
Tandis que les Rois Catholiques prennent progressivement le contrôle des villes de l’Andalousie musulmane, le roi Boabdil tente de résister. Mais les forces sont inégales… C’est l’époque des trahisons et des humiliations pour le jeune roi qui assiste, impuissant, à la marche inexorable de l’Histoire…
A travers les yeux de Zeyda, jeune servante de 17 ans, ce livre raconte les derniers moments vécus par la cour du palais de l’Alhambra jusqu’à la remise des clefs de la ville en janvier 1492, et jusqu’à l’exil de la cour dans le royaume de Fès au Maroc…
31 décembre 1491-2 janvier 1492- Après la remise
des clefs de la ville, la cour du palais de l’Alhambra doit se résoudre à quitter la ville (p.125-127)…
.......
« Les palanquins des reines et des princesses étaient déjà apprêtés, en ce dernier jour de l’année chrétienne. Aux femmes de la famille royale, les Rois Catholiques avaient accordé la faveur
de partir avant l’arrivée de leurs troupes pour qu’elles n’assistent pas à ce déshonneur…
Le lendemain, dès les premières heures du jour, les soldats ouvrirent le pas de ce triste cortège, puis vinrent les litières royales, les innombrables chariots où était installé le
personnel suivis de tous ceux où était installé le mobilier et enfin, les charrettes sous bonne garde d’une cinquantaine de soldats. Malgré le fracas des essieux et le bruit des sabots sur la
route, on entendait, ça et là, des gémissements plaintifs ou des sanglots diffus. Ce premier convoi d’un millier de personnes qui contenait toutes les femmes de l’Alhambra, leurs gardes et leurs
servantes, devait attendre le jour d’après le deuxième cortège du roi déchu et de ces hommes, à cinq lieues environ de Grenade… Les princesses et les reines de l’Alhambra avaient emporté avec
elles tout ce qu’elles avaient pu sauver : leurs coffres qui contenaient leurs bijoux splendides, leurs robes de brocart, leur tenture de soie et leurs tapis. Mais il n’y avait pas eu de
place pour les lourds coffres de marbre sculpté ou pour toutes les grandes aiguières en céramique et métal ouvragé de plus d’un mètre de haut. Les Chrétiens allaient en
hériter*…
Dans la nuit du 1er au 2 janvier 1492, Boabdil et ses proches se rendirent au lieu convenu plusieurs jours plus tôt avec les
Chrétiens, à mi-chemin entre El Gozo et l’Alhambra, devant le château de Qasr al Saïd* qui appartenait encore à la reine Fatima, à deux pas du petit ermitage
contenant le tombeau du vénéré Sidi al Hicham*.
Le roi Fernando et la reine Isabel étaient déjà arrivés avec leurs gardes, leurs ministres et tous leurs écuyers, et ils paraissaient plus
que jamais éclatants de santé et triomphants. Après avoir remis la totalité des clefs de la citadelle et du palais, Al Mulih tendit aux nouveaux propriétaires le sceau de l’Alhambra où était
inscrit : « Il n’y a de dieux que Dieu… ». Boabdil, dont le visage figé tentait de masquer le désespoir, se courba pour baiser, en signe de soumission, la main du roi Fernando mais
celui-ci, chevaleresque, l’en empêcha et il lui donna l’accolade. En fait, tout ceci n’était qu’une pathétique mise en scène dont les moindres détails avaient été réglés depuis des
semaines. A la demande de la reine Fatima, les Chrétiens avaient finalement abandonné l’exigence de cet ultime geste d’humiliation pour le dernier roi maure de Grenade. Après huit siècles de
présence musulmane, ils venaient de récupérer à cet instant la totalité du territoire espagnol et c’était pour eux la seule chose qui comptait vraiment…
Le lendemain matin, le lourd convoi qui accompagnait Boabdil, ses ministres Al Mulih et Ibn Koumasha, ses chanceliers et le fidèle Faraj
avait parcouru environ une demi lieue lorsqu’ils entendire retentir, en signe de victoire, les clairons et les trompettes castillanes bientôt couverts par les coups sourds des canons et des
bombardes. Sur la Tour de l’Hommage, pendant ce temps, les bannières de l’ordre de Santiago commençaient à peine à claquer au vent lorsque Don Fernando de Talavera, évêque d’Avila et confesseur
privé du roi et de la reine, donna l’ordre aux milieu des acclamations de hisser une immense croix d’argent au sommet de la Tour de Comares. Une vingtaine de hérauts montèrent alors sur le donjon
de l’ancienne Qasbah et, tous ensemble, ils s’écrièrent d’une même voix : « Santiago, Santiago, Santiago, Castilla, Castilla, Castilla, Granada, Granada,
Granada… ».
