L’historienne
américaine Laura Lee Downs retrace l’histoire des colonies de vacances : un beau livre, minutieusement documenté et savamment discuté, qui sait tout à la fois dispenser la saveur d’un passé
de chair et d’os, et renouveler, par petits bouts, l’intelligibilité des processus sociaux.
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Merci maman, merci papa (PDF - 186.2 ko)par Christophe Granger
Recensé : Laura Lee Downs, Histoire des colonies de vacances de 1880 à nos jours, Paris, Perrin, 2009. 23 €, 433 p.
Il se peut bien qu’elles s’absentent à présent de la scène estivale, elles ont bel et bien existé, les jolies colonies de vacances. Et mieux que ça, même : entre les années 1880, celles de leurs balbutiements, et les années 1960, moment de leur gloire véritable, elles ont tenu, en France, le haut des politiques sociales de l’enfance. Destinées aux « enfants du peuple », elles ont mobilisé la plupart des courants politiques, républicains ou non, retenu l’attention de médecins, de prêtres et de réformistes sociaux en tout genre, recomposé aussi le répertoire d’expériences de plusieurs générations d’enfants. Ils étaient 100 000 « colons » en 1913, 420 000 en 1936. Mais il y a plus encore : sous ces airs d’« institution éclatée », les « colos » ont accompagné, facilité, précipité peut-être, l’avènement d’une pédagogie des loisirs enfantins. Et c’est là tout l’objet que s’est choisi l’historienne américaine Laura Lee Downs. Elle en tire un de ces beaux livres, minutieusement documentés et savamment discutés, qui savent tout à la fois dispenser la saveur d’un passé de chair et d’os, et renouveler, par petits bouts, l’intelligibilité des processus sociaux.
Que les lecteurs de l’édition américaine [1] ne rebroussent pas chemin : le passage au français s’est accompagné d’un complément d’enquête. Un chapitre tout neuf sur les colos des Croix-de-Feu a été ajouté. Et surtout, le questionnement s’est étoffé : le livre lorgne résolument du côté de l’histoire du réformisme social. Et il y a beaucoup gagné. Loin des chronologies imposées de l’État-providence, il interroge au contraire la longue absence de l’État. Il scrute, par le prisme des colos, la naissance d’une politique de protection sociale de l’enfance populaire, élaborées par des associations privées, des municipalités de banlieue, etc. Et si Laura Lee Downs convainc, c’est qu’elle se donne les moyens de son enquête. Pour rendre compte de la fonction originale des colos dans la France de la IIIe République, elle s’installe « au pays » et se fait ethnographe, elle suit une nébuleuse d’acteurs singuliers et restitue les luttes dans lesquels ils sont pris…
Merci maman, merci papa
par Christophe Granger [24-07-2009]
http://www.laviedesidees.fr/Merci-maman-merci-papa.html
Les colonies de vacances en France, quelle architecture ?
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-33493422.html