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France-2 France 2 – 22h50 – Jeudi 22 avril 2010

Après les camps, la vie ...

Durée : 1 heure 15 minutes

Sous-titrage malentendant (Antiope).

Stéréo

En 16:9

Le sujet

Des rescapés juifs des camps d'exterminations nazis racontent comment s'est passé leur retour en France après la guerre et comment ils ont recommencé à vivre.

Pour les survivants juifs des camps d'exterminations nazis, le retour en France, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fut une épreuve difficile, qu'il est encore aujourd'hui difficile d'appréhender. Comment renouer avec le fil d'une vie interrompue dans une telle violence ? Comment se reconstruire alors que toute sa famille a été tuée ? Pour la première fois des survivants racontent ce que fut leur vie après les camps, accompagnés d'archives personnelles extraites de leurs albums de famille. Avec les récits, entre autres, de Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens, Dora Golan-Blaufoux, Ady Fuchs ou encore Charles Baron.

La critique

Tapie en silence dans l'ombre du pire, l'épreuve du retour des camps est rarement évoquée. Elle est au coeur de ce documentaire. Qu'y a-t-il juste après l'horreur ? Peuton rejoindre les humains quand on a subi l'inhumain ? Déportée à l'âge de 15 ans, Isabelle Choko raconte le jour où les portes du camp de Bergen-Belsen se sont ouvertes : « On a entendu des voix qui disaient : «Vous êtes libres, nous sommes l'armée britannique». Ma première pensée a été de me dire : A quoi bon ? Ma mère n'est plus là, mon père n'est plus là. [ ... ] Je n'avais plus envie de vivre. » Voix d'une humanité massacrée au seuil de l'existence, dans laquelle se fait aussi entendre l'écho de ceux qui n'ont pas pu revenir et se sont donné la mort, après y avoir échappé. A l'aube du tournage, la réalisatrice avait fait part à Simone Veil de son étonnement d'être la première à aborder la question de cet « après ». L'ancienne ministre de la Santé, rescapée d'Auschwitz, lui a répondu : « C'est normal : c'est encore plus douloureux. »


Ce film (produit par Cinétévé) délivre une parole inédite, au sens propre. « Au départ, il a fallu convaincre ces hommes et ces femmes, engagés avec force dans le travail de mémoire, qu'il y avait aussi du sens à raconter cela », commente Virginie Linhart. Sur le plan historique, c'est un chapitre méconnu qui s'incarne. D'un récit à l'autre se dessine le retour en France avec, à chaque fois, la même indifférence. Ceux qui sont attendus, ce sont les prisonniers de guerre. Aussi difficile que ce soit à imaginer, les rescapés, eux, font à nouveau le trajet du retour entassés dans les wagons à bestiaux ! Comme si devoir renouer avec un pays qui les a trahis n'était pas suffisant. Chacun raconte un morceau de mémoire, intacte de douleur : le premier petit déjeuner où les vivants n'osent pas dire un mot, amputés des absents ; cette « envie de ne pas rentrer » qui fait exploser les tentatives de retour à la normalité ; et la nuit, comme un puits à cauchemars. Marceline LoridanIvens, qui a raconté sa déportation à Birkenau dans son film « la Petite Prairie aux bouleaux », constate : « Nous avons tous un camp dans la tête. » Mais aussi des rêves, réalisés, des vies nouvelles, arrachées à la nuit, écrites avec l'énergie des miraculés. Parce que la jeunesse court plus vite que le malheur. Parce que l'amour sauve. Parce que les enfants vous réinventent. « Mes grands-parents ont échappé à la déportation, alors que toute leur famille, quasiment, a été exterminée. Ils n'en parlaient pas. Je me suis toujours demandé comment cette histoire avait façonné leur vie et celle de mon père. » De ce questionnement, Virginie Linhart, 44 ans, a fait le point de départ d'une quête qui touche à l'universel. « Je cherche à relier l'histoire individuelle à l'histoire collective », dit la réalisatrice à laquelle on doit notamment un excellent documentaire, « 68, mes parents et moi », ainsi qu'un livre poignant « le Jour où mon père s'est tu » (Le Seuil). Dans l'un comme dans l'autre, son histoire de fille de révolutionnaire - son père, Robert Linhart, est le fondateur du mouvement prochinois - donne la main à celle d'autres enfants de 1968. Elle analyse : « Atteindre cette dimension collective me fait sortir de ma souffrance individuelle. » Un chemin qui est le nôtre comme spectateurs, grâce à ce film où la parole est un choeur de résilience. L'Histoire assassine n'a pas raison de l'humain, nous disent ceux qui ont vu l'aube se lever à nouveau, pleine de détresse et de promesses.


Marjolaine Jarry

http://teleobs.nouvelobs.com/tv_programs/2010/4/22/chaine/france-2/22/50/apres-les-camps-la-vie



http://www.villagillet.net/attachments/portraits/0000/0225/Linhart.V%C2%A9Hannah-Oplae2_web_thumb.jpgVirginie Linhart, née en 1966, est réalisatrice de documentaires. Elle a notamment publié Volontaires pour l'usine. Vies d'établis 1967-1977 (Seuil, 1994), Enquête aux prud’hommes (Stock, 2000) et Le jour où mon père s’est tu (Seuil, 2008).


Virginie Linhart participera à :


Michel Deutsch et Virginie Linhart, Lundi 4 Mai 2009 à 19h00, L'Ecole Supérieure d'Art et Design de Saint-Etienne


Virginie Linhart a publié :
Le jour où mon père s'est tu - Seuil - 2008

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