L'analyse quantitative
des « nouvelles à la main » compilées par J. Buvat dans son « Journal de la Régence », indique la montée, dans la capitale, d'un sentiment d'insécurité qui s'inscrit
dans la conjoncture de la fièvre spéculative suscitée par l'expérience financière de J. Law. Alarmée par quelques crimes atypiques commis sur des porteurs d'actions, l'opinion publique, inquiétée
par les manipulations financières auxquelles se livrait le pouvoir, perçut une vague de meurtres sanglants enflée par l'imaginaire collectif. Commentaires et rumeurs relatant ces faits-divers
crapuleux montrent cependant que la parole sociale n'en imputa pas la responsabilité au monde des truands. Tout au contraire, à partir de quelques cas élucidés par la justice, elle construisit
une représentation de la délinquance dénonçant les effets pervers de la spéculation et, plus largement, la nocivité du « Système » soutenu par le Régent. Dès lors, les raisons qui
amenèrent les autorités à promouvoir l'immense opération de démantèlement de la pègre parisienne que fut le procès de L. D. Cartouche s'éclairent d'un jour nouveau. Il s'agissait au plus vite de
démontrer la responsabilité d'une vaste organisation criminelle dirigée par un chef tout puissant : la mythologie cartouchienne trouve là son origine…
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http://chs.revues.org/index1010.html
Articles
Patrice Peveri
p. 51-73
Maître de conférences en histoire moderne à l'Université de Paris VIII-Saint-Denis, travaille sur la délinquance et le contrôle social dans le Paris du XVIIIe siècle. Il a entrepris une étude des milieux criminels parisiens à partir des abondantes archives du procès de L.-D. Cartouche. Une partie de l'enquête a fourni le sujet d'une thèse de doctorat, soutenue en 1994 à l'EHESS : Techniques et pratiques du vol dans la pègre parisienne de la Régence d'après les archives du procès de Louis-Dominique Cartouche et de ses complices : une contribution à l'histoire des milieux criminels urbains de l'Ancien Régime.
Cartouche, chef de bande
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-27606386.html
L'ancêtre d'Arsène Lupin
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-32212290.html
Les arrêts criminels et leurs enjeux sur l’opinion publique à Paris au XVIIIe siècle
http://www.cairn.info/resume_p.php?ID_ARTICLE=RHMC_531_0034
Pascal Bastien
RESUME -Les arrêts criminels prononcés par le Parlement de Paris connurent au cours du XVIIIe siècle, à l’instar des mémoires judiciaires étudiés par Sarah Maza, une diffusion par l’impression lui permettant de circuler, par la main des colporteurs ou par la voix du greffier durant une exécution, à travers l’espace public de la capitale. À partir de l’affaire judiciaire de l’empoisonneur Antoine-François Derues, cet article entend montrer l’évolution – parallèle à celle notée par Maza pour les mémoires judiciaires – de la structure narrative de ces petits textes de droit publiés par ordre du Parlement: bien plus qu’un formulaire légal stéréotypé, les arrêts développèrent une stratégie rhétorique capable de fédérer l’opinion parisienne, alors particulièrement sensible aux scandales judiciaires, en faveur de la justice du roi, par une construction narrative légitimant la décision des magistrats.
Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine 2006- 1 (no 53-1)| ISSN 0048-8003 | ISSN numérique : 1776-3045 | ISBN : 2-7011-4341-1 | page 34 à 62
Crédit photographique – Cartouche au cinéma