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Portrait du jour
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir
Remerciements à Christophe Havot, directeur à L'Orpailleur pour cet entretien.
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Emilia Ekholm est née en 1988 à Helsinki, Finlande. Elle a quitté le pays des matins enneigés et des nuits ensoleillées pour s’installer à Paris, d’abord dans le cadre de ses études en philosophie. Par la suite, son chemin s’est construit dans cette ville, après un passage au Luxembourg. Diplômée en droit économique à Sciences Po, elle s’oriente vers le secteur financier et assurantiel, qui finit par ne pas suffire. Elle lit. Elle finalise ses études et en parallèle de son travail, en écoutant les cours à distance le soir en sortant sont chat en laisse et en posant des congés au bord de la mer pour rédiger le mémoire, elle écrit. Son premier roman, Oscillations à l’infini, vient d’être publié chez les éditions l’Orpailleur.
La Finlande est le pays le plus heureux du monde depuis sept années consécutives, pourquoi choisir Paris et la France ?
J’adore mon pays d’origine et je ressens toujours quelque chose d’extrêmement fort quand j’y retourne. Toutefois, il y a quelque chose de libératoire dans l’acte de choisir une autre vie, ailleurs, et ce, même si l’endroit d’où l’on vient est un bon endroit. D’affirmer son lieu de vie et comme vous l’avez dit, de choisir, créer son destin. Puis au fil des années on est habitué à cette vie et cela devient une partie inséparable de nous-mêmes. Cela étant, artistiquement, Paris est une ville exceptionnelle en termes du choix en théâtre, en expositions. Surtout, j’aime beaucoup aller au théâtre, il y a de nombreuses mises en scène créatives qui se montent et qui permettent de ressentir la catharsis, la raison première de cette forme d’art. Et la France est un pays magnifique. Autant pour son histoire que pour ses paysages. J’ai un petit faible pour la Bretagne, en ce moment j’y passe beaucoup de temps, en particulier à Perros-Guirec.
Que signifie la littérature pour vous ?
J’aime les styles forts ou beaux et dans mon écriture, j’aime bien affirmer un style et en mélanger plusieurs. La richesse de la littérature sous ses multiples formes est dans sa force à faire ressentir un spectre d’émotions et d’intrigues insoupçonnables. Je retiens une citation de Kafka, la littérature doit être la hache qui brise la glace en vous. J’aime en particulier la littérature qui perturbe, qui dérange, qui claque ou qui interroge plus qu’elle fournit des réponses. C’est d’abord un signe que, s’il y a une question posée, elle est bonne, on peut toujours être l’avocat des deux côtés, comme quand Kundera a posé la question si on souffre parce que la vie est légère et n’importe pas, ou si on souffre parce qu’elle importe et est trop lourde à porter. Une question à laquelle il n’existe pas la bonne réponse. Et puis, il n’y a pas toujours de question avec une réponse, la vie ne fait pas toujours sens mais on doit faire avec, et c’est une vérité profonde. Beaucoup de choses que nous vivons sont obscures ou compliquées. Je suis attirée par la littérature qui capture cela et cela fait partie de mes inspirations en tant qu’auteure. Mon auteur préféré est Beckett. Il y a des thématiques traitées mais jamais une réponse trop claire.
Beckett, il est connu pour son goût pour l’absurde, on ressent quelque chose dans cette lignée dans Oscillations à l’infini…
Oui, il y a des événements un peu absurdes dans mon livre, qui traduisent dans un certain sens le côté imprévisible de la vie dans lequel on est jeté et qu’on ne choisit pas.
Dans Oscillations à l’infini, une question est-elle posée ?
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Oui et non. Dans l’inspiration Kundera, j’ai eu une dualité à laquelle il n’y a pas de réponse, est-ce qu’on est jetés dans cette vie, profondément, dans le vide ou dans le chaos, est-ce qu’on souffre du vide ou du trop-plein. Il y a d’ailleurs une phrase dans le livre, Ici il n’y a rien et il y a tout à outrance, car pour moi ce sont les deux à la fois. Il y a une question sur la chute, si elle peut être interminable ou s’il y a des limites à ce que la vie nous laisse subir, et à la marge sur le destin ou le hasard. Mais ce ne sont pas les seules ouvertures pour entrer dans le livre. Il n’y a pas que ces oscillations-là, il y a la difficulté de choisir dans un monde dans lequel on ne sait pas. J’aime bien me dire qu’on peut l’approcher à plusieurs niveaux et avec des interprétations qui pourront être uniques, propres à chacun, sans réponse véritable. J’aime aussi qu’on peut s’y perdre et vivre le livre comme une œuvre artistique. Quand vous regardez une peinture ou une œuvre contemporaine, vous êtes saisis mais vous savez rarement pourquoi exactement. J’aime aussi si les lecteurs sont portés par l’histoire ou s’ils trouvent des passages drôles ou touchants. Ou s’ils y voient de la beauté, une expérience irréductible aux raisonnements intellectuels.
Le personnage principal de votre livre s’appelle X. Est-ce un effet de style ?
Il s’appelle X déjà parce qu’il est, comme nous tous, dans une quête d’identité qui ne pourra jamais se terminer. Aussi parce que ce qu’il vit, pourrait être, en tout cas métaphoriquement, vécu par d’autres.
A part la littérature et les arts, qu’est-ce qui vous fait vibrer ?
Le sport donne un levier pour se dépasser. J’ai déjà couru le marathon de Nice-Cannes et en ce moment j’aime la musculation, une pratique qui consiste constamment à dépasser ses limites avec le principe de la surcharge progressive. Avant, je pratiquais l’équitation dans la forêt, mais c’était plus dans un but de vivre des choses avec les chevaux, j’aime beaucoup les animaux, et me retrouver dans la nature. Les animaux restent, je suis bénévole dans un refuge de chats.
Qui devrait lire votre livre ?
Il n’y a pas de lecteur type, c’est à la fois drôle et, selon les premiers lecteurs, prenant, à la fois stylisé et profond. Il y a une intrigue. Le livre s’adresse à tous les curieux qui ne craignent pas d’être déroutés.
Bienvenue sur le très discret et prisé Culture et justice
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Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."
Relecture et mise en page Ph.
L'Orpailleur est une maison d'édition indépendante placée sous la direction de Christophe Havot. De juin 2014 à octobre 2023, L'Orpailleur a d'abord été une collection chez az'art atelier éd...
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"Le carnet de recherche de Criminocorpus a été créé en 2008 sur la plateforme Hypotheses avec l'objectif de couvrir l'actualité de la recherche en histoire de la justice. Il s'est progressivem...
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