Commandant supérieur interarmées et commandant
de la Xe région militaire en Algérie de décembre 1956 à décembre 1958, le général Salan a compris très vite que ses responsabilités réelles dépassaient celles
d’un chef de région militaire ordinaire. Bilan d’un commandement et d’une stratégie, à partir des archives inédites du général.
Sa stratégie présente plusieurs facettes. Il ne pouvait que continuer celle de son prédécesseur, donner aux unités les moyens de lutter contre les maquis, soutenir la lutte contre le terrorisme.
Mais systématiquement il adapta son armée à la guerre subversive imposée par l’adversaire. Le service de renseignement fut remodelé, un objectif prioritaire fut fixé : détruire l’infrastructure
clandestine du FLN, l’organisation politico-administrative (OPA). Il savait que sans OPA locale, il ne peut exister de bande. Il fut poussé par le gouvernement et surtout par le ministre résidant
Lacoste. Ce dernier comptait sur l’armée pour réussir les réformes politiques en Algérie : l’intégration, le collège unique, les conseils municipaux, la scolarisation, la réforme agraire. Ainsi
le général dut accepter de mélanger son rôle militaire et son rôle politique.
Un autre objectif majeur fut la construction de barrages aux deux frontières territoriales, pour empêcher l’entrée en Algérie des convois terrestres d’armées de combattants, ayant reçu leur instruction militaire en Tunisie ou au Maroc. L’idée en avait été lancée avant lui. Il fut assez persuasif pour obtenir des ministres les crédits nécessaires et le soutien moral indispensable. Les résultats en furent indéniablement positifs.
Enfin le général Salan intégra dans sa stratégie la défense du Sud algérien contre l’armée de libération marocaine à l’ouest et l’ALN à l’est. Protéger les prospecteurs pétroliers et les chantiers d’extraction s’ajouta à toutes ses responsabilités. Il dut faire établir des plans de défense du pipe-line et du chemin de fer amenant les hydrocarbures à la mer. Il fournit même les moyens de protéger la Mauritanie et l’Afrique occidentale espagnole.
Jacques Valette est agrégé de l’Université, docteur ès-Lettres et professeur honoraire des Universités. Spécialiste de l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, il est
l’auteur de La guerre d’Algérie des Messalistes (L’Harmattan, 2001) et de nombreux articles sur le contre-maquis pendant la guerre d’Algérie (Guerres mondiales et conflits contemporains,
PUF).
Salan, un général partisan de l'Algérie française
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-34991008.html