
En France, les polices municipales se développent depuis le début des années 1980 et représentent désormais près de 6% des forces de sécurité conjointes de l’Etat et des collectivités territoriales. Mais par-delà leur mandat juridique, leur activité varie amplement d’une commune à l’autre. Elles forment un monde pluriel et contrasté, traversé de part en part par les dilemmes de la légitimation policière. Deux grandes orientations s’affrontent : celle d’une police douce et consensuelle, tournée vers la communauté, qui cherche l’approbation populaire au risque d’apparaître faiblement dissuasive, et celle d’une police plus durement légaliste et répressive, autocentrée sur l’institution judiciaire, qui vise à raffermir son autorité au risque de rompre avec le public. Alors que la diversité des contextes d’intervention et des doctrines d’emploi fait obstacle à la construction d’une identité commune, les policiers municipaux peinent à se positionner, animés d’un côté par le souci d’affirmer leur différence au travers d’une approche policière spécifique fondée sur la proximité, contraints de l’autre par la difficulté à se libérer de la référence obsédante à la police « noble », celle de l’Etat. Partant, le coeur du métier et le sens du travail font débat. La culture et l’expérience professionnelles sont pénétrées par la tension de deux modèles opposés : l’idéal du « bobby »,proche de la population, au service du public, et l’idéal du « flic », plus distant, au service de la loi, à la recherche du « flag ». Les deux options s’équilibrent mal en pratique et les balancements constants entre l’une et l’autre révèlent les ambivalences d’une profession en quête de reconnaissance…
Les policiers municipaux français
Les ambivalences d’une profession
Virginie MALOCHET,
Sociologue associée au LAPSAC / Université Bordeaux 2
http://www.crhq.cnrs.fr/archives/fichiers-attaches-manifestations/Police%202007/RESUME-MALOCHET.pdf
Les policiers municipaux, Les ambivalences d'une profession
Auteur : Virginie Malochet
Editeur : Puf
Date de parution 24/01/2007
Les polices en France
André-Michel Ventre, commissaire divisionnaire de police, secrétaire général du schfpn, co-auteur des Polices en France (PUF, 2001).
Pouvoirs 2002- 3 (n° 102)| ISSN 0152-0768 | ISSN numérique : en cours | ISBN : 9782020536769 | page 31 à 42
http://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2002-3-page-31.htm
RESUME — L’appareil de sécurité intérieure français est pluriel. Contrairement à une croyance collective selon laquelle la police nationale et accessoirement la gendarmerie nationale sont les seules forces mises en œuvre, il existe beaucoup d’autres structures, d’essence publique ou privée, concourant à cette mission essentielle pour une démocratie. Et la construction de cet ensemble est de naissance récente même s’il s’appuie sur des institutions fort anciennes.
Cela étant, la sédimentation anarchique qui a prévalu rend nécessaire une harmonisation des structures et une rationalisation des doctrines d’emploi afin de produire la sécurité que réclament les Français. Les ressources existent, les hommes (et les femmes) sont disponibles, mais les besoins qualifiant la demande de sécurité sont mésestimés car il n’est pas dans notre culture de les recueillir et de les mesurer pour mieux y répondre.
C’est assez dire qu’il revient à l’État de conduire des réformes dont l’urgence n’est plus à démontrer. La pertinence de ses actions en sera grandement améliorée.
L’impossible réforme de la police
Guy Fougier
Pouvoirs 2002- 3 (n° 102)| ISSN 0152-0768 | ISSN numérique : en cours | ISBN : 9782020536769 | page 97 à 116
http://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2002-3-p-97.htm
RESUME — La police nationale résulte d’un acte dit loi du gouvernement de Vichy du 23 avril 1941 et sa constitution a été achevée par l’intégration de la police municipale parisienne en application de la loi du 9 juillet 1966. En dépit de cette jeunesse, la police a connu de nombreuses réformes. Des mesures de motivation des personnels, d’amélioration de leur formation, de valorisation du métier se sont succédé. Des dispositions tendant à l’élargissement et à la diversification de la lutte contre la délinquance ont été appliquées. Une meilleure délimitation des compétences territoriales de la police et de la gendarmerie a été envisagée ainsi qu’une coordination des actions des unités de la police nationale avec les polices municipales. Les rapports entre justice et police ont été précisés. Cependant, la délinquance a connu ces dernières années une lente mais constante augmentation. La réduction du temps de travail des personnels de police paraît bien contrarier des réformes alors que la France, par comparaison avec ses voisins, a le rapport entre le nombre de policiers et celui de la population le plus élevé. Cela démontre que pour atteindre les objectifs recherchés par des réformes, il faut une cohérence absolue entre toutes les mesures mises en œuvre sous peine de les rendre vaines.