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France-3 France 3 - 20h35 - Lundi 26 avril 2010

Au cœur de la Légion étrangère

Durée : 1 heure 40 minutes

Sous-titrage malentendant (Antiope).

Stéréo

En 16:9

Le sujet

http://vivianericard.unblog.fr/files/2008/04/sapeur.jpgPendant quarante jours, Nicolas Moscara a suivi les légionnaires du 2e REI, dont l'unité est engagée depuis deux ans contre les talibans en Afghanistan.

Chaque année, 10 000 jeunes venus du monde entier tentent d'intégrer la Légion étrangère. A Aubagne, ils sont soumis à une batterie de tests impitoyables, tant physiques que psychologiques, qui voient 90% d'entre eux refusés. Nicolas Moscara a suivi Lim l'Américain, Vaifana le Malgache et d'autres engagés volontaires pendant leur formation à Castelnaudary. Puis, pour illustrer l'engagement de la Légion, il s'est rendu en Afghanistan, où elle est présente depuis septembre 2008. Pendant quarante jours, le journaliste a suivi les hommes du 2e régiment étranger d'infanterie, qui mènent la guerre contre les talibans.

La critique

Plus qu'un régiment de soldats, la Légion étrangère est une sorte d'ordre de moines guerriers soudés par une mystique, portés par une légende transformée en une chanson de geste, parfois un tantinet puérile. Ce documentaire commence par la sélection des recrues. Sur 100 candidats, un seul est retenu. Puis il y a les quatre mois de classes, durant lesquels le volontaire est transformé en légionnaire. L'entraînement est éprouvant, au-delà de la résistance du commun des mortels. Le but n'est pas de cultiver les instincts violents mais de forger une cohésion sans faille entre ces hommes venus de pays et d'horizons disparates.


La technologie a robotisé la guerre. Pilotés à des milliers de kilomètres de distance, les drones règnent dans le ciel. Mais, en dépit de son armement ultramoderne, la Légion est un des dernier corps à perpétuer l'esprit des légions romaines et des grognards de Napoléon capables de rester des heures sous le feu ennemi sans broncher avant de monter à l'assaut. Lors de l'entraînement, ce qui compte, c'est que le légionnaire intériorise le sens de la discipline jusqu'à obéir sans que la hiérarchie ait besoin de manifester son autorité. Observant ces troupes qui ont chèrement payé les terribles combats du Tonkin pendant la guerre d'Indochine, le journaliste Lucien Bodard disait que les légionnaires étaient « lourds, lents » et qu'ils avaient le « culte de leurs morts ». La Légion a sa théâtralité et ses rituels. Le sous-officier est l'acteur de cette mise en scène. Certains, d'ailleurs, pourraient sans mal se reconvertir dans le cinéma, à l'image de ce caporal-chef instructeur d'origine polonaise qui ponctue ses phrases par un invariable « nickel chrome ». La partie la plus instructive du film réside sûrement dans la mission de la Légion en Afghanistan, là où se joue une guerre d'escarmouche, sans front, entre les postes défendus par les troupes de l'Otan et les talibans. D'un côté, un déploiement massif d'armements sophistiqués ; de l'autre, des combattants invisibles armés de roquettes chinoises imprécises, de fusils rouillés, et qui posent des Cocotte-Minute bourrées d'explosifs sur les routes. La victoire reviendra au camp qui sera le plus persistant, qui usera l'adversaire. Bref, ce conflit risque de durer encore des années.


Seule faiblesse de ce film très bien tourné, les questions parfois saugrenues que pose le journaliste. Il demande ainsi à un sergent polonais s'il a « peur de la mort », si tirer à la mitrailleuse « fait monter son adrénaline ». Il aurait mieux valu questionner les recruteurs sur le profil psychologique du légionnaire idéal et percer un peu le mystère de cet univers hors du monde normal.


Bruno Birolli

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