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Le soir du dimanche 25 novembre 1923, à la morgue de l'hôpital Lariboisière, à Paris, un groupe d'hommes entoure le cadavre d'un adolescent qui gît, la tempe trouée d'une balle. Il paraît âgé de dix-huit ans, mais en fait il n'an a que quatorze. Presque un enfant ...


Philippe Daudet voit le jour le 7 janvier 1909. Décédé dans des circonstances tragiques le 23 novembre 1923.

Fils de l’écrivain, journaliste et militant royaliste français Léon Daudet et petit-fils de l’écrivain Alphonse Daudet.

Il est mort à l’âge de 14 ans dans des circonstances mystérieuses (suicide ? assassinat ?).

Sa mort suscita de vives polémiques entre l’Action française et les anarchistes, la police et le gouvernement républicain (Troisième République).

Jeune fugueur, Philippe Daudet se présente sous un faux nom à Georges Vidal, l’administrateur du Libertaire (quotidien anarchiste) le 22 novembre 1923. Il lui confie sa sympathie pour l’anarchisme et lui fait part de son intention de commettre un attentat contre Raymond Poincaré (président du Conseil), ou Alexandre Millerand (alors président de la République).

Le lendemain, il reformule ses désirs d’assassinat politique à Le Flaouter, libraire anarchiste, pornographique et indicateur de police. Ce dernier tente de l’en dissuader, lui demande de revenir dans l’après-midi et prévient le Contrôleur Général Lannes, beau-frère de Poincarré, de la Sûreté Générale de ses intentions.

Le 24 novembre 1923, vers 16 heures, le taxi 7657 E dans lequel se trouve Philippe Daudet s’arrête brusquement sur le boulevard Magenta, à hauteur du 126, après avoir entendu un coup de feu. Le chauffeur constate que son client a été atteint d’une balle à la tête. Philippe Daudet décède deux heures plus tard à hôpital Lariboisière, anonymement. Son père, Léon Daudet, reconnaîtra le cadavre le surlendemain.

Apprenant la mort tragique de son fils il aurait déclaré : "il nous aura tout fait, celui-là !"

La Sûreté Générale conclura très vite à un suicide, mais Léon Daudet ne croit pas à cette thèse. Ayant été l’objet de différentes menaces, il croit plutôt à un complot anarchiste car il avait lui-même été la cible d’un attentat en février de la même année. En effet, la jeune anarchiste Germaine Berton prévoyait d’assassiner Léon Daudet, mais c’est son collègue de l’Action Française Marius Plateau (secrétaire général du mouvement) qui fut tué.

L’autopsie ne permit pas de tirer de conclusion définitive sur ce qui avait causé la mort du jeune Daudet. Cet événement déclencha la colère de Léon Daudet qui écrivit de nombreux articles dans L’Action française où il dénonçait violemment la Sûreté Générale, le chauffeur de taxi (nommé Bajot), le libraire Le Flaoutter (qui était aussi l’ancien amant de Germaine Berton) et même le gouvernement républicain. Ces attaques confuses lui causèrent des ennuis judiciaires.

Certains pensent qu’il aurait pu être tué lors de son interpellation par un agent de la Sureté.

Ainsi, Léon Daudet reçut une plainte en diffamation de la part du chauffeur de taxi Bajot, ce qui lui valut d’être condamné à 5000 francs d’amende et cinq mois de prison. Après une reddition spectaculaire, il est incarcéré à Prison de la Santé le 13 juin 1927. (Voir Bernard Oudin « les évasions de la Santé », Historia n° 393, août 1979)

Grâce à l’intervention des Camelots du roi, il parvient à s’évader à la suite d’un faux coup de téléphone et s’enfuit en Belgique. Suite à cette évasion rocambolesque, la presse française ridiculisera le ministère de l’Intérieur et la Sûreté Générale. Daudet sera gracié par Daladier le 30 décembre 1929 et il rentrera en France.

Si l’affaire Philippe Daudet suscita d’autres procès, la mort du jeune homme ne sera jamais élucidée. Les autorités ont maintenu la thèse du suicide, mais la famille Daudet et l’Action française ont toujours maintenu qu’il s’agissait d’un meurtre à caractère politique ou d’un complot impliquant leurs adversaires anarchistes ou républicains. Les anarchistes s’étaient très tôt dissociés de l’affaire, prétextant n’avoir jamais été en contact avec Philippe Daudet avant la journée précédant sa mort.

Pour ce qui est du complot républicain, rien ne permet d’en accréditer la thèse, mais il est certain que Léon Daudet était dérangeant (il venait d’être élu député de Paris), ayant même provoqué la démission de certains ministres par ses articles incendiaires.

Ce fait divers donna lieu à de multiples publications, dont un ouvrage de Mme Marthe Daudet dédié à la mémoire de son fils.

Il repose au coeur de la 41ème division, dans une sépulture familiale avec plusieurs membres de la famille Daudet, sa mère, Marthe ALLARD-DAUDET (1878-1960), qui sous le pseudonyme de Pampille fut journaliste à l’Action française, et qui publia divers ouvrages de mode et de cuisine ; et son demi-frère Charles DAUDET (1892-1960), que Léon Daudet avait eu de Jeanne Hugo.

Au Père Lachaise, reposent également son grand-père Alphonse Daudet et son grand-oncle Ernest Daudet. - http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=2460
 

Pour en savoir plus :

- Larpent (Georges-Louis-Willem, colonel). L'affaire Philippe Daudet d'après le réquisitoire Scherdlin. Le procureur général au secours des assassins, Paris, Librairie de "L'Action française", 1925, 255 p.

- Lire également dans Historia Spécial 1982 n° 430 bis, Morts mystérieuses, Philippe Daudet, 14 ans, s'est-il suicidé dans un taxi ? par Bernard Oudin , pages 64-73.



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