A mon inconnu que j’aime, un documentaire inédit sur La Chaine Parlementaire à
21h.
La chaine parlementaire, qui tire son budget de l’Assemblée nationale, se dégage chaque année un peu plus de sa vocation première de retransmission et d’analyse des débats et de l’action des députés. Elle a inauguré cette année plusieurs nouveaux magazines et mis en place une ligne de documentaires inédits.
A mon inconnu que j’aime, cette phrase, écrite au dos d’une photo de famille, vers la fin des années 50 est le point de départ du travail de Rémy Collignon. Les parents des réalisateurs sont tombés amoureux par lettre quand sa mère était marraine de guerre et son père appelé en Algérie. Ces lettres, Rémy Collignon ne les a pas retrouvées... alors il va aller en chercher d’autres, auprès de femmes qui plus de cinquante ans plus tard, les sortent de boites en fer rouillé, de boites en bois poussiéreuses. "A mon inconnu, que j’aime" est un documentaire sensible, délicat, émouvant comme ces femmes aujourd’hui seules, ou ces deux couples, âgés de plus de 70 ans, qui témoignent d’un type de rencontre très particulier.
Toutes les marraines de guerre n’ont pas épousé leur soldat du contingent, mais c’est arrivé et aujourd’hui encore, l’émotion fait trembler leurs mains quand elles lisent leur courrier de jeune fille.
La guerre était omniprésente dans le souci qu’avaient ces jeunes filles que leur amoureux revienne sain et sauf. Mais il y avait peu d’information, on ne parlait même pas de guerre à l’époque, mais de maintient de l’ordre. Même si l’une des marraines est bien particulière, puisqu’elle soutient en prison un soldat qui a refusé de porter le fusil et avec lequel elle partage toujours sa vie aujourd’hui. Cependant, ces couples n’en auront jamais fini avec la guerre d’Algérie.
Les violences qu’ils ont commises viennent hanter les hommes revenus à la vie civile. Leur sommeil est peuplé de cauchemars et leurs femmes en témoignent, jusque 50 ans plus tard.
|
|
|
|
Danièle Ohayon - 1 novembre 2010
Publié le dimanche 31 octobre 2010 à 10H55
Danielle Dorémus a épousé Guy, dont elle était la marraine de guerre durant le conflit franco-algérien.
Pour son documentaire TV consacrée aux marraines de guerre durant la guerre d'Algérie, Rémy Collignon a rencontré plusieurs Rémoises dont Danielle Dorémus
DANS le grand cadre du salon, la photo de Guy son mari, décédé voilà deux ans d'un cancer à 70 ans est en
bonne place. Non, Danielle Dorémus n'oubliera jamais l'amour de sa vie : le frère d'une copine de Vitry-le-François dont elle est devenue sans même le connaître la marraine de guerre durant le
conflit franco-algérien et qu'elle a épousé après la guerre en 1963. Et si cette Rémoise depuis 1967 nous a ouvert ses portes, c'est justement parce qu'elle témoigne ainsi qu'une autre Rémoise
dans le documentaire de 52 minutes qu'a consacré aux marraines de guerre le réalisateur Rémy Collignon dans un film intitulé : « A mon inconnu que j'aime » qui sera diffusé en novembre sur la
chaîne LCP.
« On ne s'est pas tutoyé tout de suite »
« J'avais 17 ans et j'étais vendeuse à Vitry-le-François quand ma copine Marie-Antoinette m'a demandé si je
ne voulais pas correspondre avec son frère Guy ajusteur mécanicien à la Faïencerie et qui était parti faire la guerre en Algérie en 1959 bien qu'il soit soutien de famille. Je ne le connaissais
pas du tout mais je n'avais pas de garçon. J'ai accepté et on s'est écrit régulièrement une fois par semaine à peu près. Marie Antoinette m'a donné sa photo. J'étais contente de connaître
quelqu'un et petit à petit ça a accroché » se souvient Danielle avec émotion. « On ne s'est pas tutoyé tout de suite. Parfois il y avait des problèmes de délai dans les courriers. Il était
romantique. Il m'envoyait des fleurs séchées de l'oued. Moi je lui envoyais parfois des colis avec des gâteaux, des cadeaux, une montre. Il me l'a dit mes lettres l'aidaient moralement. Je l'ai
par exemple consolé quand il a vu un copain sauter sur une mine car il a toujours pensé que c'était lui qui aurait dû mourir. Il en était triste. Je lui ai expliqué que c'était le destin. »
Mariés en août 1963
Heureusement tous les conflits ont une fin. Guy est revenu en train à Vitry-le-François en octobre 1961. « Pour aller le chercher à a gare, j'avais mis une jupe plissée et une veste en velours vert. Il m'a dit plus tard qu'il s'en souviendrait toujours. Lui était très bronzé et les gens lui demandaient s'il revenait de vacances. Il enrageait. »
Danielle et Guy se sont mariés en août 1963 et Guy a travaillé chez Kemmp avant de déménager sur Reims en 1967 dans le quartier Orgeval. Le couple a eu trois enfants. Guy a terminé sa carrière
professionnelle à Muizon chez Thierion. Pour ses états de service, il a reçu la médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en AFN, la République n'avait pas
encore reconnu qu'il s'agissait bien d'une guerre en Algérie. Il a obtenu aussi la croix du Combattant.
