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Archives de presse - Marina Massié, sœur du policier assassiné, a accepté de dialoguer avec l'un des tueurs, Jean-Bruno Finochietti

 


Jean-Bruno Finochietti, 56 ans (ici de dos), longuement questionné par Marina Massié, 64 ans, ne s'est pas dérobé. La soeur du policier du Sac assassiné en 1981 a offert son livre à l'ex-instituteur condamné à 20 ans.

 

 

C'était il y a 26 ans. Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1981, six personnes étaient assassinées par un commando dans la Bastide de la Douronne, à Auriol. C'était le temps du Service d'action civique (Sac) et des opérations de basse politique. Le chef local, Jacques Massié, policier de métier, était en conflit avec sa hiérarchie. Accusé de trahison et de malversations. On disait qu'il était prêt à rejoindre, documents compromettants sous le coude, les rangs de la gauche, de leur livrer les secrets de la Maison. Le tout dans un climat malsain de dangereuse mythomanie.

 

 

Quatre ans plus tard, en mai 1985, les six auteurs présumés sont condamnés. Jean-Joseph Maria, Lionel Collard et Ange Poletti écopent de la réclusion à perpétuité. Jean-Bruno Finochietti, l'instituteur de Malpassé, le premier à avoir craqué et avoué le crime en laissant des dessins torturés baptisés "Écrans noirs de mes nuits blanches", et Didier Campana sont condamnés à 20 ans, Jean-François Massoni, à 15 ans.

 

 

Tous ont depuis recouvré la liberté. Collard vivrait en Roumanie. Maria est décédé d'un cancer. Poletti et Massoni vivraient en Corse, Campana près de Marseille. À 56 ans, Jean-Bruno Finocchetti a passé 13 ans en prison. Il a été libéré le 23 juillet 1994. Après avoir vécu en Italie et en Biélorussie, remarié, il vit de sa peinture et de vide-greniers. À 64 ans, Marina Massié vient d'écrire un livre: La vie d'une rescapée (Éditions France Europe). Ils se sont rencontrés. Incroyable dialogue entre deux êtres que l'horreur sépare.

 

 

Le Face à face : "Je ne vous pardonnerai jamais"

 


Jusqu'au bout, Marina Massié a cru ou feint de croire que ce n'était pas lui. Pas sur ce chemin à moins de 2km de chez elle, à Marseille. Sûrement un sosie de passage ? Et puis, la réalité s'est douloureusement imposée. C'était bien Jean-Bruno Finochietti, le meurtrier de son frère Jacques, celui qui a poignardé le petit Alexandre, 7 ans, son neveu. C'est donc le 11juillet dernier qu'ils se sont croisés pour la première fois depuis l'affaire. Ils se sont revus le 20 juillet. Puis ils ont accepté de nous parler dans les locaux de La Provence.

 

 

L'une pour comprendre, l'autre pour revenir un peu vers la communauté des hommes. Singulier face-à-face. Moment rare dans les affaires judiciaires. Le bourreau de la famille Massié face à une de ses victimes. 

 


- Comment vous avez pu faire ça ?

 


- Je ne suis pas un monstre, j'adore les enfants. Peut-être que j'ai rêvé d'une vie de baroudeur, comme Jacques (Massié). Une seule vie d'instit, ça ne ne me suffisait pas. Ça ne me suffit toujours pas. On n'est pas partis pour tuer une famille. On était tous contre les faits contre-nature qu'on a commis. Et pourtant, on les a commis. Il y avait un conditionnement.

 

 

- Je n'arrive pas à comprendre.

 


- On nous a mis en situation de nous méfier les uns des autres. Chacun a voulu jouer un rôle en se cachant derrière l'espionnite, la manipulation. Mais, c'est vrai, entre le pathologique et le dramatique comme ça s'est passé, il y avait la place pour autre chose.

 

 

- Au procès, on aurait dit des vedettes. Le seul qui avait du remords, c'était vous. Je vous ai traité de tout pourtant. Vous vous souvenez ?

 


- Vous m'avez lancé: ordure! Assassin! Tu avais des enfants!

 


- Je ne me serais jamais dérobé. - J'ai toujours la même haine. Je ne vous pardonnerai jamais. Mais c'est incroyable, vous répondez à toutes mes questions. Vous êtes bourré de remords et ça apaise quand même ma haine.



- Je l'accepterai toujours, votre haine. Elle me désarme. Mais on peut vivre avec de la haine, vous savez, comme avec des amours manqués. Vous savez pourquoi je suis rentré là-dedans (au Sac)? Parce que ma première femme avait été agressée au Merlan. Après, c'est un parent d'élève qui m'a parrainé… 

 



- Comment vous avez pu passer à l'acte (elle revient à la charge)?