Les Rois Catholiques avaient préféré attendre trois jous avant de venir s’installer définitivement dans l’Alhambra et, lorsque ces
manifestations de liesse parvinrent au camp de Santa Fe, ils tombèrent à genoux en même temps que leurs cinq enfants,
Ces bruits diffus, insupportables aux oreilles des vaincus, disparurent progressivement à mesure que la longue file des chariots qui
accompagnait le roi déchu se rapprochait de la ville de Padul. Et déjà, on apercevait les premiers contreforts marmoréens des Alpujarras, près de la vallée du Lecrin…
Boabdil poursuivit sa route sans faillir jusqu’à ce que le cortège se rapproche de « Hawr al Wada »*, les Peupliers des
Adieux, cet endroit même où, depuis des siècles, les Grenadins pèlerins ou voyageurs pouvaient admirer et dire adieu à leur ville et à leur palais avant qu’ils ne disparaissent définitivement
dans le lointain.
Les ministres et les gardes, apparemment résignés, continuaient sans ralentir. Attentif à celui qu’il admirait le plus au monde, le beau
Faraj essaya de parler à son roi pour atténuer sa peine mais Boabdil n’écouta pas et, les yeux embués de larmes, il se retourna soudain éperdu pour fixer une dernière fois ces tours qu’il avait
tant aimées et qu’il ne reverrait jamais... Son cheval semblait peu sensible à la citadelle vermeille qui rapetissait dans le lointain et il s’était mis à trotter plus vite pour rejoindre les
soldats de tête. Mais c’était fini… Quelques arbres masquaient maintenant ce qui avait été, pendant presque trois siècles, la résidence de la dynastie nasride… »
« Hawr al Wada » : cet endroit est appelé aujourd’hui : « El Suspiro d’el Moro »
Zeyda, servante de l'Alhambra
Béatrice Balti
Editions : L'Harmattan
ISBN: 2-7384-9202-9 - Mai 2000 160 pages.
Dernière ouvrage de Béatrice Balti
Sortie : mars 2009
Le 4eme livre de Béatrice Balti aborde le destin de William Wallace (Braveheart), l'un des héros les plus charismatiques de l'Histoire de l'Ecosse...
L’histoire se passe à la fin du XIIIeme siècle, dans un pays soudain vulnérabilisé parce qu’il vient de perdre son souverain. Edward
Plantagenêt d’Angleterre (ou Edward 1er « Le sec ») a envahi dix années plus tôt le Pays de Galles et l’a soumis. L’Ecosse, dans une situation
fragile, devient alors sa priorité… La situation est complexe : beaucoup de nobles écossais possèdent aussi des terres en Angleterre… William Wallace, simple fils de chevalier, va arriver grâce à
son charisme à convaincre de nombreux Écossais de le suivre et à leur redonner leur fierté. Alors qu’ils sont quatre fois moins nombreux, tacticien génial à 24 ans, il réussira à défaire l’armée
d’Angleterre qui était à ce moment là l’armée la plus puissante d’Europe. C’était en 1296, à la bataille de Stirling Bridge… Il est battu un peu plus tard à Falkirk, trahi par une partie des
nobles… Après plusieurs années de cavale, il est capturé près de Glasgow. Transporté de nuit en secret vers la ville de Londres pour ne pas que ses partisans ne tentent de le délivrer (son voyage
durera presque trois semaines…), il subira à Westminster une parodie de procès. A la suite de quoi il sera traîné dans les rues de la
ville avant d’être pendu à moitié, puis vidé de ses entrailles, et enfin coupé en quatre, les morceaux devant servir d’exemple à la population…
Née à Nérac, entre Bordeaux et Toulouse, j’ai suivi des études de commerce et de langues
étrangères avant de travailler quelques années en entreprise. A Paris, j’ai recommencé des études d’histoire à l’université Paris IV Sorbonne et à l’Ecole des Hautes Etudes (Hérésies
médiévales), une expérience qui m’a permis de me familiariser avec une méthode de travail rigoureuse. De retour à Toulouse et après plusieurs voyages
en Andalousie, j’ai commencé en 1997 mes recherches pour le premier de mes trois romans historiques : « Zeyda, servante de l’Alhambra »
Les autres ouvrages de Béatrice Balti
Le bébé indien
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-30384599.html
A la suite d’une déception sentimentale, Guillaume le Guen décide brutalement de s’engager comme surveillant dans l’Administration pénitentiaire des colonies. C’est à l’époque au Bagne de Guyane, à 9 000 km de Paris, que la France envoie les condamnés dont elle veut se débarrasser. Guillaume découvrira là-bas un monde sans pitié et corrompu. Il y perdra aussi un peu de son âme au moment où un célèbre journaliste du « Petit Parisien », Albert Londres, commence une campagne de presse pour dénoncer l’inutilité de la peine. Elle aboutira quelques années plus tard à la fin de cette institution répressive et vouée à l’échec…
J’ai choisi le Bagne
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-30322558.html