Le documentaire sera diffusé sur la chaîne LCP le lundi 1er novembre à 20 h 30, le samedi 6 novembre à minuit, le dimanche 7 novembre à 21 h 05, le jeudi 11 novembre à 16 h 30 et le samedi 13 novembre à midi.
Alain MOYAT
Liens utiles sur le blog
Le plus bel âge ? ... de Ludivine Bantigny (1)
Soldats en Algérie 1954-1962 - expériences contrastées des hommes (2)
La section - Journal d'un appelé en Algérie (1959-1961) (3)
- Audin la disparition (4)
- O.A.S, l'attentat du Petit Clamart ... et le colonel Bastien-Thiry (5)
- Le coup d'Etat militaire d'Alger vécu de l'intérieur d'une unité (6)
Le colonel Jeanpierre, figure héroïque de la Légion étrangère (7)
Les calots bleus ... La force de police auxiliaire de M. Papon (8)
La guerre d'Algérie des Messalistes, 1954-1962 (9)
"La guerre moderne " du colonel Roger Trinquier (10)
Le 13 mai du général Salan (12)
Salan, délégué général en Algérie - La fin de l'illusion(13)
il y a cinquante ans : “le manifeste des 121” (14)
Le général Saint-Hillier : De Bir Hakeim au putsch d'Alger (15)
François Casta, aumônier parachutiste (19)
"Nuit Noire" 17 octobre 1961 est le garant de la Mémoire (20)
"Bataille d'Alger, bataille de l'homme" - Jacques de Bollardière (22)
Chateau-jobert dit "Conan", le colonel à "la barbiche sombre" (23)
Chroniques du bidonville , Nanterre en guerre d'Algérie (24)
Ratonnades à Paris , Précédé de Les harkis à Paris (25)
De Gaulle, les services secrets et l'Algérie (26)
Commandos de chasse Gendarmerie. Algérie 1959-1962 (27)
L'honneur des innocents ...(28)
Il faut tuer de Gaulle (29)
Ma guerre d'Algérie et la torture... lieutenant dans les DOP (30)
Guerres secrètes du FLN en France (31)
L'autre 8 mai en France. Aux origines de la guerre d'Algérie (32)
La gendarmerie dans la guerre d'Algérie ...(34)
La guerre d'Algérie au cinéma ... (35)
Amirouche - Une vie, deux morts, un testament, une histoire ... (36)
Les pieds-noirs et la politique - Quarante ans après le retour (37)
Devenir métropolitain ... (38)
Nuit noire à Paris le 17 octobre 1961 (39)
Scènes de la guerre d'Algérie en France - Automne 1961(40)
La bataille de Paris le 17 octobre 1961 (41)
"Algérie, 1954-1962. Lettres, carnets et récits des français ... " (42)
François Mitterrand et la guerre d'Algérie (44)
"Je vous ai compris" - De Gaulle et l'Algérie (45)
1er novembre 1954 - La révolution commence en Algérie (46)
1er novembre 1954 : la Toussaint rouge (47)
Jean Vaujour directeur de la Sûreté à Alger le 1er novembre 1954(48)
Le préfet Jean Vaujour, grand témoin de la guerre d'Algérie (49)
Le feu couvait sous la cendre - 1er novembre 1954 (50)
Le "passé algérien" d'un futur président de la République (51)
Mitterrand et la mémoire de la guerre d'Algérie (52)