 


- Tout ce qui s'est fait s'est fait en groupe et la nuit. La nuit, les choses ne sont pas pareilles. La cible, c'était Massié. Il fallait le prendre vivant. (Lionel) Collard devait s'occuper de tout. On devait le confier (Massié) à quelqu'un qui devait l'interroger sur ses documents. Il y avait un tel fantasme, une telle mythomanie autour des personnages. Collard a parlé de raison d'État. J'y ai cru. On a fonctionné comme dans les films.

 

 


- Et le petit ? (Alexandre)

 


- Je ne peux plus voir un enfant sans penser à Alexandre (il pleure).

 


- Mon compagnon, "Jo" (Georges Ferrarini, une autre des victimes), il n'avait rien fait, c'est un homme qui m'avait rendue heureuse. À quel moment vous avez pris conscience de tout cela ?

 


- Je n'ai toujours pas atterri. Vous, vous avez perdu tous les vôtres. Moi, je suis resté là-bas. Je suis un peu mort à la bastide… Quand je l'ai poignardé (Jacques Massié), je vous promets, je lui ai dit: tu ne sauras pas ce qui est arrivé aux tiens ! Il m'a dit: pourquoi toi ? Je vis avec ça, je vis avec ça, je vivrais toujours avec ça.

 

 


- Vous m'expliquez tout ça comme si j'étais quelqu'un d'autre, comme si j'étais étrangère à l'affaire. Ça ne vous apaise pas de m'avoir vue ?

 


- Oui, beaucoup. Il y a quelque chose d'important, vous savez, Marina, vous êtes la mémoire du passé. Vous êtes irréprochable. Tout ce que vous avez fait était dicté par un geste de désespoir et d'amour.

 


- Mon frère doit me maudire de là-haut !

- Je ne suis là que pour vous. Je vous ai tellement vu souffrir.

 

 

Tuerie d'Auriol : 26 ans après, l'incroyable confrontation

Publié le lundi 13 août 2007

Dialogue retranscrit par D.T.

Par Denis Trossero ( dtrossero@laprovence-presse.fr )

 

 

 

Si la tuerie d'Auriol a fait la une de tous les journaux, en 1981, on ne sait toujours pas pourquoi sont morts les cinq innocents - dont un enfant - massacrés de manière abominable dans leur bastide.

 

 

Une "bavure", dira-t-on, d'un pseudo-commando qui devait neutraliser le chef du S.A.C. des Bouches-du-Rhône et s'emparer de documents compromettants.

 

 

Un odieux règlement de comptes, plutôt, un raid politico-crapuleux, une affaire sanglante qu'il est enfin temps d'éclaircir.

 

 

La tuerie d'Auriol

« Jean Vigneaux - 2265046647 - Fleuve Noir: Crime Story  »

 

 

 

Présentation de l'éditeur


 

18 juillet 1981: six personnes d'une même famille, dont un enfant de huit ans, sont massacrées dans une bastide proche de Marseille. Effroyable fait divers, la " tuerie d'Auriol " tourne rapidement à l'affaire politique lorsque l'enquête révèle qu'elles ont été victimes d'un commando du SAC (Service d'action civique), le service de sécurité controversé du parti gaulliste. Un homme était visé: Jacques Massie, inspecteur de police stagiaire et responsable départemental de cette organisation. En voulant l'atteindre, les hommes du SAC ont exécuté de sang-froid toute sa famille. Marina, la sœur de Jacques, aurait dû se trouver elle aussi à la bastide cette nuit-là. Rescapée de cette tuerie, elle l'est à double titre: le sort a voulu qu'elle ne se rende pas à Auriol le 18 juillet; sa force de caractère a fait qu'elle a continué à vivre malgré tout. Malgré la disparition des siens dans des conditions épouvantables. Malgré le cauchemar des années de lutte contre la toxicomanie de son fils aîné, traumatisé par ce drame, qui finira par se suicider en 1990. Vingt-cinq ans après la terrible nuit du 18 juillet 1981, Marina Massie nous replonge dans les faits par son témoignage de femme et de mère, très loin du point de vue des médias. Elle nous dit comment l'horreur s'empare d'une vie ordinaire. Comment l'on y survit.

 

 

Tuerie d'Auriol, la vie d'une rescapée (Broché)

de Marina Massie (Auteur)

Broché: 116 pages

Editeur : France Europe Editions (1er novembre 2006)

www.amazon.fr/.../dp/2848251638


 

Le Service d'action civique...

http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-34148150.html

 

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