage d’un cargo de Bayonne, au large des côtes girondines. Sanlucar pourchasse un mystérieux justicier solitaire et son enquête va l’entraîner de la côte basco-landaise jusqu’aux rivages envoûtants du Bosphore, à Istanbul. Du suspense, de multiples rebondissements et beaucoup de passion… Le point de départ de mon histoire, ce sont les confidences que mon père m’a faites des vingt-et-un mois qu’il a passés en Égypte et en Algérie entre 1956 et 1957, dans le deuxième régiment des parachutistes coloniaux. Une époque sombre qui semble obéir à une véritable loi du silence générationnelle.

De quoi parle ton dernier livre ?

Un père à la recherche de ses deux fils ayant quittés la Guinée pour une vie meilleure à Bayonne, demande de l’aide à Sanlucar pour les retrouver. Au départ simple enquête de disparition, cette aventure va se révéler être une course contre-la-montre, face à un réseau prêt à tout pour satisfaire leurs sombres desseins.

Alors que son mari est invité à une chasse privée en Espagne, une femme est victime d’un cambriolage qui tourne mal dans sa luxueuse villa en bord de Nive. Pendant ce temps, un chalutier de Capbreton fait une macabre découverte en relevant son filet, et au bout de la digue de Tarnos où il s’interroge sur son avenir de policier, Francis Sanlucar, commandant à la PJ de Bayonne est abordé par un inconnu. Ce dernier a risqué sa vie au cours d’un long et terrifiant voyage pour le rencontrer. Il lui dit : « Il faut que tu m’aides. » Plus qu’un policier, Hôronya est un roman d’aventure, une réflexion sur la nature profonde de l’être humain et le sort de ceux qui sont prêts à braver tous les dangers pour conquérir leur liberté. Le plus important dans cette histoire à la fois macabre et poignante, n’est peut-être pas de connaître le nom du coupable.

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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